Des fossiles du site des Schistes de Burgess révèlent le plus ancien exemple de soins parentaux

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25 janvier 2016

En réexaminant des fossiles de Waptia fieldensis, découvert dans les schistes de Burgess il y a un siècle, deux paléontologues ont mis en évidence une stratégie de soins parentaux très ancienne. Ce petit arthropode ressemblant à une crevette couvait ses œufs, protégeant ainsi la croissance de ses embryons.

Bien avant que les kangourous ne transportent leurs petits dans leurs poches et que les abeilles ne nourrissent les leurs dans des ruches, existait le Waptia , vieux de 508 millions d’années. On connait peu sur cette créature, qui ressemble à une crevette, découverte pour la première fois dans des dépôts de fossiles du renommé Schiste de Burgess. De récentes analyses par des scientifiques de l’Université de Toronto, du Musée Royal de l’Ontario et du CNRS ont révélées la présence d’œufs et d’embryons préservés à l’intérieur du corps de l’animal. C’est le plus vieil exemple de couvée conservée dans l’histoire des fossiles.

« En tant que plus ancienne et directe preuve de créature transportant sa progéniture, cette découverte ajoute une autre pièce à notre compréhension des pratiques de soin parentaux pendant l’explosion Cambrienne, une période de développement évolutionnaire rapide durant laquelle la plupart des animaux majeurs apparaissent dans l’histoire des fossiles » déclare Jean-Bernard Caron, curateur en paléontologie des invertébrés au Musée Royal de l’Ontario et professeur associé dans le département des Sciences de la Terre et Ecologie et Biologie évolutionnaire à l’université de Toronto.

Le Dr. Caron et le Dr. Jean Vannier directeur de recherche CNRS au sein du Laboratoire de Géologie de Lyon, décrivent leurs découvertes dans une étude publiée le 17 décembre 2015 dans le journal Current Biology .

Waptia fieldensis est un anthropode primitif, appartenant au groupe d’animaux qui inclut les homards et les écrevisses. Il possède une structure en forme de coquille en deux parties, couvrant le segment antérieur de son corps à proximité de la tête, nommé carapace bivalve. Les Dr. Caron et Dr. Vannier pensent que cette carapace joue un rôle fondamental dans la stratégie de soin parental de cette créature.

« Des groupes d’objets ressemblant à des œufs sont évidents dans cinq des divers spécimens que nous avons observés, tous situés sous la carapace et le long du tiers antérieur du corps » indique le Dr. Caron.

Ces œufs sont disposés en une couche simple entre la carapace et le corps avec très peu ou pas de chevauchement entre les œufs. Dans certains spécimens, les œufs sont équidistants les uns des autres, tandis que dans d’autres, certains sont plus proches, reflétant probablement les variations d’angles et les mouvements lors de l’inhumation. Le nombre maximum d’œufs préservés par individu est 24.

« Cette créature élargit notre perspective sur la diversification des soins parentaux chez les anthropodes primitifs » dit le Dr. Vannier, le co-auteur de l’étude. « La taille relativement large des œufs et leur nombre réduit contraste avec le grand nombre et la petite taille des œufs trouvés précédemment dans d’autres anthropodes bivalves connu comme Kunmingella douvillei. Et bien que cette créature précède Waptia d’environ sept millions d’années, aucun de ces œufs ne contient d’embryon. »

Kunmingella douvillei présentait aussi une méthode différente pour transporter ses petits, ses œufs ont été trouvés plus bas dans le corps et attachés à son appendice.

La présence de ces deux stratégies parentales différentes suggère une évolution rapide et indépendante d’une variété de stratégies de soins parentaux. Avec les précédents œufs couvés décrits chez des ostracodes de la période de l’ordivicien supérieur il y a 450 millions d’années, cette découverte supporte la théorie que la présence de carapace bivalve a joué un rôle clé dans l’évolution précoce dans les soins parentaux chez les anthropodes.

Cette recherche intitulée Waptia et la diversification des soins parentaux chez les anthropodes primitifs” est publiée dans le journal Current Biology . Elle a été financée par le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada pour Jean-Bernard Caron, et par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) pour Jean Vannier et l’Université de Lyon.
Ces remarquables spécimens de fossiles sont maintenant exposés au Musée Royal de l’Ontario au sein de la nouvelle exposition « L’aube de la vie ».

Pour en savoir plus  :
Current Biology : Waptia and the Diversification of Brood Care in Early Arthropods
Current Biology, 11 January 2016 : Vol. 26, Issue 1, p69–74, DOI : http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2015.11.006
http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822%2815%2901367-6 ?

Source :
Nouvelles de la Faculté des Arts et des Sciences de l’Université de Toronto- 17 décembre 2015
news.artsci.utoronto.ca/all-news/burgess-shale-fossil-site-gives-up-oldest-evidence-of-brood-care

Rédacteur :
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr