Oublier ses peurs par une greffe de neurones ?

Partager
Chine

Actualité
Chine | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
28 février 2017

La peur est une émotion ressentie lorsque l’on anticipe ou que l’on est confronté à une situation dangereuse ou menaçante. Elle peut être innée, comme la peur du vide, ou acquise, suite à un événement ou une expérience traumatisante. Dans le mécanisme de la peur acquise, l’amygdale cérébrale, à ne pas confondre avec les amygdales palatines, situées au fond de la gorge, joue un rôle essentiel. Elle est située dans le lobe temporal du cerveau, zone importante pour les fonctions cognitives.

L’équipe de YU Yongchun, de l’Institut des Sciences du Cerveau (Institutes of Brain Science, IOBS) de l’Université Fudan de Shanghai, a réalisé une greffe de neurones embryonnaires responsables de l’émission du neurotransmetteur GABA (neurones « GABAergiques »), sur les amygdales de souris adultes. Ces souris ont été conditionnées à une peur, en leur faisant associer un son à une faible décharge électrique aux pieds. Après un certain temps, les souris s’immobilisent en entendant le son, par anticipation de la décharge électrique associée. Deux semaines après la greffe de neurones, les chercheurs leur ont fait suivre un entraînement destiné à leur faire oublier cette peur : ils ont émis le son mais pas de décharge électrique. Les souris greffées ont alors montré une meilleure capacité à oublier la peur que les souris non greffées. Les résultats des travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Neuron le 8 décembre 2016.

Les neurotransmetteurs sont des substances chimiques produites par les neurones. Ils peuvent être excitateurs, comme le glutamate, ou inhibiteurs, comme le GABA. La greffe des neurones embryonnaires GABAergiques a permis d’inhiber la surexcitation de l’amygdale, en réponse au stimulus auditif. Autre effet observé : la greffe de ces cellules immatures semble avoir rajeuni l’amygdale. Les cellules greffées ont provoqué un rajeunissement des neurones voisins, restaurant ainsi la plasticité synaptique. La plasticité est la capacité du cerveau à créer, défaire et réorganiser les réseaux de neurones ainsi que leurs connexions. Notre cerveau reste plastique tout au long de notre vie mais cette plasticité décroît avec l’âge, ce qui explique que les enfants apprennent et mémorisent plus facilement que les adultes. Si les résultats de ces expériences sont prometteurs, notamment pour le traitement des troubles de stress post-traumatiques, YU Yongchun admet que « le chemin est encore long avant de passer aux essais cliniques sur l’homme ».

En savoir plus

http://doi.org/bvp3

Sources

http://www.nature.com/nature/journal/v540/n7633/full/540318b.html
http://www.ecns.cn/2016/12-12/237355.shtml
https://www.eurekalert.org/pub_releases/2016-12/cp-tic120116.php

Rédacteur

Yvonne TRAN : yvonne.tran[a]diplomatie.gouv.fr