Une équipe de chercheurs de l’Université des sciences appliquées de Haute-Autriche développe un outil de surveillance pour augmenter la résilience face aux crises alimentaires

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Autriche

Autriche | Agronomie et alimentation
30 juin 2022

La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine montrent que les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont loin d’être à l’abri des crises. Une équipe de chercheurs de l’Université des sciences appliquées de Haute-Autriche (FH Oberöstererich) travaille sur un système d’évaluation et de résilience face aux risques actuels.

Ces dernières semaines ont souligné que la guerre en Ukraine constitue un problème majeur au regard de l’approvisionnement alimentaire mondial – l’Ukraine étant par exemple surnommée "le grenier à blé de l’Europe". En cas de défaillance des fournisseurs, il devient alors urgent de trouver rapidement des solutions de remplacement. Si l’on n’y parvient pas rapidement, l’on risque la rupture de stock. Dans le domaine alimentaire en particulier, il ne doit pas y avoir de pénuries et l’approvisionnement doit être garanti sur l’ensemble d’un territoire donné. La pandémie de Covid-19 a également démontré que les chaînes mondiales d’approvisionnement ne sont pas à l’abri des crises. En outre, la fiabilité des chaînes d’approvisionnement n’est pas le seul critère important en temps de crise. Le comportement - parfois irrationnel - des consommateurs doit également être pris en compte.

Les expériences de ces dernières années ont ainsi fait naître le besoin d’outils permettant de surveiller la sécurité de l’approvisionnement alimentaire. Les pannes critiques doivent être rapidement détectées et enregistrées de manière centralisée, afin que des mesures correctives puissent être prises en temps voulu. C’est l’idée qui sous-tend le projet Syri - Systemisches Risikomanagement und Resilienzplanung für die österreichische Lebensmittel-Versorgungssicherheit (Gestion systémique des risques et planification de la résilience pour la sécurité de l’approvisionnement alimentaire en Autriche), lancé cette année au Logistikum de l’Université des sciences appliquées de Haute-Autriche à Steyr (FH Oberösterreich). "Il s’agit de savoir comment garantir ensemble l’objectif primordial de la sécurité de l’approvisionnement. C’est pourquoi la majeure partie du commerce alimentaire de détail du pays - c’est-à-dire toutes les grandes chaînes de supermarchés - est à bord du projet", explique au Standard Melanie Hinterplattner, cheffe de projet et professeure en gestion de la chaîne d’approvisionnement à la FH Oberösterreich. Dans sa thèse de doctorat, l’économiste s’était déjà penchée sur la gestion des risques liés aux chaînes d’approvisionnement, mais en se limitant au contexte de l’entreprise. Dans le cadre de ce projet, elle transpose ses recherches dans un contexte national.

Dans le cadre de ce projet, les détaillants et les producteurs centraux transmettent des données quotidiennes sur leurs chaînes d’approvisionnement afin de dresser une image détaillée des chaînes de création de valeur. A cela s’ajoutent les données de production régionales des entreprises agricoles nationales. Le ministère fédéral autrichien de l’Agriculture a également accès au système – uniquement en situation de crise – afin d’obtenir un aperçu de la situation actuelle de l’approvisionnement. Comme les données des partenaires contiennent des informations confidentielles qui ne doivent pas être transmises à des tiers, des mesures de précaution dans le domaine du traitement des données font également partie intégrante du projet, souligne Melanie Hinterplattner.

Le ministère de l’Agriculture a défini comme critiques les groupes d’aliments qui font partie d’une alimentation équilibrée. Il s’agit notamment des fruits, des légumes, des produits laitiers, de la viande et des céréales. L’outil de suivi des crises doit permettre de comprendre comment, dans les chaînes de valeur correspondantes, un problème concret - comme la fermeture soudaine d’un poste frontière ou l’arrêt d’un site de production - se propage à travers l’enchevêtrement des chaînes d’approvisionnement et entraîne des défaillances à différents points. "Le système attribue des valeurs de risque et des taux de défaillance à chaque filiale commerciale, à chaque producteur de denrées alimentaires ou à chaque acteur international significatif pour l’Autriche", explique Mme Hinterplattner. "La simulation de la chaîne d’approvisionnement doit également permettre d’envisager différents scénarios afin d’identifier les points faibles de l’approvisionnement".

Les chercheurs sont actuellement occupés à collecter les données, avant de passer à la mise en place des infrastructures de base de données et à la modélisation détaillée de la chaîne d’approvisionnement. Une étude sur la réaction de la population aux situations de crise doit également être intégrée. Le projet prendra normalement fin en mars 2024.

Pour en savoir plus :

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/