Un professeur hongkongais à la tête de l’immunothérapie contre le cancer. (30/09/2015)

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
15 octobre 2015

Article publié le 30/09/2015

Début juin, s’est tenu à Chicago, le congrès annuel de cancérologie de l’American Society of Clinical Oncology (Asco) [1]. Cela a été l’occasion de faire le point sur l’avancement des derniers traitements innovant contre le cancer.

A cette occasion, le Professeur Tony Mok, du département d’oncologie clinique de l’hôpital universitaire Prince of Wales Hospital de la Chinese University of Hong Kong a pu annoncer les premiers résultats très prometteurs d’une nouvelle méthode innovante d’immunothérapie contre le cancer, qui a attiré l’attention du monde médical.

L’immunothérapie est une forme de chimiothérapie anticancéreuse, qui utilise le système immunitaire du patient afin de détruire ses propres cellules tumorales. En effet, si les tumeurs se développent, c’est parce qu’elles échappent au système immunitaire ; le principe de l’immunothérapie est donc de stimuler les défenses de l’organisme contre les tumeurs. L’immunothérapie consiste à injecter par voie générale des immunoglobulines, des cytokines ou des interférons recombinants et des anticorps monoclonaux permettant d’enrayer la prolifération cellulaire. Cette dernière forme de thérapie, en s’attaquant aux tumeurs plus spécifiquement, présente l’avantage de provoquer moins d’effets secondaires que les traitements traditionnels.

Le Prof. Mok dirige les études sur le Pembrolizumab, un médicament ciblant le cancer poumon, qui représente le type de cancer le plus fréquent à Hong Kong, avec une incidence de 132 cas pour 100 000 habitants par an [2]. Ses recherches font parties des cinq plus avancées sur l’immunothérapie à travers le monde. Des résultats très prometteurs des tests cliniques ont été révélés lors de l’Asco à Chicago [3].

Le Pembrolizumab [4] (anciennement MK-3475 et lambrolizumab, et de nom commercial Keytruda) est une molécule commercialisée par Merck, dont la cible est le récepteur PD-1 (ou Programmed cell Death 1 receptor). Les tumeurs tumorales pouvant échapper à la réponse immunitaire en empruntant la voie PD-1, cet anticorps anti–PD-1 humanisé, produit chez la souris, a démontré une efficacité prometteuse, avec une atteinte des objectifs thérapeutiques chez 26 pour cent des malades naïfs traités contre un cancer du poumon metastatique non à petites cellules (NSCLC) et un contrôle de la maladie chez 64 pc de ces malades, ainsi qu’une toxicité acceptable, lors des essais de Phase I.

Les essais randomiés de Phase III menés actuellement [5] ont débuté dans 28 pays (Asie, Canada, Europe et Amerique du Sud) en octobre 2014 et vont durer jusqu’à atteindre les 1240 malades naïfs traités, estimé en juillet 2019. Ils ont pour objectif de comparer l’efficacité et la toxicité éventuelle d’un traitement au pembrolizumab versus une chimiothérapie avec un duo de composés au platine, qui est le traitement courant utilise contre les NSCLC avancés [6].

Traiter le cancer en utilisant notre propre système de défense, le système immunitaire est un concept évoqué de longue date, maintenant en passe de bouleverser la prise en charge des cancers. Selon les spécialistes du domaine, l’immunothérapie pourrait constituer une véritable révolution dans les années à venir [7], d’autant plus que les découvertes récentes suggèrent que l’immunothérapie pourrait se généraliser à un nombre de type de cancers toujours plus grand.

Sources : [1] Site de l’American Society of Clinical Oncology
http://www.asco.org/
[2] Statistiques concernant le cancer des poumons a Hong Kong
http://www.chp.gov.hk/en/content/9/25/49.html
[3] Phase 3 KEYNOTE-042 trial of pembrolizumab (MK-3475) versus platinum doublet chemotherapy in treatment-naive patients (pts) with PD-L1–positive advanced non-small cell lung cancer (NSCLC) ; J Clin Oncol 33, 2015
http://meetinglibrary.asco.org/content/147431-156/

[4] https://en.wikipedia.org/wiki/Pembrolizumab

[5] ClinicalTrials.gov, NCT02220894,
https://clinicaltrials.gov/show/NCT02220894

[6] Revue, “Chemotherapy as the First-Line Treatment Option for Advanced NSCLC”
http://www.medscape.org/viewarticle/500190_2.

[7] Présentation de l’immunothérapie par l’Institut Curie http://curie.fr/dossier-pedagogique/immunotherapie-contre-cancer-revolution-attendue

Rédacteur :

Isabelle SAVES, Attachée de mission scientifique à Hong Kong