Etude de l’impact climatique du dépôt d’azote sur les bambous Moso

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Chine | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
6 avril 2020

Les activités anthropiques émettent de l’azote sous forme d’oxyde d’azote (NOx) (issus majoritairement du transport routier et de l’industrie/production d’énergie), et d’ammoniac (NH3). L’ajout d’azote est par ailleurs connu pour son pouvoir fertilisant en agriculture. Quand il est utilisé en agriculture, l’ajout d’azote dans les sols à différentes conséquences sur l’émission de gaz à effet de serre :

  • Croissance plus rapide des plantes et augmentation de leur taille, ce qui contribue à une plus grande absorption du CO2 atmosphérique ;
  • Les processus de nitrification/dénitrification de l’azote minéral apporté contribuent à l’augmentation de l’émission de protoxyde d’azote (N2O) (le protoxyde d’azote a un pouvoir de réchauffement global 310 fois plus élevé que le CO2). [1]
  • Diminution du stockage du méthane (CH4), le sol étant un puit de méthane (le méthane a un pouvoir de réchauffement global 34 fois plus élevé que le CO2) [2]

Pour déterminer l’impact des apports d’azote sur un couvert végétal, il est important de faire le bilan de ces différents effets sur les molécules responsable de l’effet de serre.

Différentes études se sont déjà focalisées sur l’effet de l’ajout d’azote sur des régions tempérées ou boréales vis-à-vis de l’émission de gaz à effet de serre, mais peu d’entre elles se sont focalisées sur les régions tropicales ou subtropicales où l’azote dans les sols est plus abondant. L’étude des chercheurs du State Key Laboratory of Subtropical Silviculture de l’Université Zhejiang, à Hangzhou (Chine), avec la participation de Philippe Ciais du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), s’est donc intéressée durant 4 ans au bambou Moso (Phyllostachys edulis), qui pousse en Chine subtropicale. Ce bambou a des taux de croissance extrêmement rapides et une forte capacité de régénération.

Les chercheurs ont ajouté sur plusieurs sites tests de l’azote, sous forme de NH4NO3 afin de simuler un ajout d’azote atmosphérique, puis observé l’effet sur le bilan net d’émission de gaz à effet de serre. L’apport d’azote a augmenté de manière significative la biomasse, mais cela a accéléré la décomposition du carbone organique du sol, a augmenté les émissions de N2O et réduit le stockage du CH4 dans le sol. Au global, pour cette espèce l’ajout d’azote s’est révélé positif : l’accroissement du stockage de CO2 a permis de contrebalancer l’émission de N2O et CH4 et l’accélération de la décomposition du carbone organique du sol.

Sources :

« Nitrogen addition increased CO2 uptake more than non-CO2 greenhouse gases emissions in a Moso bamboo forest », Science Advances
« Le dépôt d’azote sur les bambous, c’est bon pour le climat ! », Le fil Science & Techno du CEA

Rédaction :
Marie-Laure Tarot, chargée de mission au service pour la science et la technologie de l’ambassade de France à Pékin, marie-laure.tarot[at]diplomatie.gouv.fr