Le grand brochet menacé
Brève
Canada
|
Agronomie et alimentation
24 février 2017
Une étudiante de l’Université du Québec à Montréal remporte un prix de la Society of Environmental Toxicology and Chemistry pour ces travaux sur les effets des substances toxiques sur les organismes aquatiques.
« Prédateurs redoutables, les brochets jouent un rôle majeur dans la chaîne alimentaire. S’ils sont en mauvaise santé, c’est tout l’écosystème du fleuve qui est affecté ! » Étudiante à la maîtrise en biologie, Julie Reinling mène une recherche sur le phénomène de la contamination du grand brochet par les retardateurs de flamme. « Ces composés chimiques, utilisés pour rendre moins inflammables certains produits d’utilisation courante, sont présents dans les eaux du Saint-Laurent, note l’étudiante. Il s’agit d’un cocktail toxique qui affecte une multitude d’organismes aquatiques, dont le brochet. »
Chaque jour, des millions de litres d’eaux de pluie et d’eaux usées aboutissent à la station d’épuration de l’île de Montréal pour y être traités. Mais ce traitement est incomplet et de nombreuses substances polluantes subsistent. Malgré le retrait des particules en suspension, des bactéries pathogènes et d’une grande partie de la matière organique, du phosphore et de l’azote, l’eau rejetée contient encore plusieurs polluants pouvant affecter le système hormonal, immunitaire et reproducteur des organismes aquatiques vivant en aval, dans le fleuve. « Mon objectif est de mieux comprendre les effets de ces polluants sur la faune du Saint-Laurent, dit la jeune chercheuse. J’étudie deux populations de brochets, ceux installés à la sortie de la station d’épuration, soit dans le panache de l’effluent, et d’autres qui se trouvent dans la région des îles de Boucherville. »
Des effets néfastes
Julie Reinling a constaté que les poissons résidant dans le panache de l’effluent accumulaient dans leur foie quatre fois plus de PBDE – substances chimiques servant de produits ignifuges – que ceux capturés en amont de la station d’épuration. Les réponses biologiques des brochets sont aussi différentes en fonction du sexe, souligne la chercheuse. « Chez les mâles, l’exposition à l’effluent est associée à des changements dans la transcription de gènes impliqués dans le métabolisme des acides gras et à une diminution de l’activité d’une enzyme responsable du catabolisme (phase du métabolisme) des acides gras. Chez les femelles exposées à l’effluent, on remarque une augmentation dans le plasma des niveaux d’hormones thyroïdiennes – dont l’un des rôles est d’intervenir dans la régulation du métabolisme énergétique – ainsi qu’une augmentation du pourcentage de lipides dans le foie, comparativement à ce qui est observé en amont. »
Récipiendaire d’une bourse d’excellence de 5 000 dollars de la Faculté des sciences, remise par la Fondation de l’UQAM en janvier 2016, Julie Reinling termine actuellement sa maîtrise sous la codirection du professeur du Département des sciences biologiques Jonathan Verreault, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en toxicologie comparée des espèces aviaires et membre du Centre de recherche en toxicologie de l’environnement (TOXEN).
Source :
Site web de l’Université du Québec à Montréal – 20 février 2017
Relayé par : Clémence Rampillon, chargée de mission Science et Technologie à Montréal, clemence.rampillon[a]diplomatie.gouv.fr