Un fossile exceptionnellement conservé du Silurien éclaire l’évolution de la mâchoire

Ce poisson fossile d’une conservation exceptionnelle a été retrouvé dans la Formation Kuanti datant du Silurien (Ludlow supérieur, il y a 423 millions d’années environ) et située près du réservoir Xiaoxiang à Qujing dans le Yunnan. La longueur du fossile est de 126 mm, mais la longueur totale de l’animal est estimée à plus de 20 cm.

A la différence des placodermes [1] conventionnels qui possèdent des plaques gnathales, Qilinyu possède des os maxillaire, prémaxillaire et dentaire, caractéristiques des ostéichthyens [2]. En raison de cette particularité, il est classé parmi les « placodermes maxillaires », comme Entelognathus découvert en 2013. Qilinyu et Entelognathus sont considérés comme des spécimens particuliers qui feraient le pont entre les caractères de type gnathal et maxillaire.

Néanmoins, la relation entre les os de la mâchoire et les plaques gnathales des placodermes conventionnels reste incertaine. D’après les chercheurs, les maxillaire, prémaxillaire et dentaire sont homologues aux plaques gnathales des placodermes et tous appartiennent à la même arcade dentaire. La transformation gnathale vers le maxillaire a eu lieu simultanément dans les mâchoires inférieures et supérieures, précédant l’addition d’os infradentaires à la mâchoire inférieure.

Selon le co-auteur de l’étude, le Pr. Per E. Ahlberg de l’Uppsala University, Entelognathus et Qilinyu combinent les caractéristiques des mâchoires des poissons osseux et des placodermes. Mais contrairement aux attentes des chercheurs, ils ne présentent pas de plaques gnathales en plus des os maxillaire, prémaxillaire et dentaire. A partir de cette observation, les chercheurs font l’hypothèse que les os de la mâchoire humaine pourraient correspondre aux anciennes plaques gnathales des placodermes, légèrement remodelés. Des parties non négligeables de l’anatomie humaines pourraient ainsi être issues des placodermes de la période Silurienne.

“Qilinyu élargit notre compréhension des placodermes maxillaires, précédemment représentés seulement par Entelognathus. Qilinyu a une anatomie différente, avec une bouche et des narines positionnées ventralement suggérant qu’il était un mangeur de proies benthiques », selon le chef de l’étude Pr. Zhu Min de l’IVPP, aussi professeur à la Chinese Academy of Sciences University. « Fait plus important encore, la combinaison des caractéristiques de Qilinyu et sa position à la base de l’arbre phylogénétique des vertébrés maxillaires éclaire la relation entre les os de la mâchoire des ostéichthyens et les plaques gnathales des placodermes ».

D’après le Pr. John Long de la Flinders University en Australie, président de la Society of Vertebrate Paleontology, « les découvertes provenant de Chine nous montrent l’importance des placodermes dans la compréhension de l’assemblage primitif du plan d’organisation des vertébrés ».

En savoir plus

http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/le-petit-poisson-qui-chamboule-tout-dans-l-evolution-des-vertebres_12129

Sources

http://english.cas.cn/newsroom/news/201610/t20161020_169125.shtml
http://www.globaltimes.cn/content/1012870.shtml

Rédacteur

Laurence HUNG : laurence.hung chez diplomatie.gouv.fr