Plan stratégique pour la biodiversité de Hong Kong

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
18 mai 2016

Article rédigé le 05/11/2016

Une vingtaine de personnes ont pris part le samedi 27 février 2016 à la première session de consultation sur la biodiversité locale lancée par le Ministère de l’agriculture, de la pêche et de la conservation de l’environnement du gouvernement de Hong Kong. Cette première session a eu lieu dans la libraire Centrale de Causeway Bay, traduite en anglais, elle précédait les deux autres sessions qui se sont déroulées uniquement en cantonais : le 28 février 2016 au Hong Kong Science Museum et le 12 mars 2016 au Tai Wo Neighbourhood Community Centre à Tai Po.

La conférence s’est déroulée en 3 étapes distinctes dont voici un bref résumé :

- I) Présentation de la biodiversité locale

La Convention sur la diversité biologique (CDB) est un traité signé par l’ensemble des membres des Nations Unis lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992 et définit de façon formelle la biodiversité dans son Article 2 comme étant la "variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes » [1].

De façon plus spécifique, le terme « biodiversité » englobe 3 niveaux distincts :

- La diversité génétique au sein des espèces (cette variation génétique peut être apparente ou non). Elle se rapporte à la variété des gènes chez les plantes, animaux, champignons et micro-organismes et se rencontre aussi bien au sein d’une même espèce qu’entre les espèces.

- La diversité des espèces qui fait référence à la variété des différentes espèces (plantes, animaux, champignons et micro-organismes).

- La diversité des écosystèmes. Elle fait référence à tous les différents habitats qui existent sur la Terre, comme les forêts tropicales ou tempérées, les déserts chauds ou froids, les zones humides, les rivières, les montagnes, les barrières de corail, etc. Chaque écosystème correspond à une série de relations complexes entre les éléments biotiques (vivants) et les éléments abiotiques (non vivants) tels que la lumière du soleil, l’air, l’eau et les éléments nutritifs.

Ces niveaux sont reliés entre eux, mais suffisamment différents pour que chacun puisse être étudié distinctement.

Bien que comptant pour environ 0,01 % de la surface terrestre totale de la Chine, la région de Hong Kong est considérée comme l’une des régions ayant la plus grande biodiversité. On dénombre localement plus de 3 300 espèces de plantes différentes dont 2 100 sont natives du territoire, plus de 1 000 espèces d’animaux dont 235 espèces de papillons, 120 espèces de libellules, 100 espèces d’amphibiens et reptiles, 500 espèces d’oiseaux, 100 espèces de poissons d’eau douce et 50 espèces de mammifères [2].
L’ensemble de ces espèces représente un pourcentage important de la biodiversité chinoise (Figure 1), on note en effet qu’environ 1/5ème des espèces présentes en Chine le sont à Hong Kong.

Figure 1 : Pourcentage d’espèces présentes à Hong Kong au sein de la biodiversité totale chinoise.


Selon le site internet du gouvernement rassemblant 620 articles scientifiques, la biodiversité marine de Hong Kong est encore plus impressionnante. Bien que l’espace maritime local ne compte que pour 0,03 % de l’espace maritime chinois, on dénombre près de 5 684 espaces marines soit environ 25 % de la biodiversité marine nationale [3]. Sur son espace maritime de 1 600 km2, Hong Kong abrite selon le WWF plus de 1 000 espèces de poissons, 77 espèces de crustacés et 84 espèces de coraux (soit une plus grande diversité corallienne que l’ensemble de la mer des Caraïbes) [3].

Sur ce territoire constitué à 40 % d’eau, il existe près de 24 parcs nationaux et 22 zones protégées, ce qui représente environ 42 % de la superficie totale (terrestre et maritime). Preuve de leur efficacité, plus de 98 % de la biodiversité locale se situe dans ces espaces protégés. Cette richesse biologique attire un public important puisque annuellement environ 11 millions de personnes passent au moins une journée dans un des parc nationaux du territoire.


- II) Présentation du “Biodiversity Strategy and Action Plan” (BSAP) et la politique du gouvernement sur la gestion de la biodiversité locale

La prise de conscience de l’importance de la biodiversité par les états n’est pas très ancienne, elle remonte seulement au "Sommet de la Terre" de Rio où de nombreux pays ont signé la CBD la « Convention sur la diversité biologique", promettant ainsi de prendre des mesures pour préserver la biodiversité en appliquant trois objectifs fondamentaux :

  • la conservation de la biodiversité ;
  • l’utilisation durable de ses éléments ;
  • le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

Ce texte, d’environ 85 pages, a valeur de traité pour les pays qui l’ont ratifié. Il reconnaît pour la première fois au niveau du droit international que la conservation de la diversité biologique est une préoccupation commune pour l’ensemble de l’humanité. Ce document fixe des objectifs généraux et des obligations afin de guider les pays dans leurs stratégies. Par exemple, l’article 6 de la CDB prévoit que les pays ayant ratifié le CDB devront élaborer des stratégies et des programmes de conservation qui seront revus régulièrement. A ce jour, 196 parties ont ratifié ou accepté la CDB mais seulement 185 (soit 94 %) ont soumis leurs plans stratégiques nationaux.

Plus spécifiquement, les 2 premiers objectifs de la CDB sont donc la conservation de la diversité biologique et l’utilisation durable de ses éléments. On entend par là que les Parties contractantes s’engagent à élaborer des stratégies et des plans d’action au niveau national pour la préservation de la diversité biologique et à les intégrer à des plans nationaux de développement et de protection de l’environnement plus étendus. En outre, les Parties contractantes doivent identifier, pour en surveiller l’évolution, les principales composantes de la diversité biologique qui doivent être préservées et utilisées de façon durable.

