Réhabilitation de sites miniers et prise en compte du changement climatique

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Canada | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
25 novembre 2015

Une nouvelle publication de chercheurs de l’université de Waterloo dans le journal “Nature Climate Change” alerte sur le fait que la non prise en compte du changement climatique dans les projets de réhabilitation écologique pourrait coûter à l’industrie et au gouvernement plusieurs milliards en matière d’assainissement.

Cette étude réalisée par les chercheurs Rebecca Rooney, Derek Robinson et Rich Petrone décrit un procédé en six étapes pour améliorer le taux de succès et le contrôle du coût des fermetures et réhabilitation des mines, en conciliant les procédures de fermetures des mines mandatées par le gouvernement et les projections climatiques sur le long terme.

« Les plans de réhabilitation ne prenant pas en compte le changement climatique sont risqués », d’après le Dr. Rooney, professeur de biologie à la faculté des sciences de l’université de Waterloo « La plupart des plans de restauration suppose que l’environnement, le cycle hydrologique et le climat restent les mêmes au fil du temps. Mais nous avons de solides preuves suggérant que ce n’est pas le cas. Le climat change beaucoup plus vite que ce qu’on peut croire. »

D’après la loi sur l’amélioration en matière de protection environnementale de l’Alberta de 1993, les compagnies d’exploitation des sables bitumineux ont pour obligation de remettre les zones exploitées dans leur état naturel une fois que les mines sont fermées. Elles doivent soumettre un plan de réhabilitation et réserver un budget pour l’environnement d’après le processus réglementaire.

Les très gros projets comme l’extraction des sables bitumineux, l’aplanissement du sommet des montagnes, les mines de diamants à ciel ouvert sont tellement importants, qu’il peut s’écouler plusieurs décennies, et parfois une centaine d’années, entre l’ouverture et la fermeture des sites. Sur cette période, même les scénarios climatiques les plus optimistes prévoient une diminution des habitats naturels comme les forêts boréales.

Des progrès significatifs ont été réalisés dans les sciences de réhabilitation et sur les critères d’évaluation de tels systèmes ; cependant, la prise en compte du caractère non stationnaire du climat reste une problématique à prendre en compte, ajoute le Dr. Petrone.

« Nous voulons encourager une approche plus pragmatique, dit le Dr. Rooney, qui est également membre de l’Institut de l’eau. Les chercheurs maintiennent que leurs conclusions ne sont pas seulement importantes pour les compagnies minières mais aussi pour les autorités réglementaires et le public. Si la réhabilitation des sites échoue, le pays pourrait se retrouver avec un problème environnemental stupéfiant couvrant des centaines de kilomètres carrés à travers le Canada et un coût additionnel chiffré en milliard de dollars. »

Actuellement, les autorités régulatrices n’exigent pas des compagnies minières qu’elles incorporent des modèles prédictifs dans leur plan de réhabilitation, ni ne considèrent la proposition de remplacer les habitats naturels avec autre chose que le type de végétations initial. Le fait que de nouveaux paysages puissent être plus durables à long terme est l’idée avec laquelle le Dr Rooney a convaincu ses collègues les Dr. Robinson et Dr. Petrone de rejoindre le projet, tous deux étant chercheurs au département de géographie et de gestion environnementale à l’université de Waterloo.

« Nous mesurons et comparons la composition et la configuration des habitats naturels dans différentes régions et le Dr. Petrone estime la manière dont les changements dans ces formes d’habitats affectent le procédé hydrologique, sous différents scénarios climatiques. C’est essentiel pour le succès de la réhabilitation des sites » selon le Dr. Robinson.

Le procédé en six étapes proposé par le Dr. Rooney et ses collègues utilise la modélisation climatique et hydrologique, la classification bioclimatique ainsi que la modélisation des paysages et habitats naturels pour fournir des plans de fermetures plus flexibles et qui répondent toujours à la loi en vigueur.

« Nous voulons cibler l’environnement et parier sur le futur. Si un site à réhabiliter est situé sur une zone de transition, il serait préférable d’en faire une forêt parc plutôt que boréale pour qu’elle puisse mieux s’adapter au changement climatique » dit Rooney.

Des recherches complémentaires sont nécessaires dans ce domaine car les paysages prédits peuvent avoir un effet sur la disponibilité en eau pour la région. Des modèles climatiques régionaux devront également être affinés pour être utiles.

Pour en savoir plus :
Nature Climate Change : “Megaproject reclamation and climate change”
Nature Climate Change, 5, 963–966 (2015) doi:10.1038/nclimate2719
http://www.nature.com/nclimate/journal/v5/n11/full/nclimate2719.html

Source :
Nouvelles de l’université de Waterloo
https://uwaterloo.ca/science/news/failing-account-climate-change-mining-land-reclamation-may

Rédacteur :

Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr