Nouvelle technique prometteuse en immunothérapie pour guérir les allergies alimentaires

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
28 octobre 2016

Des chercheurs de l’université de la Saskatchewan (U de S) ont mis au point une nouvelle technique d’immunothérapie qui élimine pratiquement la réponse allergique aux arachides et aux protéines du blanc d’œuf chez des souris souffrant d’allergies alimentaires, et qui réduirait la réponse anaphylactique de pratiquement 90 % en un seul traitement.

« Cette découverte rend les allergies alimentaires réversibles chez les souris, et nous disposons de nombreux volontaires souffrant d’allergies qui proposent leurs cellules afin que nous les utilisions dans les tests de laboratoire pour avancer dans nos résultats », indique le professeur John Gordon, chercheur principal derrière cette découverte dont les résultats viennent d’être publiés dans Journal of Allergy and Clinical Immunology.}}}

Les résultats ouvrent la porte à des tests de ce nouveau traitement de l’allergie chez des « souris humanisées » sans système immunitaire, dans lesquelles sont introduites des cellules d’un système immunitaire humain, d’une personne allergique aux arachides par exemple. Avec l’approbation de Santé Canada, le premier essai humain pourrait commencer dans un an environ.
« Si nous pouvons « guérir » les allergies alimentaires, ou des conditions connexes telles que l’asthme ou les maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques avec cette nouvelle thérapie, ce serait un changement immense dans la vie des personnes affectées. » indique le Pr Gordon.

Environ 2,5 millions de Canadiens estiment avoir au moins une allergie alimentaire. L’anaphylaxie se définit comme une grave réaction allergique à déclenchement rapide, potentiellement fatale, pour laquelle les options de traitement sont limitées.

Cette découverte implique la génération d’un type de cellule immunitaire d’origine naturelle qui envoie un signal pour inverser la réponse hyper-immune présente dans les réactions allergiques. Ce signal déclenche un « mode arrêt » qui désactive les cellules réactives un peu plus loin le long de la voie allergique.

« Le traitement pourrait être sur le marché dans cinq à 10 ans », souligne Gordon, qui est également le chef de file de la recherche dans le réseau Allergies, Gènes & Environnement (AllerGen). AllerGen appartient au programme des réseaux de centres d’excellence financés par le gouvernement fédéral. AllerGen vise à aider les Canadiens confrontés à l’asthme, aux allergies, à l’anaphylaxie et aux maladies auto-immunes connexes.
L’équipe du Pr Gordon collaborera avec d’autres chercheurs AllerGen de l’université de la Saskatchewan, de l’université McGill (Québec), de l’université Queen’s, de l’université McMaster et de l’université d’Alberta pour piloter le suivi de cette découverte.
« Cette découverte laisse présager une percée majeure vers une inversion thérapeutique de la sensibilité à l’allergène alimentaire », indique le Dr Judah Denburg, directeur scientifique et chef de la direction d’AllerGen. « Le traitement empêche les réponses anaphylactiques chez les souris préalablement pleinement sensibles, ouvrant la porte au transfert de cette thérapie vers la clinique. »

Il existe des preuves convaincantes que cette technique pourrait être efficace chez l’homme. En 2010, l’équipe de Gordon a démontré qu’on pouvait inverser une réponse asthmatique dans les cellules humaines en éprouvette . En utilisant trois applications d’une thérapie similaire dans une étude de 2012, les chercheurs ont effectivement éliminé l’asthme chez les souris affectées, en seulement huit semaines.
« Même si seulement 25 pour cent des sujets sont soignés, nous allons considérablement améliorer la santé de ces personnes, et aussi réduire les dépenses du système de santé », précise Gordon.

Voici comment la technique fonctionne :

  • L’élément clé de cette recherche est les cellules dendritiques, qui sont les gardiennes du système immunitaire et sont présentes dans les tissus en contact avec l’environnement extérieur, tels que la peau et les parois intérieures du nez, les poumons, l’estomac et les intestins.
  • L’approche novatrice du traitement de Gordon consiste à produire des cellules dendritiques en éprouvette, puis de les exposer à un mélange unique de protéines, d’un acide relié à la vitamine A naturellement produit par l’intestin humain et d’un allergène, dans ce cas, arachide ou ovalbumine (protéine du blanc d’œuf). Les cellules dendritiques modifiées sont ensuite réintroduits dans la souris.
  • En utilisant cette technique, les chercheurs ont été en mesure de pratiquement éliminer la réaction allergique, en convertissant les cellules immunitaires sensibles aux allergènes en cellules qui imitent la réponse observée chez les sujets sains, non-allergiques.

Le traitement a réduit de 90 % les symptômes observés de l’anaphylaxie, et abaissé d’autres marqueurs de protéines clés dans la réponse allergique.

Le Pr Gordon précise que la nouvelle technique est également prometteuse pour le traitement de maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques. « Il faudrait très peu pour adapter la thérapie aux maladies auto-immunes ».

Le financement de cette recherché provient des Instituts de recherche en santé du Canada et des réseaux de centres d’excellence AllerGen.

En savoir plus :
Journal of Allergy and Clinical Immunology- 26 octobre 2016- Therapeutic reversal of food allergen sensitivity by mature retinoic acid–differentiated dendritic cell induction of LAG3+CD49b−Foxp3− regulatory T cells
http://www.jacionline.org/article/S0091-6749%2816%2930969-1/fulltext
DOI : http://dx.doi.org/10.1016/j.jaci.2016.07.042

Source :
News Université de la Saskatchewan- 26 octobre 2016
http://news.usask.ca/articles/research/2016/new-immunotherapy-technique-holds-promise-for-curing-food-allergies.php

Rédacteur :
Armelle Chataigner-Guidez, assistante du Conseiller pour la Science & la Technologie- Ambassade de France au Canada- armelle.chataigner-guidez[a]diplomatie.gouv.fr