Atlantique Nord : Vents et températures des eaux de surface

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Canada | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
30 mars 2016

Une étude révèle comment les flux éoliens évoluent en fonction des températures des eaux de surface.

Des vents changeants peuvent expliquer pourquoi les variations à long terme des températures de surface de l’Atlantique Nord n’ont aucune influence apparente sur les températures hivernales en Europe. Les résultats, publiés dans Nature Communications, pourraient également avoir des répercussions sur la façon dont le climat de l’Europe va évoluer en relation avec le réchauffement climatique.

Au milieu des années 1990, les scientifiques ont assemblé les premières données sur un siècle des températures de surface de la mer de l’Atlantique Nord et rapidement découvert un cycle de réchauffement et de refroidissement à la surface de l’océan. Chacune de ces phases a duré pendant des décennies, même si les températures se réchauffaient globalement au cours du siècle. Depuis cette découverte, ces fluctuations de températures de l’océan ont été reliées à toutes sortes de dérèglements climatiques de l’hémisphère Nord, de la sécheresse au Sahel aux ouragans en Atlantique Nord.
Les études ont également relié la variabilité climatique européenne aux variations de température de son océan voisin aux printemps, été et automne. Curieusement, cependant, aucune empreinte de la variabilité de l’océan n’est ressortie dans les données de température hivernale de l’Europe occidentale. Cette absence est particulièrement troublante à la lumière du fait que les hivers doux de l’Europe sont une conséquence directe de son emplacement privilégié sous les vents de l’Atlantique Nord.

Aujourd’hui, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill et l’Université de Rhode Island suggère que la réponse à cette énigme réside dans les vents eux-mêmes. Les fluctuations de température de l’océan sont accompagnées par des changements de direction des vents. Ces changements de vent signifient que l’air arrive en Europe occidentale par des chemins très différents au cours des décennies où la surface de l’Atlantique Nord se réchauffe, par rapport aux décennies où elle se refroidit.

Des chemins de particules virtuelles retracés

Les chercheurs ont étudié les vents et leur interaction avec l’océan dans une reconstruction du climat du 20ème siècle récemment mise au point. Leur approche principale était de lancer des particules virtuelles dans les vents, et de tracer leur route pendant dix jours clés menant à leur arrivée en Europe occidentale. Ils ont répété cette procédure en utilisant le champ de vent pour chaque hiver des 72 dernières années, période pour laquelle les vents de l’Atlantique Nord ont déjà été soigneusement documentés et validés.

La nouvelle recherche révèle que, pendant les décennies durant lesquelles les températures de surface de la mer de l’Atlantique Nord ont augmenté, les vents soufflaient l’air sur l’Europe de manière de force inégale par le nord. Par contre, pendant les décennies où les températures de surface de la mer étaient plus froides, des vents plus rapides tiraient plus de chaleur de l’Atlantique Ouest et de l’Atlantique Centre avant d’atteindre l’Europe. Les chercheurs assument que les différentes voies atmosphériques préservent l’Europe de l’oscillation océanique en hiver.

Débat actuel

« Le débat actuel porte sur le fait de savoir si la circulation océanique détermine les lentes variations de température à la surface de l’océan, ou si l’atmosphère est l’agent le plus important », indique l’un des auteurs, le professeur Jaime Palter, de l’Université de Rhode Island.
Si, tels que de nombreux modèles climatiques le suggèrent, l’océan est le facteur principal, alors cette recherche est porteuse d’implications pour l’avenir du climat en Europe.

Un système de courants océaniques, communément appelé le grand « transporteur océanique à courroie » apporte des eaux chaudes dans l’Atlantique Nord. On prévoit que ce système de courants va ralentir, en réponse au réchauffement climatique, refroidissant ainsi l’Atlantique Nord.
« On suggère souvent que l’Atlantique Nord plus froid conduira rapidement à un refroidissement en Europe, ou tout au moins à un ralentissement de son réchauffement » précise Ayako Yamamoto, étudiant en doctorat au département de sciences atmosphériques et océaniques de l’Université McGill et auteur principal de l’étude. « Mais notre étude suggère que la dynamique de l’atmosphère pourrait empêcher ce refroidissement relatif d’apparaître en Europe pendant l’hiver, dans les décennies qui suivront le refroidissement de l’Atlantique ».

Pour en savoir plus :
Nature Communications , en ligne 15 mars 2016 : The absence of an Atlantic imprint on the multidecadal variability of wintertime European temperature , Ayako Yamamoto et Jaime B. Palter
DOI : 10.1038/NCOMMS10930
http://www.nature.com/ncomms/2016/160315/ncomms10930/full/ncomms10930.html
Contact
Ayako Yamamoto- Dept. of Atmospheric and Oceanic Sciences - McGill University- Email :
ayako.yamamoto chez mail.mcgill.ca
Contact Media Relations - McGill University :
Chris Chipello- chris.chipello chez mcgill.ca

Source  :
Newsroom McGill University- 15 mars 2016- https://www.mcgill.ca/newsroom/channels/news/winds-hide-atlantic-variability-europes-winters-259681

Rédacteur :
Armelle Chataigner-Guidez, Assistante du conseiller pour la science & la technologie, Ambassade de France au Canada- armelle.chataigner-guidez[a]diplomatie.gouv.fr