La nourriture pourrait modifier notre comportement
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Canada
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Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
11 août 2015
Dans une étude publiée dans Nature Communication, les Docteurs Steve Collins et Premik Barcik de l’université de McMaster ont découvert que la composition des bactéries intestinales influençait la fonction cérébrale et le comportement.
Nul ne conteste que certains aliments – café et chocolat par exemple – contiennent des molécules qui stimulent le cerveau. Aujourd’hui, de nouveaux éléments indiquent que la nourriture pourrait jouer un rôle plus subtil et réellement modérer notre comportement, en influençant la composition et l’activité des bactéries contenues dans le corps humain.
L’intestin contient une vaste communauté de bactéries qui cohabitent en harmonie dans notre corps. Nous partageons notre alimentation avec ces micro-organismes et la nature de notre régime alimentaire influence le type de bactéries que nous accueillons.
Les travaux récents des chercheurs à l’institut Farncombe de Recherche en Santé Digestive et l’Institut du Corps et du Cerveau de l’université de McMaster ont apporté des preuves évidentes que ces bactéries résidant dans l’intestin influençaient la fonction cérébrale. Ainsi, de jeunes souris élevées dans un environnement sans germe ont un profil chimique cérébral différent et montrent moins d’anxiété que les souris élevées dans des conditions normales. De plus, le comportement des souris adultes peut être changé en perturbant la composition de leurs bactéries résidentes, par l’administration orale d’antibiotiques notamment.
Ces observations montrent que nos bactéries intestinales influencent la fonction cérébrale, vraisemblablement via la production de métabolites. Cette recherche présente un potentiel thérapeutique concernant la gestion des troubles du comportement.
Les docteurs Bercik et Collins ont démontré que des bactéries commensales spécifiques, administrées en tant que compléments alimentaires sous la forme de probiotiques, pouvaient induire des changements dans la chimie cérébrale et réduire les comportements d’anxiété chez la souris. Les chercheurs, en collaboration avec le Dr Elena Verdu, du même institut, ont aussi montré que ces bactéries probiotiques spécifiques pouvaient, chez la souris, restaurer un comportement alimentaire normal précédemment perturbé par une infection de l’estomac.
Ainsi, il est possible d’influencer une gamme de comportements, variant de l’appétit à l’humeur, soit en fournissant des bactéries probiotiques spécifiques, soit en promouvant la croissance sélective de bactéries dans l’intestin par modifications des composants alimentaires.
Le Dr. Bercik est actuellement en train de conduire un essai clinique d’un probiotique sur le syndrome de l’intestin irritable, le problème gastro-intestinal le plus commun observé dans notre société. Jusqu’à 60% des patients atteints de ce syndrome présentent des troubles tels que l’anxiété ou la dépression. Cet essai va déterminer si le probiotique Lactobacillus améliore les symptômes gastro-intestinaux mais également s’il réduit les symptômes d’ordre psychiatrique.
« Cette notion selon laquelle les bactéries intestinales peuvent influencer la chimie cérébrale et le comportement est nouvelle et la plupart des travaux orignaux ont été conduit à l’université de McMaster » explique Collins. « La possibilité que nous pourrions modifier le comportement en changeant la composition bactérienne intestinale, en utilisant des probiotiques ou des modifications alimentaires, est excitante. Mais j’insiste sur le fait que nous devons être prudents et ne pas extrapoler nos travaux sur les humains pour le moment. Nous devons attendre les résultats de l’étude clinique ».
Pour en savoir plus :
Nature Communication}}} : “Microbiota and host determinants of behavioural phenotype in maternally separated mice”
http://www.nature.com/ncomms/2015/150728/ncomms8735/full/ncomms8735.html
Nat Commun. 2015 Jul 28 ;6:7735. doi : 10.1038/ncomms8735
Source :
Communiqué de l’Université de McMaster
http://www.research.mcmaster.ca/research-matters/can-food-change-our-behaviour
Rédacteur :
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr