Robots industriels : la Chine s’équipe mais innove peu

Partager
Chine

Actualité
Chine | Sciences de l’ingénieur : aéronautique, mécanique, électronique, génie civil
16 juin 2015

Avec trois robots industriels pour 1 000 ouvriers, la Chine est aujourd’hui très peu robotisée. A titre de comparaison, le taux d’équipement mondial moyen est de 6,2 robots pour 1 000 ouvriers et le taux record, atteint en Corée du Sud, est de 45 pour 1 000.

En 2013, la Chine est cependant devenue le premier marché du robot industriel. En 2014, 56 000 unités y ont été vendues, ce qui représente près d’un quart du volume mondial. La Fédération internationale des robots prévoit que la Chine comptera en 2017 plus de 400 000 robots, soit davantage que les Etats Unis (292 000).

Vers l’usine intelligente

La robotisation de l’appareil industriel chinois est en marche et compte parmi les priorités du gouvernement. En mars dernier, le premier ministre LI Keqiang a dévoilé le programme Made in China 2025, qui à l’instar du programme allemand Industry 4.0, entend valoriser le secteur manufacturier en stimulant l’innovation grâce au rapprochement des technologies industrielles et des technologies de l’information. Le tournant vers l’industrie intelligente et vers l’usine numérique passe notamment par l’équipement des industries avec des robots modernes. Plusieurs gouvernements locaux ont déjà mis en place des outils financiers pour mettre en place la stratégie. Celui du Guangdong a par exemple annoncé qu’il investirait 943 milliards de yuans (environ 135 milliards d’euros) au cours de ces trois prochaines années pour lancer et accompagner la transformation de son industrie en remplaçant une partie de sa main d’œuvre humaine par des systèmes robotisés. Le plan d’action, publié en mars dernier, identifie 1 950 entreprises (dans les secteurs de l’automobile, de l’électronique, du textile, des équipements ménagers et des matériaux de construction) qui pourraient bénéficier de subventions pour s’équiper de systèmes automatisés. Dans les principales villes du Guangdong, les industries reçoivent déjà des aides des autorités municipales. A Dongguan par exemple, 60% des entreprises auraient commencé à implanter leur site de production avec des robots. L’entreprise Everwin Precision Technology Ltd, produisant des composants pour téléphones portable et des supports à LED, se targue d’être en passe de devenir la première entreprise chinoise « 0 ouvrier ». Son objectif étant d’installer 1 000 robots et de réduire de 90% le nombre de ses ouvriers – qui passerait de 2 000 à 200 – pour ne garder que la main d’œuvre nécessaire à la supervision des systèmes informatiques.

Encourager l’innovation nationale

Mais chez Everwin, comme dans la majorité des manufactures, les robots nouvellement installés ne sont pas chinois, mais japonais, européens ou américains. Car dans le domaine de la robotique industrielle de pointe, la Chine n’est pas au rendez-vous. Conséquence : seul 1/5 des unités installées en Chine sont des technologies locales. Et bien souvent, les composantes clés de ces machines –comme les moteurs ou les réducteurs de vitesse – sont importées. Pour pallier ce retard, les acteurs industriels, académiques et politiques commencent à s’organiser. A l’échelle nationale, une « Alliance stratégique pour l’innovation dans les technologies industrielle intelligentes » a par exemple été créée fin 2014, rassemblant des fabricants de robots, des instituts d’enseignement supérieur, de recherche et des offices nationaux de propriété intellectuelle. Les principales entreprises dans le domaine de la robotique ont de leur côté signé des accords de coopération avec des universités et des instituts de recherche. A Qingdao (province du Shandong) par exemple, l‘International Robot Industrial Park héberge depuis début 2014 plus d’une dizaine d’entreprises et de start-ups, qui développent leurs projets en partenariat avec les laboratoires de recherche de la ville. C’est le cas de Baojia Automation Equipment qui a été la première, sur ce site, à créer un robot intelligent entièrement chinois. Baptisé « Baozhi », ce dernier est dédié à la manipulation et à l’empilement et est capable de calculer le meilleur itinéraire entre deux points donnés. A Dongguan, une autre zone dédiée à la robotique est en train de voir le jour. Des entreprises spécialisées dans le contrôle du mouvement et les équipements haut de gamme s’y implanteront aux côtés des fabricants de robots industriels et de robots de service.
D’après le journal chinois The Economic Observer, une quarantaine de projets de parcs dédiés à la robotique auraient déjà été recensés en 2014 sur l’ensemble du territoire chinois. Mais parmi eux, rares sont ceux qui parviennent à attirer des entreprises chinoises sérieuses et innovantes. La majorité des fabricants de robots industriels nationaux se concentre en effet sur la production de technologies équivalentes aux technologies étrangères existantes. L’innovation en Chine est avant tout portée par les grandes sociétés étrangères qui y ont implanté des centres de R&D, comme - par exemple - le groupe helvético suisse ABB qui se développe dans le secteur pionnier de la robotique industrielle collaborative. Parmi les acteurs locaux, l’entreprise Siasun Robot and automation, premier fabricant chinois de robots, travaillerait à la conception de nouveaux équipements et se développerait également dans la robotique de service.

Sources

www.ifr.org/news/ifr-press-release/industrial-robots-global-study-687/
http://english.gov.cn/premier/news/2015/03/26/content_281475077781817.htm
http://english.gov.cn/news/top_news/2015/03/27/content_281475078558712.htm
https://thenanfang.com/first-zero-labor-factory-built-prd/
http://en.xinhua08.com/a/20140909/1382682.shtml
http://www.newsgd.com/gdnews/content/2015-04/29/content_123272643.htm
www.worldcrunch.com/business-finance/the-problem-with-china-039-s-giant-robot-ambitions/jinping-industry-robotics-manufacturing-market-growth/c2s17481/#.VUxA5Po6fK1
www.abb.com.cn/cawp/seitp202/fef761b05ab71fa7c1257e30001eaa54.aspx

Rédacteur

Dora Courbon-Tavcar, dora.courbon-tavcar[a]diplomatie.gouv.fr