Extraction réussie de glace combustible en mer de Chine méridionale
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Chine
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Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
29 juin 2017
Après près de deux décennies de recherche et d’exploration, la Chine est parvenue en mai dernier à extraire des échantillons de glace combustible à partir de gisements marins. Elle suit ainsi le Japon qui a mené la première campagne d’extraction réussie en 2013.
La « glace combustible », aussi appelée hydrates de méthane ou clathrates, est formée de molécules de méthane piégées dans une cage de molécules d’eau cristallisées. Issus de la décomposition des matières organiques, les hydrates de méthane se trouvent dans les sédiments marins, souvent au pied des talus continentaux [1] et dans le permafrost [2] des régions arctiques. Les hydrates de méthane sont stables à forte pression et basse température. Un mètre cube d’hydrate de méthane comprend 164 m3 de méthane.
Selon le Ministère de la terre et des ressources chinois, les réserves d’hydrate de méthane en Chine sont estimées à 80 milliards de tonnes équivalent pétrole, ce qui représente une énorme ressource potentielle. Le ministère a déclaré avoir délimité deux gisements d’hydrates de méthane dont un de 123,1 milliards de m3 et un autre de 150 milliards de m3.
Jusqu’ici, l’essai d’extraction d’hydrate de méthane dans la zone Shenhu (nord de la mer de Chine méridionale), à environ 320 km au sud-est de Zhuhai dans le Guangdong, s’est bien déroulé avec en moyenne 8350 m3 de méthane de grande pureté extrait chaque jour.
Des experts chinois considèrent l’hydrate de méthane comme la meilleure alternative au pétrole et au gaz naturel. Il pourrait révolutionner l’industrie énergétique mondiale. Bien que son extraction soit techniquement faisable, elle prendra du temps pour être économiquement rentable. Les tests de forage et de production du mois dernier, menés par le China International Marine Containers Group et le China National Petroleum Corp, ont permis d’avoir une fondation solide pour un possible usage commercial de cette ressource avant 2030.
Selon le Ministère de la terre et des ressources, la Chine a l’intention d’accélérer l’exploitation des réserves d’hydrate de méthane, de lancer des essais d’extraction des différents types d’hydrate de méthane et de continuer à renforcer l’innovation en science et technologie maritimes. Des aspects tels que la délimitation des blocs d’exploitation, l’octroi de licences pour l’exploitation minière, l’enregistrement et le développement minier seront considérés comme prioritaires afin d’ouvrir la voie à la commercialisation de cet hydrocarbure non conventionnel.
Selon le directeur du National Marine Science Research Center à Qingdao, la prochaine étape pour l’exploitation de la glace combustible en Chine est de réduire les coûts d’exploitation et de transport et de diminuer son impact environnemental [3], particulièrement au voisinage de la mine. La Chine devrait également proposer dans le futur une norme et un système techniques pour l’exploitation de l’hydrate de méthane tout en renforçant sa capacité de recherche et de développement indépendante.
Sources
http://www.ecns.cn/business/2017/06-03/260033.shtml
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/12/premiere-extraction-sous-marine-reussie-d-hydrates-de-methane_1846446_3244.html
En savoir plus
http://www.universalis.fr/encyclopedie/hydrocarbures-non-conventionnels/#i_54473
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/01/28/hydrates-de-methane-course-technique-pour-la-prochaine-revolution-energetique_1823528_3244.html#hGXtRRv2H0sK7vJk.99
http://french.news.cn/economie/2009-09/26/c_1353919.htm
Rédacteur
Laurence HUNG : laurence.hung[a]diplomatie.gouv.fr
[1] Talus continental : zone sous-marine, en pente, qui assure la liaison entre le plateau continental dont la profondeur est d’environ 100 à 200 m et la plaine abyssale située généralement entre 4000 et 5000 mètres de profondeur. La pente du talus continental est généralement comprise entre 1 et 5°.
[2] Permafrost : aussi appelé pergélisol, désigne un sol gelé en permanence au moins pendant deux ans.
[3] L’extraction de glace combustible n’est pas sans conséquence sur le réchauffement climatique puisqu’elle libère du méthane, un gaz à effet de serre dont le pouvoir de réchauffement est 25 fois supérieur au CO2.