Elévation du niveau de la mer en Chine

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Chine

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Chine | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
8 avril 2016

Selon le rapport publié le 23 Mars par la State Oceanic Administration SOA, le niveau de la mer en Chine a augmenté plus rapidement que la moyenne mondiale ces dernières années.

En effet, selon le 5ème rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat), le niveau global mondial de la mer aurait augmenté de 1,7 mm/an en moyenne, bien que le phénomène s’accélère avec une hausse de 3,2 mm/an entre 1993 et 2010. En Chine, l’élévation du niveau de la mer entre 1980 et 2015 est estimée par la SOA à 3 mm/an.

Cette augmentation globale est due en particulier au réchauffement climatique. L’augmentation des températures entraine en premier lieu une dilatation thermique des eaux. Une eau chaude étant plus volumineuse qu’une eau froide, le niveau de la mer augmente alors.
Le réchauffement climatique entraine également la fonte des glaciers et des calottes glaciaires (glaces continentales, telles la calotte de l’Antarctique et du Groenland pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres d’épaisseur). Depuis 1993, la fonte des glaciers a contribué à une élévation globale du niveau de la mer de 0.6 mm/an et celle des calottes glaciaires de 0.76 mm/an.

Cette élévation du niveau de la mer n’est pas uniforme à travers le monde, elle varie selon la profondeur des eaux, la proximité par rapport à l’équateur, l’action des vents et grands tourbillons, etc. Il existe aussi des différences régionales temporelles liées aux courants et à la configuration des fonds et des côtes. Ainsi, la Chine a vu les températures de l’air et de l’eau de mer augmenter en raison du changement climatique, entraînant une élévation du niveau de la mer plus importante qu’à travers les autres pays du globe.

Ce phénomène est débattu par les scientifiques, qui produisent différentes estimations concernant son évolution future et son impact.
Le 5ème rapport du GIEC estime qu’à la fin du 21ème siècle, l’élévation globale de la mer pourrait atteindre 400 mm en moyenne dans le plus optimiste des scénarios (par rapport aux moyennes de la fin du 20ème siècle) et 820 mm à 980 mm au cours de la période 2081-2100 dans le scénario le plus pessimiste. Cette hausse dépasserait le mètre dès le début du 22ème siècle et pourrait atteindre 3 mètres en 2300.
Hang Lei, ingénieur au National Climate Center en Chine, confirme ces prévisions et affirme que le niveau de la mer devrait continuer de monter en Chine et que le phénomène devrait même s’accélérer.
Ainsi, selon le rapport rédigé par la SOA, Shanghai, métropole chinoise côtière comprenant plus de 24 millions d’habitants, pourrait observer d’ici 20 ans une élévation de 75 à 150 mm du niveau de la mer. De la même manière Tianjin, une ville portuaire à 950 km au nord de Shanghai observerait une élévation de 100 à 195 mm.

Ces élévations entraineraient l’inondation des zones côtières avec des dégâts humains et matériels considérables. Les 3/4 de la population asiatique vie dans des zones côtières inondables, car les grandes villes se sont bâties autour des ports de commerce, les inondations introduiraient l’eau salée dans toutes les sources d’eau et affecteraient les ressources en eau potable, poussant ainsi la population à migrer vers d’autres zones urbaines.
D’un point de vue écologique, l’eau salée modifierait de façon critique les écosystèmes des zones inondées, causant l’érosion des terres, l’inondation des mangroves, la contamination des sols agricoles et la destruction de la faune et la flore.

Afin d’assurer la sécurité des habitants vivant sur les côtes et de diminuer les risques liés à l’élévation du niveau de la mer, le rapport de la SOA propose en premier lieu aux autorités de prendre en considération ce phénomène lorsqu’elles effectuent des planifications dans les villes côtières. Il suggère de réguler les implantations d’infrastructures dans les zones à risques et de faire preuve d’innovations technologiques lors de constructions urbaines (en rendant flottantes des infrastructures telles que les habitations, les terminaux au gaz naturel liquide GNL, les stations d’avitaillement, les éoliennes, etc.). Le rapport propose également d’établir des méthodes de prévention efficaces vis à des populations, ainsi que des plans de secours en cas de catastrophes.

La SOA met aussi en avant la nécessité d’établir des protocoles permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique. D’ici la fin du siècle, la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère devra être limitée à 450 ppm (partie par million), pour éviter que le réchauffement ne dépasse les 2°C. Pour cela, il faudra réduire les émissions de 40 % à 70 % d’ici 2050, et quasiment à un niveau nul d’ici 2100. La Chine est aujourd’hui considérée comme le premier pays émetteur de gaz à effet de serre avec chaque année 9,9 milliards de tonnes d’émissions de CO2, causées à 72,7% par le charbon. Dans ce contexte, le président Xi Jinping a pris en 2015 un engagement visant à lancer dès 2017 un programme national afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de forcer les industries à acheter des crédits carbone. Bien que le pays soit le plus gros émetteur de CO2 dans le monde, les Chinois émettent en moyenne 8 tonnes de CO2 par individu et par an, soit moitié moins que les Américains, les Canadiens et les Russes. Le respect des engagements pris par la Chine lors de la signature du traiter de la COP21 pourrait participer à maintenir la hausse de température en dessous de 2°C.

Sources

http://www.ecns.cn/2016/03-28/204528.shtml
http://www.chinadaily.com.cn/china/2015-02/28/content_19681242.htm

En savoir plus

http://www.soa.gov.cn/
http://www.ipcc.ch/
http://climate.nasa.gov/vital-signs/sea-level/
http://www.carbonbrief.org/china-tops-new-list-of-countries-most-at-risk-from-coastal-flooding
http://www.senat.fr/rap/r15-014/r15-014_mono.html

Rédacteur

Alexandra MAZARD  : alexandra.mazard[a]diplomatie.gouv.fr