Une étude remet en question l’origine africaine de l’humain archaïque retrouvé au nord de la Chine
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Chine
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Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
21 avril 2017
Selon un article de la revue Science, les hominidés préhistoriques du nord de la Chine auraient pu être des hybrides de population indigène et d’Européens, renversant le consensus populaire de l’origine africaine de l’humanité.
Des restes de crânes humains fossiles datant de –125 000 à –105 000 ans, retrouvés à Xuchang au centre de la province du Henan, partagent des caractéristiques communes aux hominidés [1] chinois, aux premiers hommes modernes et aux Néandertaliens. Nommés en référence à la vallée de Néander en Allemagne où ils ont été découverts, les Néandertaliens ont prospéré en Europe, dans le nord de l’Afrique et l’ouest de l’Asie entre -130 000 et -30 000 ans. Selon LI Zhanyang, premier auteur de cette étude et chercheur à l’Institute of Cultural Heritage and Archaeology de la province du Henan, qui a mené une fouille de 12 ans à Xuchang, c’est la première fois que des fossiles portant des caractéristiques des Néandertaliens ont été trouvés dans l’Asie de l’Est.
L’étude des deux crânes Xuchang 1 (26 fragments) et Xuchang 2 (16 fragments), découverts respectivement en 2007 et 2014, a montré un os occipital et une structure en labyrinthe de l’oreille interne similaires au Néandertaliens. Les crânes du Xuchang ont aussi des caractéristiques primitives de l’Homo erectus pekinensis, ou Homme de Pékin, incluant une voûte crânienne [2] basse, un neurocrâne [3] bas et une mastoïde [4] courte. Xuchang 1 a des caractéristiques des premiers hommes modernes primitifs et était très probablement un ancêtre direct du Chinois moderne du nord, Xuchang étant situé au nord de la Chine. Les hommes du Xuchang ont vécu entre l’Homme de Pékin (entre –700 000 et –200 000 ans) et les premiers hommes modernes du nord de la Chine (-40 000 ans), montrant ainsi la continuité de l’évolution humaine dans le nord de la Chine.
Il y a deux ans, M. LI a réuni une équipe internationale pour travailler sur les fossiles du Xuchang avec des chercheurs de la Chinese Academy of Sciences, Peking University, East China Normal University and Washington University à St. Louis. Les chercheurs ont utilisé la tomodensitométrie [5] et la reconstitution en 3D pour effectuer des comparaisons avec les fossiles humains retrouvés dans d’autres parties du monde. Ils affirment que l’Homme du Xuchang est une nouvelle espèce. Cependant, une analyse ADN des fossiles n’a pas encore été menée de manière satisfaisante pour le prouver.
Selon un co-auteur de l’étude, WU Xiujie, chercheur à l’Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology de la Chinese Academy of Sciences, ses caractéristiques sont probablement le résultat d’un croisement entre les espèces humaines de l’Est et de l’Ouest. En effet, les hominidés chinois auraient émigré dans les régions européennes plus chaudes pendant l’âge de glace et se seraient reproduits avec les premiers Néandertaliens. Pendant la dernière ère interglaciaire (entre -128 000 et –74 000 ans) quand le climat est devenu plus chaud, les ancêtres de l’Homme du Xuchang seraient retournés dans le nord de la Chine. La migration aurait pu se produire à de multiples reprises en raison du changement climatique.
Deux points de vue sont en compétition en paléoanthropologie concernant l’origine des hommes modernes ou Homo sapiens, le point de vue africain et le point de vue multirégional. Bien que l’origine africaine de l’espèce humaine soit un consensus solide, l’étude des crânes de Xuchang appuie le deuxième point de vue où l’homme moderne serait issu du métissage d’hommes de différentes parties du monde.
Sources
http://www.globaltimes.cn/content/1035817.shtml
En savoir plus
http://www.hominides.com/html/actualites/cranes-attribues-denisovien-chine-1114.php
Rédacteur
Laurence HUNG : laurence.hung[a]diplomatie.gouv.fr
[1] Hominidés : famille de primates regroupant notamment les humains, les chimpanzés, les gorilles et un certain nombre d’espèces éteintes, ancêtres ou non de la lignée humaine.
[2] Voûte crânienne : ensemble d’os convexes (os frontal en avant, os pariétal, os temporal et grandes ailes de l’os sphénoïde latéralement, os occipital en arrière).
[3] Neurocrâne : partie du crâne se trouvant autour de l’encéphale et qui enveloppe le cerveau. Le neurocrâne et le viscérocrâne (ou crâne viscéral), comprenant la partie inférieure du crâne, forment à eux deux le crâne.
[4] Mastoïde : éminence placée à la partie inférieure et postérieure de l’os temporal et située en arrière de l’oreille.
[5] Tomodensitométrie : technique d’imagerie médicale qui consiste à mesurer l’absorption des rayons X par les tissus et qui permet de visualiser ces tissus après traitement informatique.