Les autres dispositions principales de la Convention engagent, par exemple, les Parties à établir des zones protégées pour conserver la diversité biologique tout en encourageant un développement écologiquement rationnel autour de ces zones, à remettre en état et restaurer les écosystèmes dégradés et à favoriser la sauvegarde des espèces menacées en collaboration avec les habitants de ces zones, à respecter, à préserver et à maintenir les connaissances traditionnelles sur l’utilisation durable de la diversité biologique, etc.

La Convention fait également une place de choix à la promotion de la participation collective à la conservation de la diversité biologique, en particulier s’agissant de l’évaluation des impacts sur l’environnement des projets de développement qui compromettent cette diversité, et à l’éducation du public et à sa sensibilisation à l’importance de la diversité biologique
.
Une instance internationale est en devoir de vérifier l’application de la Convention. Dans ce contexte, les Parties contractantes sont obligées de soumettre des rapports concernant la mise en oeuvre par chaque pays des dispositions de la Convention [4].

En octobre 2010, les différents signataires de la CBD ont accepté de définir un "Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020" Ce Plan stratégique de 9 ans, dit « Objectif d’Aichi » regroupe 20 objectifs principaux.

Ils sont organisés en 5 buts stratégiques traitant les causes sous-jacentes à la perte de la biodiversité. Les parties se sont notamment entendues pour :

• réduire au moins de moitié, ou lorsque c’est possible à près de zéro, le taux de perte d’habitats naturels, y compris les forêts ;

• fixer un objectif de sauvegarde de la biodiversité pour 17 % des zones terrestres et des eaux continentales et pour 10 % des zones marines et côtières ; les gouvernements s’engagent, en outre, à restaurer au moins 15 % des zones dégradées et feront un effort spécial pour réduire les pressions affligeant les récifs coralliens.

La République populaire de Chine, qui a adhéré à la « Convention sur la diversité biologique » en 1993, a réévalué son Plan d’action national sur la Biodiversité en 2010 afin de définir les axes d’actions, les zones prioritaires et les objectifs pour les deux décennies à venir. Un an après, en 2011, cette stratégie a été étendue à Hong Kong. La Chine a publié son neuvième plan rapport (un document de 200 pages) sur la biodiversité en mars 2014.

Après 18 mois de travail avec les différentes parties prenantes (Gouvernement, Organisations Non-Gouvernmentales et monde universitaire) le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong a rendu son rapport dans lequel il définit ses actions prioritaires pour l’élaboration de son Plan d’action local sur la Biodiversité ou BASP pour « Biodiversity Strategy and Action Plan”. Cette stratégie sera basée sur 4 objectifs principaux, qui seront révisés tous les 5 ans :

1) La conservation
Continuer la mise en place et le suivi des mesures pour la protection de l’environnement et de la biodiversité.

2) L’intégration
Intégrer la prise en compte de la biodiversité dans les décisions politiques afin d’assurer un développement plus durable.

3) Le suivi
Réaliser et maintenir à jour un inventaire des différentes espèces présentes et de leur population au sein des espaces protégés. Continuer à approfondir les connaissances sur la biodiversité locale.

4) Implication du public
Promouvoir l’intérêt de la conservation de la biodiversité auprès des différentes parties prenantes et acteurs, notamment en mettant en place des ateliers éducatifs.

Afin de rédiger le BSAP, 3 groupes de travails supervisés par une un comité de pilotage ont été mis en place. Leur rôle est d’examiner l’état de la biodiversité existante, de présenter et de formuler des plans d’actions appropriés ainsi que de déterminer les problèmes spécifiques nécessitant des interventions techniques.

  • Un groupe de travail sur la biodiversité terrestre.
  • Un groupe de travail sur la biodiversité marine.
  • Un groupe de travail sur la sensibilisation au public.

Depuis maintenant deux ans, le Ministère de l’agriculture, de la pêche et de la conservation de l’environnement travaille sur son "Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020" et il a, pour se faire, organisé de nombreux évènements publics afin de favoriser l’interaction avec la communauté locale. En tout, ce sont plus de 160 000 personnes qui ont été sensibilisées ou consultées dans le cadre de ce projet. Une consultation publique de 3 mois (du 8 janvier au 7 avril) vient de s’achever afin rassembler les derniers avis de la population. Le gouvernement local espère finaliser prochainement son BSAP et le mettre en place dans le 5 prochaines années.

Pour toute demande d’information ou soumissions d’avis relatifs à l’établissement du "Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020" merci d’envoyer votre requête à l’adresse mail suivante : bsap chez afcd.gov.hk

- III) Session de Q&A

Une dizaine de questions ont été posées durant cette session de questions-réponses. Les principaux thèmes abordés ont été :

  • Le manque de relation faite par le gouvernement entre le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité locale.
  • Le manque d’exemples concrets de l’impact du changement climatique et de l’homme sur la biodiversité locale (espèces disparues, urbanisation dans les zones protégées, espèces invasives…)
  • Le manque de visibilité pour les citadins sur ce que la biodiversité leur apporte dans la vie de tous les jours.

Sources :

[1]http://bccbd.naturalsciences.be/gabon/gabondef/convention/biodivnotion/definitionbiodiv.htm
[2] http://www.afcd.gov.hk/english/conservation/conservation.html
[3] http://www.wwf.org.hk/en/whatwedo/conservation/marine/
[4]http://www.ecf.gov.hk/en/approved/201127.html
[5] http://www.un.org/french/millenaire/law/24.htm

Rédacteur :

Justin MONIER, Chargé de mission scientifique - Hong Kong