La croissance du marché des véhicules électriques à Hong Kong

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
11 août 2015

La pollution de l’air est un problème récurrent à Hong Kong. La population du territoire et les pouvoirs publics locaux s’en soucient de plus en plus, comme en atteste le nombre grandissant d’articles sur le sujet dans les médias.

D’après le Département pour la Protection de l’Environnement du gouvernement de Hong Kong, le trafic routier participe fortement à la création de la pollution atmosphérique à Hong Kong : au cours des 3 dernières années, le trafic routier a contribué à 82 % aux émissions de monoxyde de carbone, à 23 % aux Composés Organiques Volatils, à 21 % aux PM (particules fines) inférieures à 2,5 micromètres, à 18 % aux PM inférieures à 10 micromètres et à 23 % aux oxydes d’azotes [1].

Même si la densité de personnes possédant une voiture privée à Hong Kong reste largement inférieure à celle de l’Europe (63/1000 contre 300/1000 en moyenne en Europe)[2], il n’en reste pas moins vrai que les 700 000 voitures privées du territoire contribuent pour la très grande majorité au trafic routier et de ce fait aux congestions souvent rencontrées aux heures de pointes. A titre d’exemple, sur les axes principaux de Hong Kong (Des Vœux road, Hennesy Road, Gloucester Road… ) les voitures privées représentent entre 40 et 70 % du trafic routier mais contribuent à seulement 16 % du nombre de voyageurs transportés. A l’opposé, les bus et mini bus locaux transportent en moyenne 70 % des personnes mais ne représentent que 5 à 25 % du trafic routier [3].

Pour lutter contre cette pollution urbaine, le gouvernement local a engagé depuis quelques années des programmes ciblant diverses techniques dont les principales sont :

- La lutte contre les stationnements illégaux

Afin d’empêcher le rétrécissement de la chaussée et donc la formation de bouchons, le gouvernement local a instauré des amendes de stationnement illégal de 320 HKD, soit 37 euros environ (celles-ci devraient être augmentées avant la fin de l’année à 448 HKD soit 53 euros)[4]. Plus original, les institutions locales ont aussi mis en place une loi permettant aux policiers de verbaliser les propriétaires de véhicules à l’arrêt et dont le moteur fonctionne en continu. Le montant de la pénalité qui est de 320 HKD (37 euros) peut être renouvelé par tranche de 3 minutes [5]. Afin de rester cohérent avec la vie réelle, le « Traffic Wardens and Environmental Protection Inspectors » a émis des réserves afin de ne pas prendre en compte certains cas comme l’arrêt pour feu tricolore, l’arrêt pour congestion, l’arrêt pour bouchon du à un accident…

- Le remplacement des véhicules diesels anciens

La modernisation récente des moteurs diesels a permis de largement diminuer le nombre de particules et polluants émis dans l’atmosphère. Le gouvernement hongkongais a, de ce fait, entrepris depuis 2008 une campagne de suppression et/ou remplacement des véhicules diesels d’ancienne génération. Dans le cadre de ce programme, 11,7 million de HKD (environ 1,4 million d’euros) seront consacrés en subvention pour aider les propriétaires à changer de véhicule. Les 19 000 voitures possédant des moteurs “pré-Euro” diesel, d’un âge supérieur à 18 ans ne seront plus autorisées à circuler après 2016. Pour les véhicules possédant des moteur de type Euro I, II et III, les dates butoirs sont respectivement 2017, 2018 et 2020. A noter que le gouvernent estime que cette mesure permettra de supprimer les particules émises par le trafic routier de 80 % et, par conséquent, de réduire le risque de cancer lié à la pollution atmosphérique de 50 % [6].

- Le soutien aux véhicules électriques

Les véhicules à moteur thermique sont une source importante de pollution de l’air. Remplacer ce type de véhicule par des voitures électriques permettrait, selon le gouvernement hongkongais, de réduire drastiquement la pollution de l’air mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour le secrétaire des finances locales, Mr Edward Yau, promouvoir les modes de transports électriques est une façon de stimuler l’économie locale et de soutenir l’apparition d’opportunités économiques.

A) La réduction de taxes.

Pour encourager l’achat ou le remplacement de véhicules à faible émission de carbone, le gouvernement a mis en place un système de réduction de taxes pour les particuliers et les entreprises qui s’engageraient dans cette voie. Un particulier peut donc bénéficier d’une suppression de taxe pour l’achat de son véhicule électrique jusqu’en mars 2017 [7]. Les entreprises peuvent bénéficier, quant à elles, d’une réduction de taxes sur les bénéfices de la valeur investie dans des transports électriques (voiture, camion…) lors de la première année après l’achat du véhicule.

B) Fonds d’investissement et subventions

Le gouvernement local a lancé, depuis mars 2011, plusieurs projets pour stimuler la croissance « des transports verts », dont les véhicules électriques constituent un pan essentiel. Afin d’encourager l’émergence des transports à faible empreinte carbone, un fond de 300 million de HKD (35 million d’euros environ) a été créé [8]. Celui-ci devrait permettre de financer 50 à 75 % des investissements des entreprises privées dans les technologies vertes. Un opérateur de transport peut par conséquent être sujet à une aide maximale de 12 million de HKD (1,4 million d’euro) pour la mise en place de nouvelles technologies (véhicules hybrides, véhicules électriques…).

