Introduction de nouvelles technologies dans le système de Santé chinois

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Chine

Brève
Chine | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
25 avril 2019

L’accès à des soins médicaux de qualité est considéré comme une condition préalable au développement économique et social de la population chinoise.

La Chine investit donc majoritairement dans le secteur de la Santé poursuivant de nombreux objectifs : optimisation du fonctionnement de ses hôpitaux, développement de nouveaux programmes de recherche, création d’instituts médicaux et augmentation du nombre de médicaments mis sur le marché…

La mise en place du projet Healthy China 2030 vise également à répondre aux problèmes majeurs auxquels fait face le système de santé : la population vieillissante de la Chine engendre une demande croissante en soins médicaux à laquelle les effectifs chinois, encore trop peu nombreux, peinent à répondre. En effet, si les hôpitaux des principales villes sont désormais équipés de matériel high-tech et offrent des soins avancés, ils font toujours face à un surpeuplement qui les empêche de se concentrer sur les patients de manière individuelle. D’un autre côté, les cliniques rurales, en sous-effectif, offrent des soins insuffisants. D’après une étude réalisé en 2018, on compte en Chine seulement 3.92 praticiens qualifiés pour 1000 patients dans les zones urbaines. En zones rurales, ce chiffre est réduit à 1.59 praticiens pour le même nombre de patients. L’une des solutions proposées par le gouvernement chinois pour faire face à cette situation est l’utilisation de nouvelles technologies telle l’intelligence artificielle afin d’optimiser la gestion hospitalière.

D’après XIE Guotong, responsable du service Santé chez Ping An Technology, une société spécialisée dans le développement de plateformes IA destinées au secteur de la Santé : « L’introduction de l’IA améliore considérablement l’efficacité des hôpitaux et des médecins. Les robots IA traitent 15 à 40% des images fournies par les hôpitaux. Il ne faut qu’une minute aux systèmes pour numériser l’image et générer un rapport de diagnostic. » Les médecins pourront ensuite s’appuyer sur ce premier diagnostic afin d’optimiser leur temps de consultation. L’introduction de ces plateformes permet également de créer des bases de données communes entre les différents hôpitaux et ainsi de disposer d’un pool d’informations utilisables en recherche biomédicale.

Poursuivant toujours cet objectif, la Chine développe également de plus en plus de projets multidisciplinaires. L’Institut de technologie de Harbin a récemment mis au point un système composé d’une flotte de nano-robots dont le comportement imite celui d’une colonie de fourmis. Ces robots sont capables de résoudre des problèmes complexes. Leur taille de 2 µm, soit 40 fois plus faible que celle qu’un cheveu humain, leur permet de se déplacer dans les capillaires du réseau sanguin. Ces robots pourraient conduire à de nombreuses applications telles que l’établissement de diagnostics in vivo et à l’échelle cellulaire.

Figure 1 : Mode de fonctionnement de la flotte de nano-robots développée par l’Institut de la technologie de Harbin (source : Article Science Robotic : Reconfigurable magnetic microrobot swarm : Multimode transformation, locomotion, and manipulation)

L’outil robotique est d’ailleurs de plus en plus utilisé voire considéré comme presque indispensable pour des opérations chirurgicales délicates. Pour la Chine, l’utilisation de robots chirurgicaux est une solution toute désignée pour résoudre son problème de sous-effectif. Leur utilisation lui permet non seulement d’accélérer la formation de ses médecins mais aussi d’assurer un plus grand nombre d’opérations de manière reproductible et dans un cadre plus confortable pour les praticiens.
Mais l’une des avancées majeures chinoises de la Santé est indissociable de l’avènement du réseau 5G. Le 18 mars 2019, l’hôpital général chinois de l’Armée Populaire de Libération (APL) annonçait la réussite de la première opération cérébrale effectuée à distance. Cette opération a été menée depuis la ville de Sanya sur un patient atteint de Parkinson localisé à Pékin soit à plus de 3000 kilomètres de distance. D’après le témoignage du Dr. LING Zhipei : « Le réseau 5G a résolu les problèmes de décalage vidéo et des délais de contrôle à distance présents sur le réseau 4G, assurant presque une opération en temps réel. Vous sentez à peine que le patient se trouve à 3000 km de distance. »

« A l’avenir, des experts de haut niveau travaillant dans les hôpitaux de premier plan seront capables d’opérer à distance directement sur des patients situés dans des zones plus reculées assurant des interventions chirurgicales jusqu’ici trop compliquées à réaliser dans les hôpitaux locaux », a-t-il ajouté.

Figure 2 : Démonstration de la technologie d’opération à distance

Avant d’appliquer la technique sur des opérations humaines, ce type d’opérations avait préalablement été testé sur des animaux. Par la suite, plusieurs autres opérations ont été effectuées par le biais de la 5G.

Les premiers succès d’opération à distance ouvrent la voie pour de futures recherches dans le domaine de la télémédecine et sont également le signe d’une amélioration des soins médicaux.

Sources :
http://www.xinhuanet.com/english/2019-03/21/c_137910817.htm
http://en.people.cn/n3/2019/0318/c90000-9556941.html
http://english.sina.com/news/2019-03-28/detail-ihsxncvh6097057.shtml.
https://www.coresponsibility.com/report/future-chinese-healthcare/
https://daxueconsulting.com/healthcare-technology-in-china/
http://www.chinadaily.com.cn/a/201808/07/WS5b68f296a3100d951b8c8f4e.html
http://english.cas.cn/newsroom/news/201803/t20180305_190440.shtml
https://www.researchgate.net/publication/331909295_Reconfigurable_magnetic_microrobot_swarm_Multimode_transformation_locomotion_and_manipulation

Rédaction : Sarah Maesen, adjointe à l’attaché pour la science et la technologie au consulat de Shanghai, sarah.maesen[at]diplomatie.gouv.fr