Un nouveau test pour détecter les bactéries alimentaires

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Agronomie et alimentation
2 juin 2016

Une équipe de chercheurs de l’Université de Western, (London, Ontario) a mis au point un test permettant de détecter les bactéries dans les produits agroalimentaires avant qu’ils ne quittent l’usine.

Ce qui a commencé comme une conversation entre parents lors d’un match de hockey pourrait très bien conduire à la détection rapide d’une bactérie mortelle, E. coli, avec le potentiel d’améliorer considérablement la sécurité alimentaire dans le monde entier.

« J’ai rencontré un de mes partenaires d’origine, Michael Brock, lors d’un match de hockey de nos fils, et nous avons parlé de nos métiers respectifs », a déclaré Michael Rieder, Professeur à l’école de médecine et de dentisterie Schulich et chercheur à l’Institut de recherche Robarts. « Il travaillait dans la sécurité alimentaire et je lui ai parlé de nos travaux au laboratoire. Nous nous sommes rencontrés à nouveau et nous avons examiné les opportunités de projet de recherche en collaboration. »
L’opportunité qu’ils ont développée est un kit de test rapide pour détecter la E. coli 0157, une bactérie d’origine alimentaire couramment retrouvée dans la viande hachée. Le test permettrait aux fabricants d’identifier les aliments contaminés avant qu’ils ne quittent l’usine de traitement.
À l’heure actuelle, au moment où les bactéries sont identifiées par le processeur, la nourriture a été expédiée aux magasins d’épicerie et peut avoir déjà causé des maladies. Cela peut conduire à des rappels importants et coûter aux sociétés des millions de dollars, comme la vague de listériose déclenchée par Maple Leaf Food, société agroalimentaire, en 2008 à travers tout le Canada.
« La plupart des bactéries sont inoffensives et beaucoup sont effectivement bonnes pour la santé. Ce sont seulement de 1 à 5% d’entre elles qui sont mauvaises. Dans la famille des E. coli, la souche 0157 est très souvent responsable de décès. Au cours du processus d’abattage des animaux, des carcasses sont contaminées par des micro-organismes, généralement par la voie intestinale. De temps à autre cela cause des problèmes. »

En moyenne, 440 cas d’infections par la bactérie E. coli 0157 chez les humains sont signalés chaque année à l’Agence de Santé Publique du Canada.

« Notre kit de test rapide peut prendre d’une semaine à 24 heures. Idéalement, nous pouvons empêcher le produit contaminé de quitter son lieu de production », explique-t-il, assimilant la simplicité de ce test aux tests de grossesse - une ligne pour le négatif, deux lignes pour le positif.

« L’intérêt de ce test est qu’il peut être fait au niveau de l’usine, avant que le produit n’arrive dans les points de vente, de sorte qu’il puisse être retiré avant d’entrer dans la chaîne alimentaire. Toutes les grandes entreprises ont des laboratoires ; cela les aiderait en termes de délai. Mais pour les petites ou moyennes entreprises qui ne disposent pas de laboratoires, et doivent sous-traiter, cela leur permettrait de faire le travail de laboratoire au sein même de leurs installations ».

Une grande partie du travail a été financé par une subvention de Mitacs, qui encourage la collaboration académique et industrielle. Le Pr. Rieder, s’est associé avec l’entreprise Point International Care, basée à Toronto, pour développer le kit de test de E. coli pour l’industrie de transformation de la viande.

Grâce au Laboratoire d’Agriculture et Alimentation de l’Université de Guelph, certifié par Santé Canada, le Pr. Rieder a travaillé sur l’obtention de l’approbation finale, qu’il attend dans les prochains mois. Il a souligné qu’il y avait un besoin nécessaire pour des kits de tests similaires pour d’autres bactéries potentiellement dangereuses, telles que la listeria, la salmonelle et le campylobacter.

« Ce test pourrait être d’une importance majeure pour E. coli, mais encore plus pour des bactéries comme la listeria, car trois semaines sont nécessaires pour obtenir un résultat avec les tests actuels » dit-il. « Nous travaillons maintenant sur un test pour la listéria, et si nous pouvons obtenir la même technologie pour cette bactérie, ce serait une grande avancée. »

Le kit de test n’est pas le seul élément qui finit par être plus rapide. En effet, avec seulement cinq ans écoulés entre le concept et la production, c’est un délai très rapide dans le monde de la recherche et du développement. Il attribue cela à un certain nombre de facteurs.

« La véritable clé du succès est la capacité de réaliser des partenariats avec un ensemble de compétences synergiques », indique-t’il. « Avoir un esprit ouvert, de la flexibilité, les bonnes personnes travaillant sur le projet, des post-docs vraiment talentueux, et saisir les opportunités qui se présentent. »

Source :
Nouvelles de l’université Western- 12 mai 2016
http://news.westernu.ca/2016/05/new-test-to-stop-bacteria-at-factory-door/

Rédacteur(s) :
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr