Les astronomes chinois à la recherche des galaxies « manquantes »

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Chine | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
30 novembre 2016

Selon la communauté des astronomes, il y aurait 10 fois plus de galaxies dans l’univers que ce qui a été estimé. La Chine prévoit de construire deux télescopes de dernière génération pour pouvoir observer les galaxies « manquantes », invisibles avec les télescopes actuels.

Les galaxies sont constituées de millions ou de milliards d’étoiles qui se rassemblent dans un halo de matière noire. Elles ont commencé à se former quand l’univers, créé il y a 13,7 milliards d’années, n’avait que plusieurs centaines de millions d’années.

L’observation des galaxies situées à des milliards d’année-lumière permet d’avoir un aperçu de l’univers à ses débuts et peut apporter des réponses aux grandes questions concernant la manière dont il a été créé. Cependant, plus la lumière provient de galaxies lointaines, plus elle devient faible et sa longueur d’onde augmente en raison du décalage vers le rouge [1]. Il est ainsi très difficile d’observer les galaxies les plus lointaines, particulièrement celles qui ont été créées en premier.

Depuis les années 90, le champ profond du télescope spatial Hubble de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) a permis aux astronomes d’étudier les premières galaxies. Par comptage direct, ces derniers ont estimé environ 200 milliards de galaxies dans l’univers. Cependant, ce chiffre a été sous-estimé, selon une étude récemment conduite par une équipe d’astronomes menée par Christopher Conselice de l’Université de Nottingham en Grande Bretagne.

Les chercheurs ont analysé à nouveau les données d’observation avec des modèles mathématiques plus élaborés. Ils en ont déduit l’existence d’un grand nombre de petites galaxies lointaines dont les signaux sont trop faibles pour être observés par les télescopes actuels. Appelées galaxies « manquantes », elles ont dû exister avant de rentrer en collision et former des galaxies plus grandes. Elles peuvent multiplier par 10 le nombre total de galaxies dans l’univers.

Pour observer ces galaxies « manquantes », la Chine projette de construire un télescope spatial de 2 m (diamètre du miroir) et un télescope basé au sol de 12 m. Selon XUE Suijian, professeur et directeur adjoint au National Astronomical Observatories (NAO) de la Chinese Academy of Sciences (CAS), le télescope de 2m sera l’expérience scientifique la plus exigeante et ambitieuse réalisée dans le cadre de Tiangong, le projet de station spatiale de Chine. CHEN Xuelei, un professeur à la NAO a ajouté que la sensibilité du télescope sera comparable à celle du télescope Hubble mais permettra d’observer un pan plus large du ciel. Quant au télescope de 12m basé au sol, sa construction est prévue pour 2019, très probablement au Tibet, et constituera une étape importante vers une coopération internationale de grande ampleur, le Thirty Meter Telescope International Observatory (TMT), un projet coopératif des Etats-Unis, du Canada, de la Chine, de l’Inde et du Japon. Le TMT permettrait d’examiner en détail les structures internes des galaxies lointaines, selon MAO Shude, professeur et directeur du centre d’astrophysique à la Tsinghua University et membre du conseil d’administration du TMT. Néanmoins, le site et le calendrier de sa construction n’ont pas encore été fixés.

Sources

http://english.cas.cn/newsroom/news/201610/t20161018_168749.shtml

Pour en savoir plus

http://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/univers-decalage-vers-rouge-56/

Rédacteur

Laurence HUNG : laurence.hung[a]diplomatie.gouv.fr

[1décalage vers le rouge (ou redshift) : augmentation de la longueur d’onde de la lumière causée par le mouvement de la source lumineuse qui s’éloigne de l’observateur, par effet Doppler ou du fait de l’expansion de l’univers en cosmologie.