Tabac et santé : revaloriser la culture traditionnelle de tabac pour lutter contre les épidémies

La culture traditionnelle du tabac nicotiana benthamiana, plante utilisée par la population australienne avant la commercialisation du tabac à travers le monde, décroît en Australie. Cette espèce possède la particularité de s’être adaptée aux conditions climatiques extrêmes de sa région d’origine. A travers la sélection naturelle de ces plants en Australie, cette espèce est devenue très sensible aux infections par des agents pathogènes. Une spécificité génétique qui rend cette plante très utile à de nombreux travaux en laboratoire. En effet, un procédé développé par l’Université des ressources naturelles de Vienne (BOKU) permet d’utiliser la nicotiana benthamiana en combinaison avec des phytopathogènes pour obtenir des germes porteurs de gènes sélectionnés pour les injecter à des espèces hôtes. Cette méthode permet d’effectuer des manipulations génétiques, et notamment de produire des protéines dont les caractéristiques répondent parfaitement à des critères spécifiques dans la préparation de vaccins. Des bactéries et cellules animales étaient souvent utilisées jusqu’à présent, or des cellules végétales pourraient s’avérer plus sûres.

Selon Eva Stöger, biologiste à la BOKU, l’avantage de cette technique est également sa rapidité, car la production de protéines ne dure que 2 semaines. Elle a par exemple fait partie de l’équipe mobilisée dans la lutte contre le virus Ebola, qui avait tenté de développé un vaccin en utilisant la nicotiana benthamiana. Ce vaccin ne s’est pas révélé efficace, mais un consortium de chercheurs issus de 19 universités, dont la BOKU qui a créé le projet NEWCOTIANA, promeut et améliore l’utilisation de cette espèce de tabac dans la production de vaccins, médicaments et de produits cosmétiques.

NEWCOTIANA est un projet coordonné par l’Université de Valence et financé par le programme-cadre européen de recherche et d’innovation Horizon 2020. Il rassemble des partenaires issus de 8 pays européens et une structure australienne ; l’Université de Queensland. Le projet comporte une dimension de revalorisation économique, puisque la production de tabac est déclinante en Australie et en Europe. Un tel projet permettrait d’utiliser les plants de tabac dans des activités médicales et pharmacologiques, au lieu de produire du tabac à fumer.

Pour en savoir plus :

• Sur le projet Newcotiana : https://newcotiana.org/

Sources :

• « Tabak : Vom Suchtmittel zum Heilkraut », Der Standart, 1.11.2019 (en allemand)

Rédactrice : Marie Belland, marie.belland[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/