L’homme pourrait accélérer l’évolution en provoquant l’extinction des « jeunes » espèces

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Canada | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement | Agronomie et alimentation
29 mars 2016

Une nouvelle étude montre que lorsque les humains accélèrent le processus habituellement lent de l’évolution en introduisant de nouvelles espèces, un impact durable sur l’écosystème peut en être la conséquence. Le phénomène est connu sous le nom de spéciation inverse.

Trois ans seulement après que les écrevisses aient été introduites dans un lac de Colombie-Britannique, deux espèces de poissons qui avaient existé dans ce lac pendant des milliers d’années ont soudainement disparu. Mais c’est ce qui a pris leur place qui a fasciné les scientifiques.

Une nouvelle étude de chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique (UBC) montre que lorsque l’homme accélère le processus habituellement lent de l’évolution en introduisant de nouvelles espèces, il peut en résulter un impact durable sur l’écosystème. Le phénomène est connu sous le nome de spéciation inverse et les chercheurs l’ont observée dans le lac Enos, sur l’île de Vancouver, où deux espèces similaires de poissons épinoche à trois épines ont disparu en juste trois ans.

« Quand deux espèces similaires sont dans un même environnement, ils jouent souvent des rôles écologiques différents », indique Seth Rudman, doctorant en zoologie à UBC. « Quand ils disparaissent, cela engendre des conséquences importantes pour l’écosystème ».

Deux espèces en voie de disparition de poissons épinoche à trois épines vivaient dans le lac. L’une vivait au milieu du lac et se nourrissait la plupart du temps de zooplancton tandis que l’autre vivait plus près de la rive, et mangeait des insectes dans leur stade larvaire dans l’eau. Au milieu des années 1990, les écrevisses ont été introduites dans le lac. Entre 1994 et 1997, les chercheurs ont documenté la façon dont les deux espèces ont disparu à la suite de croisements, laissant seulement une espèce hybride.

Dans cette étude, publiée récemment dans la revue Current Biology , les chercheurs documentent comment le passage de deux espèces distinctes à une espèce hybride a eu un impact sur l’écosystème. La nouvelle espèce d’épinoche n’a pas les mêmes caractéristiques que ses prédécesseurs. L’hybride passe plus de temps près de la rive du lac et mange de plus gros insectes. En conséquence, le nombre de petits insectes qui sortent du lac a augmenté, montrant comment les changements dans le lac impactent aussi l’écosystème terrestre. Avec le nouvel hybride, les chercheurs ont également constaté que les feuilles qui tombent dans le lac ne se décomposent pas aussi rapidement.

Dolph Schluter, Professeur au département de zoologie à UBC et co-auteur de cette étude, précise qu’il ne s’agit que d’un seul exemple de spéciation inverse et que cela devient un phénomène de plus en plus fréquent, en particulier dans des environnements qui ont été modifiés par l’homme. Les chercheurs expliquent également que le Canada est plus à risque pour ce type d’événements parce que les « jeunes » espèces sont plus sujettes à inverser la spéciation.

« Une grande partie de la biodiversité du Canada, en particulier les poissons dans les lacs et les rivières, sont considérés comme des espèces « jeunes »qui se sont formées dans les 12 000 dernières années » explique S. Rudman. « Ce type d’évolution, connue sous le nom de spéciation inverse, se produit de manière notable rapidement et peut causer des altérations à l’écologie de l’écosystème. Cela signifie que nous devons absolument considérer l’évolution, dans nos efforts liés à la conservation ».

Pour en savoir plus :
Article original : Rudman S. and D. Schluter 2016, “Ecological Impacts of Reverse Speciation in Threespine Stickleback”, Current Biology , Volume 26 , Issue 4 , 490 - 495, DOI : http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2016.01.004
http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822%2816%2900040-3
Contact :
Prof. Dolph Schluter
Canada Research Chair – Department of Zoology
University of British Ciolumbia
Email : schluter chez zoology.ubc.ca

Source :
Communiqué de presse du 23 février 2016 de l’Université de Colombie Britannique –
http://news.ubc.ca/2016/02/23/humans-speeding-up-evolution-by-causing-extinction-of-younger-species/

Rédacteur :
Mathieu Leporini – Attaché pour la Science et la Technologie à Vancouver – mathieu.leporini[a]diplomatie.gouv.fr