L’objectif à long terme de cette politique menée par le gouvernement local est de mettre en place un réseau de bus à 0 émission carbone. Pour initier ce projet, des subventions à hauteur de 180 millions de HKD (21,1 millions d’euros) seront accordées aux compagnies locales de transport pour l’achat de 36 bus électriques simple étage (sur les 11 200 bus que compte la ville : 5616 bus et 5583 mini bus) . Leur mise en service commencera à partir du 3ème trimestre 2015. « Citybus », la plus grosse compagnie locale de transport a récemment annoncé l’arrivée début août 2015 du premier des 5 bus électriques commandés au constructeur chinois BYD Auto. D’une autonomie de 250 km à pleine charge et capable de transporter 66 passagers (31 assis et 35 debouts), il lui faudra 4h pour recharger pleinement ses batteries. Le chef du gouvernement, Mr Leung Chung-ying, lui-même, a annoncé que ces premiers bus seraient probablement déployés dans les quartiers où la pollution atmosphérique est la plus importante à l’heure actuelle (Causeway Bay, Central et Mong Kok) [9]

C) La mise en place de bornes de recharge.

Le nombre de voitures privées électriques à Hong Kong a connu une forte croissance ces 2 dernières années, passant de 70 à 2246, de début 2013 à fin mai 2015 [10]. Cette augmentation a été possible grâce à plusieurs actions gouvernementales qui ont permis de faciliter l’intégration des véhicules électriques sur le territoire. A titre d’exemple, une liste officielle des véhicules électriques pour leur achat et utilisation sur le territoire a été établie depuis 2012. Cette liste, qui s’allonge constamment, contient à l’heure actuelle 40 modèles de voitures électriques provenant de 7 pays différents. Elle inclut notamment 27 modèles de véhicules pour particuliers (voitures et motos) ainsi que 13 modèles de bus et de transport commerciaux [11]. Sont compris dans cette liste trois modèles français dont : le Renault Kangoo Z.E, le Renault Fluence Z.E, le Renault ZOE. En septembre dernier, le gouvernement de Hong Kong a annoncé avoir comme objectif de renouveler, à l’horizon 2020, au moins 30 % de la flotte de véhicules privés par des véhicules électriques ou hybrides. Pour se rendre compte de la proportion énorme que cela représente, des villes comme Londres ont, par exemple, pour objectif de mettre en circulation 100 000 véhicules électriques sur le même horizon de temps, ce qui représente environ 5 % de l’ensemble des véhicules de la ville [12].

Etant donné l’autonomie des véhicules électriques, leur banalisation passe par une condition sine qua non, qui est le l’installation d’un grand nombre de bornes de recharge à travers la ville. Il y a à l’heure actuelle, sur l’ensemble du territoire hongkongais, 1000 chargeurs classiques et 10 points de recharge rapide [13]. Le gouvernement local a annoncé, le 20 juillet dernier, la mise en place de 100 points de charges supplémentaires. Ces nouvelles bornes permettront de recharger les véhicules électriques en réduisant le temps de charge de 60 %.

Conclusion

Plus que beaucoup de grandes villes dans le monde, Hong Kong se positionne donc bien dans une dynamique de soutien à l’émergence de véhicules électriques. Avec une densité urbaine parmi les plus élevée du monde et un réseau routier relativement contraint par la topographie du territoire, il est relativement intéressant pour le gouvernement local de s’intéresser à ce type de technologie. Bien que l’utilisation de véhicules thermiques soit encore très majoritaire, l’utilisation à grande échelle de véhicules électriques devrait pouvoir apporter une solution rapide et efficace contre la pollution de l’air en centre ville. Cependant, il est important de comprendre qu’à une échelle plus globale, l’analyse est bien plus complexe car l’énergie électrique produite à Hong Kong provient très majoritairement de centrales à charbon et à gaz qui sont des énergies fossiles contribuant fortement au changement climatique.

Sources :

[1] http://www.epd.gov.hk/epd/english/environmentinhk/air/data/emission_inve.html
[2] http://www.scmp.com/news/hong-kong/article/1229525/private-car-fleet-passes-500000-mark
[3] http://www.hongkongcan.org/eng/2014/12/too-many-private-cars-cans-demand-for-sustainable-transport-planning/
[4] http://www.scmp.com/news/hong-kong/article/1379384/parking-fines-must-rise-hk500-tackle-traffic-crisis-say-police
[5]http://www.epd.gov.hk/epd/english/environmentinhk/air/prob_solutions/idling_prohibition.html
[6]http://www.scmp.com/news/hong-kong/article/1316672/hk3b-extra-spent-force-85000-polluting-diesel-vehicles-road?page=all
[7] http://www.hkelectric.com/web/templates/miniSite/EVContent.aspx?NRMODE=Published&NRNODEGUID=%7bCC93C766-C318-4E38-A5E8-B18806DA7516%7d&NRORIGINALURL=%2fweb%2fElectricLiving%2fEV%2fFAQs%2fIndex_en&NRCACHEHINT=Guest#question-1
[8] http://news.xinhuanet.com/english2010/china/2010-02/24/c_13186233.htm
[9]
http://www.scmp.com/news/hong-kong/health-environment/article/1845387/first-five-byd-electric-buses-ordered-new-world
[10 ;11] http://www.epd.gov.hk/epd/english/environmentinhk/air/prob_solutions/promotion_ev.html
[12] http://blogs.wsj.com/hong-kong/2011/01/31/why-electric-cars-arent-selling/
[13] http://www.info.gov.hk/gia/general/201407/29/P201407290408.htm

Rédacteur :

Justin MONIER, Chargé de mission scientifique - Hong Kong