Des chercheurs dévoilent de nouvelles données pour les traitements anti-cancéreux

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Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
25 janvier 2017

Des chercheurs de l’université de Toronto, en Ontario, ont découvert plus de 300 traitements ciblés sur le cancer, attirant l’intérêt de l’industrie pharmaceutique à la recherche de traitements plus précis.

Dirigée par le professeur Igor Stagljar du Centre Donnelly de l’Université de Toronto, l’étude trace les interactions entre le récepteur tyrosine kinases (RTK) et la protéine tyrosine phosphatases (PTP) chez les humains, qui peuvent entraîner un cancer lorsque leurs fonctions sont perturbées. L’étude très attendue est présentée en couverture de la revue Molecular Cell du 19 janvier 2017.

La plupart des patients atteints de cancer sont traités par la chimiothérapie à effets secondaires sérieux.

Au cours des quinze dernières années, une nouvelle génération de médicaments « intelligents » contre le cancer a été développée, comme Gleevec, qui guérit efficacement certaines formes de leucémie. Ces médicaments sont conçus pour cibler les cellules cancéreuses avec beaucoup de précision, afin d’éviter de nuire à un tissu sain. Ils le font en bloquant des protéines appelées kinases, qui comprennent des récepteurs tyrosine kinases (RTK) qui contrôlent la croissance cellulaire. Les RTK se transforment souvent dans le cancer. Cependant, les médicaments existant bloquent seulement une fraction de RTKs.

Zhong Yao, associé principal de recherche, a été en mesure de mener l’étude la plus vaste jamais réalisée des RTK en cartographiant leurs interactions physiques avec les PTP, en utilisant des méthodes développées auparavant dans le laboratoire de Stagljar.

« Nous avons testé les interactions entre presque tous les 58 RTKs et 144 PTP qui existent dans les cellules humaines. Notre carte révèle de nouveaux et surprenants fonctionnements de ces protéines ensemble. Ce nouvel aperçu nous aidera à mieux comprendre ce qui ne va pas dans le cancer afin de développer des traitements plus efficaces », indique Stagljar, également professeur de génétique moléculaire et de biochimie.

Fixés à l’intérieur de l’enveloppe extérieure de la cellule, ou membrane, les RTK reçoivent des signaux du monde extérieur - une hormone, par exemple - indiquant à la cellule de croître et de se diviser. Normalement, leur activité est contrôlée par des PTP, qui lient les RTK et les neutralisent. Cela empêche la division cellulaire prolongée qui pourrait entraîner un cancer.

La place des RTK dans la membrane cellulaire est essentielle pour leur fonctionnement, mais c’est aussi ce qui les rend difficile à appréhender. Les méthodes traditionnelles n’ont pas été capables de capturer les interactions physiques souvent courtes entre RTKs et PTP parce que la membrane environnante doit être dissoute, ce qui modifie le comportement des protéines.

Stagljar a comblé cette lacune en développant des technologies MYTH et MaMTH conçues précisément pour mesurer ces interactions fugaces entre les protéines membranaires dans leur milieu naturel.

La carte qui en résulte répertorie plus de 300 interactions entre les RTK et les PTP dans les cellules humaines, chacune étant un moyen potentiel de combattre le cancer. Les résultats ont attiré l’attention des grandes sociétés pharmaceutiques, y compris le géant pharmaceutique Genentech, ce qui pourrait mener à des collaborations futures dans le développement de médicaments.

Stagljar a travaillé avec deux experts de premier plan en biologie PTP : la professeure Anne-Claude Gingras de l’institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum et le département de génétique moléculaire de l’U de T et le professeur Benjamin Neel de l’Université de New York, Réseau Princess Margaret Cancer Center.

« Nous voulions montrer que ces deux tests que nous avons développés dans notre laboratoire - MYTH et MaMTH - sont adaptés pour étudier ces deux importantes classes de protéines sur une telle grande échelle. La richesse qui en résulte d’importantes données peut être utilisée pour développer de nouvelles thérapies contre divers types de cancer », précise Stagljar. « En fin de compte, nous voulons construire une carte des interactions avec les quelque 3 000 protéines membranaires humaines, dont au moins 500 ont un impact direct dans l’apparition de nombreuses maladies humaines ».

En savoir plus :
Cell Volume 65, Issue 2, p347–360, 19 Janvier 2017- A Global Analysis of the Receptor Tyrosine Kinase-Protein Phosphatase Interactome

DOI : https://www.cell.com/molecular-cell/fulltext/S1097-2765(16)30817-6 ?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS1097276516308176%3Fshowall%3Dtrue
http://www.cell.com/molecular-cell/fulltext/S1097-2765(16)30817-6

Source :
News- University of Toronto- 6 janvier 2017
https://www.utoronto.ca/news/u-t-research-unlocks-new-data-cancer-drugs

Rédacteur :
Armelle Chataigner-Guidez, Assistante du conseiller pour la science & la technologie, Ambassade de France au Canada