Nouvelle méthode de détection de drogues développée à PolyU

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
11 août 2015

Les saisies de drogues par les douanes hongkongaises augmentent continuellement. Sur les cinq premiers mois de l’année 2015, cette augmentation s’élève à 200 %, par rapport à l’année 2014 [1].

Alors que les autorités ont récemment renforcé leur vigilance et le nombres de contrôles[2], surtout chez le jeunes passeurs, qui représentent 81 % des arrestations pour délits liés à la drogue et 41 % du nombre total des trafiquants de drogue à Hong Kong [3], le dépistage des drogue joue un rôle crucial dans la lutte contre les abus de drogues.

Des chercheurs de la “Hong Kong Polytechnic University” ont développé une nouvelle méthode de dépistage des drogues dans l’urine ou la salive. Cette méthode est non seulement plus rapide, mais aussi plus simple et sensible que la méthode actuellement utilisée.

En effet, l’analyse classique de détection de drogues, actuellement mise en oeuvre à Hong Kong, se fait en deux étapes et nécessite des échantillons importants : un criblage préliminaire sur un grand nombre d’échantillons est suivi d’une analyse plus approfondie pour affiner les résultats du premier examen. Cette méthode souffre du fait qu’elle peut générer de faux résultats, et en particulier des résultats faux négatifs lors de l’étape préliminaire, et du fait qu’elle nécessite des étapes intermédiaires longues et fastidieuses de préparation des échantillons pour chacune des 2 étapes d’analyses.

La méthode développée par l’équipe du Dr Yao Zhongping du “Department of Applied Biology and Chemistry Technology” de la “Hong Kong Polytechnic University” simplifie et accélère l’analyse en utilisant directement un simple échantillon d’urine ou de salive [4].

En utilisant une technique de spectrométrie de masse particulière appelée “Ionisation par électronébuliseur“, les chercheurs peuvent détecter et quantifier de manière fiable, la présence de drogues dans les prélèvements en quelques minutes.

L’ionisation par électronébuliseur utilise la dispersion du liquide sous forme de gouttelettes chargées électriquement [5]. A pression atmosphérique, les gouttelettes de solutés sont formées à l’extrémité d’un fin capillaire porté à un potentiel élevé. Le champ électrique intense leur confère une densité de charge importante. Sous l’effet de ce champ, l’effluent liquide est transformé en nuage de fines gouttelettes chargées suivant le mode d’ionisation [6]. Cette méthode d’ionisation dite “douce” permet d’obtenir des ions multichargés et donc de générer après fragmentation des ions moléculaires spécifiques à chaque composé [7][8].

Une fois les conditions expérimentales optimisées afin de respecter le protocole expérimental, un simple échantillon prélevé sur un coton tige permet son analyse et donc la détection de drogues. En effet, l’ionisation par électronébuliseur sur l’échantillon permet de détecter des traces infimes de substances illicites.

Cette méthode, qui ne requiert pas de séparation chromatographique préalable, a déjà prouvé son efficacité pour la détection de la kétamine, la norkétamine et la métamphétamine dans des échantillons d’urine et de salive, ainsi que pour la détection de la cocaïne dans la salive.

Plus simple, plus rapide et plus fiable que les méthodes existantes, cette nouvelle technologie permet de réduire considérablement les coûts, les temps de procédures et la main-d’œuvre impliqués dans la détection de drogues. Cela permet également de diminuer considérablement les incidents liés aux incertitudes générées par des analyses successives.

Si le test n’est pour le moment utilisable pour pour les drogues citées ci-dessus, l’équipe de recherche se penche déjà sur le développement d’une méthode permettant de détecter la présence notamment de Δ-9-tétrahydrocannabinol, plus communément appelé THC, le cannabinoïde le plus abondant et le plus présent dans la plante de cannabis, et d’héroïne. De même, des études sont en cours pour améliorer la précision et la sensibilité des tests, afin d’augmenter leur efficacité et leur fiabilité.

Les chercheurs de la “Hong Kong Polytechnic University” se penchent également sur le développement d’appareils portatifs, facilitant les analyses, qui pourraient être utilisés directement sur le terrain par les forces de police.

Sources :

[1][2] https://hongkong.consulfrance.org/Focus-Sante-Societe-Hong-Kong-8458
[3]http://www.scmp.com/news/hong-kong/law-crime/article/1826256/staggering-increase-meth-ketamine-seizures-hong-kong
[4]http://www.polyu.edu.hk/cpa/milestones/en/201506/research_innovation/technology/innovative_technology_for_rapid_detection_of_dr/index.html
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ionisation_par_%C3%A9lectron%C3%A9buliseur
[6]http://serge-labreze.blogspot.hk/2010/11/lionisation-par-electronebulisation.html
[7]https://fr.wikipedia.org/wiki/Spectrom%C3%A9trie_de_masse#L.27ionisation_par_.C3.A9lectron.C3.A9bulisation_.28.C3.A9lectrospray.29_.28ESI.29
[8]http://www.icsn.cnrs-gif.fr/IMG/pdf/chapitre1.pdf

Rédacteur :

Julie METTA, Chargée de mission scientifique - Hong Kong