Les 10 découvertes québécoises 2015 selon Québec science

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Canada | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
25 janvier 2016

Chaque année, le magazine Québec science sélectionne les dix découvertes majeures issues de la recherche des universités québécoises. Dans son numéro de janvier 2016, il dévoile ainsi un palmarès dominé par la recherche en santé.

Comme chaque année, le numéro de janvier du magazine Québec science nous livre les 10 meilleures découvertes scientifiques des universités québécoises. Retour sur un palmarès 2015 qui fait la part belle à la recherche en santé et à la physique…

L’université McGill se distingue dans le domaine de la médecine avec deux découvertes majeures. Jeffrey Mogil, en collaboration avec l’Université Duke de Caroline du nord et l’Hôpital pour les enfants malades de Toronto, a démontré que les cellules transmettant la douleur au système nerveux étaient différentes chez les mâles et les femelles. Chez les mâles, ce sont les cellules microgliales qui interviennent alors que chez les femelles ce sont les cellules immunitaires de type lymphocytes T. Or, toutes les études réalisées jusqu’ici sur la douleur chronique l’ont été sur des souris mâles, réputées « moins instables » que les femelles. C’est le premier mécanisme biologique identifié où des cellules différentes sont utilisées selon le sexe en dehors des fonctions de reproduction.

Le Dr Christine McCusker (Université McGill) est quant à elle sur la voie d’un vaccin antiallergique. Ses travaux l’ont en effet conduite à la mise au point du peptide STAT6-IP, capable « d’enseigner au système immunitaire à tolérer les allergènes ». Le vaccin serait injecté aux nourrissons de 6 semaines mais la chercheure espère également trouver un moyen de traiter les personnes déjà allergiques (soit 20 à 30% de la population canadienne) en utilisant le même peptide.

Source d’espoir pour les personnes atteintes par la sclérose en plaques, une équipe de chercheurs du Centre hospitalier de l’Université de Montréal a identifié une molécule impliquée dans la maladie. Cette molécule permet aux globules blancs de pénétrer dans le système nerveux où ils ne peuvent normalement pas se rendre et où ils causent de graves dommages. Le professeur Alexandre Prat et ses collaborateurs ont réussi à la neutraliser, freinant ainsi le développement de la maladie.

L’équipe de Sylvain Chemtob, chercheur au CHU Sainte-Justine, a développé une molécule capable de retarder l’arrivée de bébés prématurés. « 101.10 », c’est son nom, empêche l’inflammation de l’utérus à l’origine du déclenchement de l’accouchement précoce dans le cas des naissances prématurées.

La découverte de Salma Taktek, chercheuse à l’Université Laval, pourrait permettre à l’agriculture de s’affranchir des engrais chimiques. Elle a en effet démontré l’existence d’une collaboration entre racines, mycorhizes et bactéries permettant aux plantes de s’alimenter en phosphate, présent notamment dans l’apatite, minerai courant au Québec.

L’équipe de Frédéric-Georges Fontaine (Université Laval) a, quant à elle, trouvé un nouveau catalyseur plus écologique, utilisable notamment dans les industries pharmaceutique et pétrochimique. Pour cela, elle utilise l’énergie dégagée lorsque l’on empêche un acide et une base dits de Lewis de se réunir. Une « énergie de la frustration » qui permettrait de remplacer les métaux tels que l’iridium, coûteux et peu écologiques, utilisés jusqu’ici par des acides et des bases faits de bore, de carbone d’hydrogène et d’azote.

Toujours dans le domaine de la chimie, au service de l’environnement, l’équipe de Jérôme Claverie a mis au point un nouveau polymère époxy écologique : dur comme du verre, sa fabrication ne nécessite pas de solvants organiques dangereux, ni de composés organiques volatiles et il ne contient pas de bisphénols.

En intégrant des conduits microscopiques au cœur du verre qui compose les écrans de nos téléphones et tablettes, Jérôme Lapointe (Polytechnique Montréal) a réussi à créer des « guides d’onde », qui font circuler la lumière sur la surface totalement transparente. Cette découverte pourrait permettre la conception d’un nouveau verre interactif qui serait par exemple en mesure de donner la température corporelle par simple contact avec un doigt. Les essais réalisés sont 10 fois plus performants que ceux obtenus jusqu’ici et commencent déjà à intéresser Samsung.

Réduire encore la taille des ordinateurs tout en les rendant plus puissants, c’est l’objectif que poursuivent de nombreux chercheurs. Thomas Szkopek, chercheur à l’Université McGill, s’est tourné vers le phosphore noir pour remplacer le silicium des circuits électriques, dont l’efficacité n’est plus optimale à de très petites échelles. Les premiers travaux effectués font du phosphore noir un candidat idéal pour remplacer le silicium : un mouvement d’électrons bidimensionnel est en effet possible dans une couche de quelques atomes d’épaisseur…

Roberto Morandotti (INRS) est quant à lui bien parti pour réussir à dompter les décharges électriques, qui, comme les éclairs, suivent une trajectoire erratique. En « emprisonnant » la décharge dans des faisceaux laser d’Airy, il serait ainsi possible de contrôler cette trajectoire, ce qui permettrait, par exemple, de graver des matériaux avec une grande précision.

Les 10 découvertes de l’année ont été sélectionnées par un jury composé de :
Benoît St-Jacques, directeur, coordination de la recherche à l’Institut de Recherche en Immunologie et Cancérologie – Prix du public 2014 ; Louis Lefebvre, professeur au département de biologie de l’Université McGill ; Mathieu Picard, professeur adjoint au département de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke ; Robert Lamontagne, chercheur au département de physique de l’Université de Montréal et directeur exécutif de l’Observatoire du Mont-Mégantic ; Chantal Srivastava, journaliste au magazine Les années lumière à Radio-Canada ; Normand Voyer, professeur au département de chimie de l’Université Laval. Et l’équipe de Québec Science, Pierre Sormany, Raymond Lemieux, Joël Leblanc et Marine Corniou.

Rédacteur :
Pauline Bryère, chargée de mission scientifique, pauline.bryere[a]diplomatie.gouv.fr