Communiquer sur les dossiers de fraudes scientifiques : un exercice délicat

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Canada

Brève
Canada | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
23 décembre 2016

Les organismes de recherche éprouvent des difficultés à identifier et à gérer en interne les cas de fraudes scientifiques. Communiquer sur ces affaires est également un "challenge" car il faut à la fois être transparent et lutter contre ce phénomène, mais aussi respecter la vie privée et préserver l’image de l’institution.

La fraude et les rétractions de publications scientifiques semblent être en augmentation depuis quelques années. Ceci est probablement lié aux outils de surveillance informatique (logiciels) et aux plateformes de partage disponibles de nos jours. L’objet de ce billet n’est pas de mettre en exergue un cas spécifique de fraude scientifique au Canada (car tous les pays, y compris la France, sont concernés) mais de relayer les interrogations des chercheurs canadiens sur la gestion par les établissements de recherche de la communication dans ces situations de crise.

Dans une affaire récente, après avoir diligenté une enquête interne, UBC (University of British Columbia) a décidé de ne pas révéler le nom d’une scientifique fautive. En effet, en Colombie-Britannique, les institutions ne peuvent pas communiquer publiquement les noms des falsificateurs scientifiques sauf s’il y a un intérêt "significatif" pour le grand public. Ces lois visent à protéger la vie privée des citoyens. Certains collègues canadiens s’en étonnent : ils estiment que les organismes ayant financé les recherches de cette chercheuse devraient être informés ; et que ses publications, sur lesquelles pèsent un sérieux doute, devraient être plus facilement identifiables. Des chercheurs suggèrent de suivre l’exemple du Ministère américain de la Santé (US Department of Health and Human Services) qui publie les noms des scientifiques ayant commis des fraudes… alors que la NSF (National Science Foundation), toujours aux Etats-Unis, ne le fait pas.

L’exercice est délicat pour les centres de recherche qui doivent faire preuve de transparence et communiquer sur les cas de fraudes avérées (auprès de la communauté scientifique et du grand public) mais qui doivent également respecter certains droits fondamentaux (vie privée) et ne pas écorner l’image de l’institution dans sa globalité, ce qui est préjudiciable à l’ensemble de leurs chercheurs.

Source :
Science - 14 décembre 2016
http://www.sciencemag.org/news/2016/12/canada-case-spurs-concern-over-misconduct-secrecy
DOI : 10.1126/science.aal0505

Rédacteur :
Fabien AGENES, Attaché de Coopération Scientifique et Universitaire au Consulat Général de France à Vancouver- fabien.agenes[a]diplomatie.gouv.fr