Agrin : molécule de cœur

Partager
Israël

Actualité
Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
12 mars 2018

Les maladies de cœur sont la première cause de mortalité dans le monde. Or, la plupart des traitements sont infructueux lorsque les tissus cardiaques sont endommagés. Et si ces tissus pouvaient être régénérés ?

Les tissus cardiaques, chez les mammifères, peuvent être régénérés, mais seulement peu après la naissance. Par exemple, chez les souris, la régénérescence des tissus cardiaques est possible jusqu’à une semaine après la naissance. C’est l’étude de cette semaine (au cours de laquelle la régénérescence est possible), qui a permis à l’équipe du Pr. Tzahor de l’institut Weizmann et à celle du Pr. Cohen du Technion d’étudier l’élément au cœur de cette régénérescence.

Tout d’abord, l’équipe du Pr. Tzahor a réalisé que le secret de cette capacité de régénération ne provenait pas des cellules cardiaques elles-mêmes mais des tissus autour du cœur : la matrice extracellulaire. Ils se sont rendu compte que la matrice extracellulaire des souris de moins d’une semaine entraînait la prolifération de cellules cardiaques contrairement à celle de souris plus âgées.

Après une étude approfondie, plusieurs protéines pouvaient expliquer cette réaction, et parmi elles la protéine « agrin ». Déjà connue des biologistes, cette molécule joue un rôle clef dans la jonction neuromusculaire. Indice supplémentaire, dans le cœur des souris, le niveau de cette molécule diminue au cours des sept premiers jours de la vie.

Afin de vérifier leur hypothèse, les chercheurs du Weizmann ont injecté une dose d’agrin à des souris adultes ayant subi un infarctus du myocarde. Les résultats de l’expérience sont visibles sur la figure ci-dessous. L’effet de la molécule agrin est comparé à l’effet obtenu avec une solution neutre : le tampon phosphate salin (PSB). Le nombre de jours correspond au nombre de jours écoulés depuis l’infarctus du myocarde.

Illust: Image 1. Matrices, 39.3 ko, 531x249
Image 1. Matrices extracellulaires de souris après un infarctus du myocarde et une injection d’Agrin vs une injection de PSB (crédits : Bassat et al. , Nature (2017))

Comme on peut le voir, la molécule agrin permet une régénération des cellules. Mais de manière surprenante, c’est seulement après plus d’un mois que les cellules sont complètement régénérées. Comment pouvons-nous l’expliquer ?

A ce jour, la réponse est encore un mystère, mais l’équipe pense que, en plus d’entraîner la prolifération des cellules cardiaques, la molécule agrin agît comme un déclencheur entraînant des réactions en cascade.

Encore plus prometteur, l’équipe a prouvé qu’agrin avait un effet similaire sur des cellules cardiaques humaines cultivées. Les chercheurs essaient désormais de comprendre le système de réactions en chaînes déclenchées par agrin.
De plus, des membres de l’équipe du Pr. Tzahor ont débuté des études cliniques préparatifs sur des animaux plus grands en Allemagne, en collaboration avec le Pr. Kupatt de l’Université Technique de Munich.

Nous espérons de tout cœur, que leur projet sera couronné de succès !

Sources :
https://www.sciencedaily.com/releases/2017/06/170606095033.htm

Pour en savoir plus :
https://www.nature.com/articles/nature22978.pdf

Rédactrice : Odélia Teboul (odelia.teboul1[a]mail.huji.ac.il), doctorante à l’Université hébraïque de Jérusalem