Obésité et traitement du cancer du sein

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
27 août 2016

Un chercheur de l’Université York en Ontario a publié une étude dans la revue Journal of Applied Physiology qui identifie des raisons possibles pour lesquelles les patients obèses atteints de cancer du sein ont une moins bonne réponse au traitement et un risque plus élevé de décès que leurs homologues minces.

Michael Connor, professeur associé de kinésiologie et sciences de la santé à la Faculté de la Santé de l’Université de York, explique que depuis près de 50 ans, les chercheurs ont connaissance d’une relation entre l’obésité et le cancer du sein, et il a cherché à déterminer les facteurs qui contribuent à cette relation.

« La raison sous-jacente à cette association délétère reste mal comprise » explique-t-il. « Comparativement à leurs homologues minces, les patients obèses atteints de cancer du sein présentent des tumeurs plus grandes et plus graves, ont une moins bonne réponse au traitement et ont plus de risques de succomber à la maladie. »

Le Dr. Connor et son équipe de recherche ont examiné les cellules adipeuses elles-mêmes pour savoir si elles jouaient un rôle dans le lien néfaste entre l’obésité et le cancer du sein, et si des interventions ciblées sur l’obésité pouvaient entraîner des effets bénéfiques sur le cancer lui-même.

Selon le Dr. Connor, pendant de nombreuses années, on considérait le tissu adipeux comme une simple forme de stockage de l’énergie lorsque l’apport calorique dépassait le besoin en calories. Cependant, il a été démontré depuis que les cellules graisseuses sont des cellules actives qui produisent plus de 400 hormones qui passent dans le sang et produisent des effets sur différentes parties du corps.

Bien que beaucoup de ces hormones, appelées adipokines, aient des effets sur la gestion de l’énergie, certaines ont également des effets sur la croissance cellulaire. Un autre facteur à considérer, d’après lui, est la différence dans la production relative de ces adipokines entre une personne obèse et une personne mince.
L’équipe de recherche a cherché à déterminer si cette différence dans la sécrétion d’adipokines du tissu adipeux pouvait rendre compte de l’association observée entre l’obésité et le cancer du sein, et si l’exercice pouvait être un moyen utile pour contrer un de ces effets délétères du cancer du sein associée à l’obésité.

Les recherches ont permis d’identifier deux de ces adipokines - adiponectine (ADIPO) et leptine (LEP) - comme des candidats potentiels à la médiation des effets de l’obésité. En effet, elles sont toutes deux produites en grande quantité ; chacune causant des effets opposés sur la croissance des cellules cancéreuses (ADIPO empêche la croissance et LEP la favorise) ; et leur quantité varie dans le cas d’obésité (ADIPO diminue tandis que LEP augmente LEP).

« Nous montrons que les actions de ces deux adipokines se neutralisent entres elles et que le tissu adipeux « obèse » peut accentuer la croissance du cancer du sein en raison de cette augmentation de production de LEP et la diminution de production de ADIPO », explique le Dr. Connor.

« Nous montrons également que l’exercice volontaire peut contrecarrer et même empêcher complètement ces effets de l’obésité proportionnellement à la fréquence de l’exercice, avec une forte corrélation entre la quantité d’exercice et les effets préventifs sur la croissance du cancer. »

Le Dr. Connor explique que ces recherches ont permis d’identifier les possibles causes qui expliquent que les patients obèses atteints de cancer du sein soient moins sensibles au traitement que les patients minces. Les recherches indiquent également que faire de l’exercice - qui n’induit aucun des effets secondaires nocifs associés à de nombreux médicaments contre le cancer - est un traitement potentiellement bénéfique pour les patients obèses atteints de cancer du sein.

Pour en savoir plus :
Journal of Applied Physiology 6 juillet 2016- Voluntary physical activity abolishes the proliferative tumor growth microenvironment created by adipose tissue in animals fed a high fat diet
http://jap.physiology.org/content/121/1/139.full.pdf+html
Vol. 121 no. 1, 139-153 DOI : 10.1152/japplphysiol.00862.2015

Source :
Nouvelles de l’université de York- 21 juin 2016
http://yfile.news.yorku.ca/2016/06/21/york-research-finds-possible-cause-for-poor-response-to-treatment-in-obese-breast-cancer-patients/

Rédacteur :
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr