Les coopérations scientifiques entre universités hongkongaises et institutions chinoises vues à travers le programme NSFC-RGC

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
25 janvier 2018

Les liens entre Hong Kong et la Chine continentale ne font que se renforcer. Liens économiques, technologiques, scientifiques, culturels et politiques, ce sont parfois des liens timides, contingentés par des impératifs de développement, ou des impératifs politiques, par des processus d’intégration régionale, comme la région de la rivière des Perles. A ces liens immatériels s’ajoutent des infrastructures bien réelles comme le point Zhuhai-Macao-Hong Kong et la liaison ferroviaire à grande vitesse reliant le centre de Hong Kong à Shenzhen en 23 minutes et Canton en 48 minutes. Cette intégration, voulue par certains, subie et contestée par d’autres entre progressivement dans le quotidien des hongkongais, le cadre d’intégration nationale chinois « One Belt, One road » ne faisant que renforcer le tout.

Le domaine de la coopération scientifique prend également ce chemin, bien que les universités hongkongaises restent très indépendantes et gérées selon des méthodes plus anglo-saxonnes que chinoises. Certaines ouvrent des campus en Chine continentale, sous la double motivation de l’accès sans entrave aux financements de recherche chinois et aux divers apports en nature que les municipalités sont enclin à concéder pour attirer les meilleures (terrains, bâtiments etc).

Outre le fait qu’une très large majorité des doctorants et post-doctorants sont issus de Chine continentale, il existe peu de mécanismes de coopération scientifique officiels entre Hong Kong et la Chine continentale. Citons le Hong Kong Scholars Program, initiative portée par la Society of Hong Kong Scholars, qui propose à 60 post-doctorants chinois par an d’effectuer leur recherche dans une des universités hongkongaises, leur salaire étant pris en charge pour moitié par les responsable d’équipe chinois et hongkongais, le Guangdong Hong Kong Technology cooperation Funding Scheme issue d’un accord entre le gouvernement du Guangdong et de Shenzhen pour le financement de projets de R&D et pilotée par l’Innovation Technology Fund, le programme de coopération académique entre la National Natural Science Foundation of China (NSFC) et le Research Grant Council (RGC).

Ce dernier est un programme de coopération scientifique bilatéral. Chaque projet d’une durée de 4 ans est financé en moyenne à hauteur de 1 million HKD par le RGC. Il est doté de 25.4 MHKD en 2017, il l’était de 21.2 MHKD en 2012. Ce montant est tout à fait modeste pour une coopération avec la Chine continentale. A titre de comparaison, pour 2017, cela ne représente qu’un dixième des sommes allouées aux deux autres programmes prestigieux de financement Area of Excellence (3 projets en 2017) et Theme Based Research Schemes (7 projets en 2017) dotés chacun de 230 MHKD, ni aux 596.6 MHKD alloués aux 964 projets du General Research Scheme. A titre de comparaison, les projets ANR-RGC et les projets PROCORE sont dotés de 7.2 MHKD par le RGC. Le programme NSFC-RGC n’en reste pas moins attractif et pertinent.
Depuis 2012, 132 projets ont été financés par ce programme, dans cinq domaines :

  1. biomédical (41 projets — 44.9 MHKD),
  2. nouveaux matériaux (47 projets — 50.5 MHKD),
  3. technologies de l’information (31 projets — 32.3 MHKD),
  4. sciences marines et environnement (11 projets — 11 MHKD),
  5. management (2 projets — 2 MHKD).

Cinq universités publiques financées par l’University Grant Council participent concrètement à ce programme : Chinese University (CUHK) et HK University of Science and Technology (HKUST) lauréate de 25.8% des financements chacunes, HK University (HKU) avec 21.2%, Polytechnique University (PolyU) et City unviersity (CityU) avec 12.1%, enfin HK Baptist University (HKBU) avec 3%.

Ces cinq universités collaborent de manière équilibrée avec les grandes institutions et universités chinoises (69 sur la période), mais ont également développé pour chacune un réseau propre de coopération, en fonction certainement des affinités personnelles et thématiques des porteurs de projet, anciens étudiants ou originaires de la région en question. A l’exception de Tsinghua et Peking university, il y a en moyenne 1.5 projet par institution chinoise. Le graphique ce dessous montre bien ce réseau collaboratif, avec au centre les universités chinoises impliquées le plus fréquemment dans le programme NFSC-RGC, les 10 premières étant

  1. 1. Tsinghua University (Classement THE 2018 : 27 — 14 projets),
  2. 2. Péking university (Classement THE 2018 : 27 — 12 projets),
  3. 3. Shanghai Jiaotong university (Classement THE 2018 : 188 — 6 projets),
  4. 4. Sun Yat-Sen University (Classement THE 2018 : 350 — 6 projets),
  5. 5. Nanjing University (Classement THE 2018 :169 — 5 projets),
  6. 6. University of Science and Technology of China (Classement THE 2018 :132 — 5 projets),
  7. 7. Zhejiang University (Classement THE 2018 :177 – 4 projets),
  8. 8. Xiamen University (Classement THE 2018 : 450 – 4 projets),
  9. 9. Shanghai Institute of Organic Chemistry, Chinese Academy of Sciences (3 projets),
  10. 10. Shenzhen Institutes of Advanced Technology, Chinese Academy of Sciences (3 projets)

Réseau de coopération des universités et institutions hongkongaises et chinoises à travers le programme de financement NSFC-RGC de 2012 à 2017

Les universités hongkongaises portent des axes de coopération légèrement distincts les uns des autres. HKU se distingue dans le domaine des sciences biomédicales (16 projets), suivies par CUHK (13 projets) et HKUST (7 projets). Dans le domaine des nouveaux matériaux, c’est HKUST la plus dynamique avec 15 projets, suivie de CUHK (10 projets) et PolyU avec 7 projets. Enfin, dans le domaine des technologies de l’information, HKUST arrive en tête avec 10 projets, puis CUHK (9 projets), CityU (5 projets) et PolyU (4 projets).

Plus globalement au niveau du programme, on note une augmentation du nombre de projets financés ces dernières années dans le domaine biomédical et des nouveaux matériaux, au détriment principalement des technologies de l’information.

Nombre de projets financés par an depuis 2012 et par spécialité

La ventilation par domaines de coopération des universités chinoises varie cependant. Tsinghua University apparait en tête pour les coopérations dans le domaine des technologies de l’information, Peking university dans le domaine des nouveaux matériaux et de la biologie, Shanghai Jiaotong pour la biologie (3), Sun Yat-Sen pour les nouveaux matériaux (3) et la biologie (2) ainsi que Nanjing University.

Réseau de coopération thématique des universités et institutions chinoises avec Hong Kong à travers le programme de financement NSFC-RGC de 2012 à 2017

La coopération académique Hong Kong – Chine continentale est indéniablement dynamique, la mobilité géographique est forte, notamment chez les jeunes chercheurs chinois. Il n’en reste pas moins que les universités hongkongaises ont construit leur réputation, leur attractivité, sur un terrain global. Il y a d’un côté certains impératifs à regarder vers le Nord, mais d’un autre côté, leur positionnement dans les classements internationaux dépend d’abord de la production scientifique et du niveau des recrutements principalement effectués dans le monde anglo-saxon, et toujours au meilleur niveau international.

Contact : sciences chez consulfrance-hongkong.org