Pro-biotiques porcins et santé intestinale

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
25 février 2016

Des chercheurs de l’Université de Guelph en Ontariomettent aux point des pro-biotiques porcins pour éviter l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage de porc.

Le Professeur Emma Allen-Vercoe respire profondément en entrant dans son laboratoire. "Ce n’est pas trop mal aujourd’hui », dit-elle à propos de l’odeur, mais ceux qui n’ont jamais été dans son laboratoire auparavant se boucheraient probablement le nez à la première bouffée de ses sujets de recherche : les micro-organismes fécaux. L’odeur est aussi la raison pour laquelle son laboratoire est situé à l’extrémité d’une salle dans le Complexe de Sciences Summerlee à l’université de Guelph en Ontario.

Le laboratoire est surtout connu pour le développement de transplantations fécales artificielles pour des patients infectés par C. difficile, mais il travaille également sur des projets relatifs à la santé animale. L’un des projets en cours du laboratoire vise à améliorer l’élevage de porc.

« Les antibiotiques ont été utilisés comme facteurs de croissance, mais les agriculteurs sont maintenant fortement encouragés à supprimer totalement les antibiotiques de leurs troupeaux », explique le Dr. Allen-Vercoe. « Cela laisse les animaux vulnérables face à des maladies qui peuvent poser un énorme problème pour la production ».

Les antibiotiques réduisent également la diversité de la flore intestinale, ce qui peut affaiblir le système immunitaire, et rendre les porcs - et les personnes - plus sensibles aux maladies. Le laboratoire développe des pro-biotiques qui pourraient améliorer la population microbienne des porcs en remplaçant les bactéries manquantes bénéfiques pour leur immunité.

Les chercheurs ont décidé d’étudier les sangliers « sauvages » d’une ferme de Stratford en Ontario, pour comparer leurs microbes intestinaux à ceux des porcs d’élevage. Les sangliers sont élevés le plus naturellement possible, sans utilisation d’antibiotiques ou de vaccins. « J’étais enthousiaste à cause de l’absence de l’utilisation d’antibiotiques et le fait qu’ils soient autorisés à fouiller dans le sol comme ils le feraient dans la nature » dit le Dr. Allen-Vercoe. « Je cherchais les microbes du sol dans les tripes des porcs. »

Elle a alors envoyé son directeur de laboratoire recueillir des échantillons fécaux de la ferme." Ils doivent être aussi frais que possible car les bactéries sont très sensibles " dit-elle.

Le laboratoire cultive ces échantillons pour en faire des pro-biotiques pour les porcs. Seuls certains types d’espèces microbiennes ont été approuvés pour être utilisés comme additifs alimentaires. Les microbes que le laboratoire cultive sont très sensibles, dit le Dr. Allen-Vercoe, et n’ont jamais été cultivés artificiellement auparavant, donc l’Agence Canadienne d’Inspection des Aliments (ACIA) ne les a pas approuvés comme compléments alimentaires. Le laboratoire prévoit de produire un pro-biotique conforme aux réglementations de l’ACIA, puis développer de nouveaux types pour approbation.
« En général, notre laboratoire travaille sur la santé humaine. Nous étudions les microbes d’individus en très bonne santé et nous les utilisons comme écosystème pour traiter les maladies. Nous pensons que c’est une nouvelle médecine ; il n’y a encore rien de ce genre sur le marché, mais il y en aura bientôt. » Le laboratoire du Pr. Allen-Vercoe fait partie des quelques laboratoires travaillant sur les microbes comme solution à des problèmes de santé humaine.

Les pro-biotiques sont actuellement commercialisés en tant que compléments alimentaires. Le premier produit du laboratoire, que Santé Canada a approuvé comme médicament biologique, contient 39 souches de microbes de l’intestin humain. Le faire approuver en tant que tel prend beaucoup plus de temps qu’en tant que complément alimentaire. En effet, il faut réaliser des essais cliniques pour prouver son innocuité et son efficacité.

Le laboratoire est en train de tester son nouveau « écosystème microbien thérapeutique » sur différents types de maladies, telles que le C. difficile, la colite ulcéreuse, les diabètes de type 1 et de type 2, l’obésité, l’autisme, la dépression et le cancer colorectal pour voir comment les microbes de l’intestin affectent la maladie et vice versa. « Ces recherches ont pour dénominateur commun le travail sur l’intestin humain », dit le Dr. Allen - Vercoe. « Je constate qu’il y a plus de similitudes entre certaines de ces maladies qu’il n’y paraît ».

Source :
Nouvelles de l’université de Guelph – Jeudi 18 février 2016- Susan Bubak
http://news.uoguelph.ca/2016/02/gut-health-at-university-of-guelph/

Rédacteur :
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr