Cellules souches et organes d’animaux pour faire face à la pénurie d’organes

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Chine

Actualité
Chine | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
30 septembre 2016

Confrontés à une pénurie d’organes, des chercheurs chinois planchent sur des alternatives à la greffe humaine pour des patients en attente de transplantation.

A l’aide des nouvelles techniques de modifications du génome (CRISPR-Cas9), des chercheurs tentent de cultiver des tissus humains, tels que des cœurs, des poumons, ou encore des reins, en s’appuyant sur des organes d’animaux, qu’ils pourraient ensuite transplanter chez l’homme. Tel est le défi des xénogreffes (greffe entre deux espèces différentes), qui se tournent vers les animaux pour pallier l’absence de solutions humaines dans certains cas de greffes. Différentes équipes de chercheurs en Chine se concentrent actuellement sur les tissus et les organes de petite taille tels que la peau, la cornée, le cartilage ou les îlots de Langerhans.

Cette initiative fait suite à une proposition venant du National Institutes of Health (NIH) des États-Unis visant à lever l’interdiction sur le financement de telles technologies, bien qu’elles soient toujours confrontées à des défis techniques (risque de rejets, contaminations, etc.) et de questions éthiques. Les incertitudes sont diverses, les principales sont liées à la technologie CRISPR-Cas9 elle-même qui peut provoquer des mutations, mais aussi aux agents pathogènes qui pourraient s’infiltrer dans un organe à cause de la transplantation, et enfin aux préoccupations de biosécurité et de réglementation.

Néanmoins, la NIH estime qu’il y a un intérêt majeur à « fabriquer » des modèles animaux avec des tissus et des organes humains pour mieux comprendre l’organogenèse et étudier certaines maladies. Si l’interdiction venait à être levée, de nombreux patients pourraient en bénéficier. La technique est prometteuse ; en novembre 2015, une équipe de chercheurs de l’University of Maryland aurait réussi à transplanter un poumon de cochon modifié vers un babouin.

Si la Chine présente un si grand engouement pour cette technologie, c’est parce qu’elle fait face à une forte pénurie d’organes. Selon les statistiques du gouvernement, chaque année près de 300 000 patients attendent un organe, et seuls 10 000 recevraient leur transplantation. La Chine a déjà fourni beaucoup d’efforts afin de limiter cette pénurie après qu’elle ait fait interdire, en janvier 2015, l’utilisation d’organes de condamnés à la peine capitale. Entre 2011 et 2015 la Chine a déjà investi près de 3 Mds de RMB (410 M d’euros) dans la recherche sur les cellules souches, et elle a aussi mis au point un système de couloirs aériens et ferroviaires dédiés pour écourter les délais d’acheminement d’organes à greffer.

En savoir plus

http://www.nature.com/news/new-life-for-pig-to-human-transplants-1.18768
http://www.industrie-techno.com/aux-etats-unis-des-embryons-cochons-humains-pour-creer-des-organes-sur-mesure.42438

Sources

http://www.ecns.cn/2016/08-19/223174.shtml
http://theconversation.com/editer-les-genomes-une-chance-pour-la-greffe-dorganes-animaux-chez-lhomme-52651

Rédacteur

Christophe LAUGÉ  : christophe.lauge[a]diplomatie.gouv.fr