Un projet transnational pour mieux comprendre l’effet du changement climatique sur les paysages subarctiques

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Autriche | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
14 février 2020

Comment réagissent les paysages au réchauffement de la surface de la planète ? Une étude internationale à laquelle participent des chercheurs de différentes structures autrichiennes cherche à répondre à cette question dans le cas des paysages de prairie subarctique.

Les prairies subarctiques (« subartic grasland ») sont des régions de l’hémisphère Nord situées majoritairement en Alaska, au Canada et en Sibérie. Un groupe de chercheurs a ciblé en particulier une île du Nord de l’Atlantique. Ces scientifiques ont analysé plus d’une centaine de composants caractéristiques de cet écosystème – plantes, micro-organismes et animaux. Grâce aux données de chercheurs islandais qui existent depuis 50 ans sur le réchauffement du sol de cette île, en lien avec l’activité géothermique locale, il était déjà connu que cette zone était exposée au réchauffement de son sol sur cette période.

Ce projet est remarquable par son ampleur et par l’effort d’analyse sur le long terme. Les chercheurs souhaitent caractériser les effets et les réponses des végétaux, organismes et animaux de la prairie subarctique exposés à ce réchauffement sur le court-terme (5 à 8 ans) et sur le long-terme (plus de 50 ans). De telles expériences se concentrent généralement sur le court ou le moyen-terme (moins de 15 ans) et sur une sélection restreinte d’espèces, compte-tenu des contraintes de financement de la recherche.

L’équipe de scientifiques, coordonnée par Tom Walker de l’École polytechnique fédérale de Zurich, rassemble des chercheurs d’une dizaines de pays dont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, l’Islande, la Pologne, la Suède, la Suisse et la République tchèque. Parmi eux, l’Autriche est représentée avec l’Université de Vienne, notamment par Andreas Richter, vice-directeur du Centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux, l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA) et l’Université d’Innsbruck.

Ces travaux, publiés dans Nature Ecology & Evolution, se révèlent particulièrement important dans la compréhension des effets du réchauffement sur le long terme.

Les résultats de leur étude démontrent qu’un réchauffement sur le long-terme, même faible (de l’ordre d’un degré Celsius) a pour effet de déséquilibrer durablement l’écosystème. L’Université de Vienne rapporte les propos d’Andreas Richter à ce sujet :

[Le réchauffement] a entraîné une réduction de la richesse en espèces, une modification de répartition, une biomasse considérablement plus faible et une baisse drastique du stockage de carbone dans le sol. […] Les écosystèmes naturels changent de façon permanente avec le réchauffement à long terme, ils ne s’adaptent pas à des températures plus élevées de telle sorte qu’après un changement initial tout soit "revenu à la normale".

Un second enseignement de cette étude est le décalage mesuré dans les effets, si l’on compare les résultats avec ceux des études menées sur une période plus courte. Les réponses des écosystèmes au réchauffement diffèrent quand le temps d’exposition est long (au-delà de 5 à 8 ans). Concrètement, de tels résultats sont un indicateur que les effets du réchauffement climatiques, tels qu’ils sont étudiés actuellement, pourraient ne pas être peu fiables sur une longue période. Cela signifie également que les financements de recherche devraient s’adapter au besoin de soutenir des études sur le long terme, ce à quoi Andreas Richter appelle.

Sources :

Rédactrice : Marie Belland - https://at.ambafrance.org/