Pour une pisciculture durable : entretien avec l’équipe franco-autrichienne de la start-up Blue Planet Ecosystems

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Autriche

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Autriche | Agronomie et alimentation | Science de la matière : matériaux, physique, chimie, optique
8 janvier 2024

Face au besoin alimentaire d’une population mondiale grandissante et aux défis environnementaux liés à la surpêche, la start-up viennoise Blue Planet Ecosystems a mis au point une solution pour une pisciculture durable et écologique, avec une méthode innovante.

L’équipe du service scientifique et universitaire de l’Institut français d’Autriche et de l’Ambassade de France en Autriche a été à la rencontre de son équipe franco-autrichienne : Cécile Deterre, responsable du pôle informatique, Andreas Werlberger, responsable du pôle biologie et Paul Schmitzberger, directeur général de la start-up.

Tout commence en 2018 lorsque les deux frères autrichiens Paul et Georg Schmitzberger décident de lancer leur start-up pour créer une solution alternative à la production de poissons issus des fermes aquatiques. « Ce projet de la start up répond également à un besoin du consommateur actuel pour plus de transparence sur l’origine et les conditions d’élevage », comme l’explique Cécile Deterre, ancienne élève de Central Paris et titulaire d’un doctorat en physique des particules et spécialiste de la science des données.

La méthode développée par la start-up « LARA » (Land-based Automated Recirculating Aquaculture) est à tout point de vue innovante : elle vise à élever des poissons dans un espace artificiel fermé, en recréant un écosystème naturel composé d’algues et de planctons produits issus de la conversion du CO2 par l’énergie solaire. Le dispositif modulaire est composé de trois parties : (du haut en bas) les algues qui utilisent l’énergie solaire, puis le plancton et enfin les poissons (voir exemple du dispositif).
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© Blue Planet Ecosystems

Le procédé est ainsi le suivant : la start-up fournit l’ensemble de l’unité de production avec les larves de poissons au producteur. Le dispositif modulaire, adaptable à toutes conditions, est ensuite connecté au réseau de l’eau courante. Au bout de six mois, les poissons sont commercialisables et prêts à la consommation. L’eau est ensuite recyclée par filtres intégrés, et une nouvelle production peut être lancée. En une année, il est ainsi possible de produire deux tonnes par an par unité, avec une densité de 60 kg/m³.

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©Blue Planet Ecosystems

En plus du système de production, la start up met à disposition du producteur un système de contrôle permettant de suivre en direct la situation de son élevage avec une application collectant l’ensemble des données enregistrées par des capteurs (flottaison/ alimentation/ maladie) et traitées par l’intelligence artificielle. « Ce suivi permet d’assurer un contrôle efficace de l’élevage en garantissant des bonnes conditions pour les poissons », présente Andreas Werlberger, responsable du pôle biologie. Pour l’instant, Blue Planet Ecosystems se concentre sur un certain type de poissons : le tilapia (poisson d’eau douce) et la crevette, car ils sont résistants, faciles à nourrir et ils vivent en banc. Sur le long terme, la start-up diversifiera l’élevage à d’autres types de poissons en fonction des régions de production, comme la carpe ou le poisson-chat en Autriche . Par ailleurs, Blue Planet développera sa propre nourriture pour poissons, afin d’éviter d’avoir recours aux nourritures actuelles issues massivement de la pisciculture non-durable.

Enfin, cette méthode de production s’adresse à tout type de public. « Cela peut concerner un éleveur qui souhaite diversifier sa production ou bien encore un particulier qui souhaite produire soi-même son poisson  » , précise la responsable du pôle informatique. En pleine phase de développement, la start-up compte déjà un client au Burgenland et en Corée du Sud. « Actuellement, nous fabriquons une unité par semaine. Nous travaillons à l’optimisation de la chaîne de production afin de fabriquer une unité en 15 minutes », souligne le directeur général, Paul Schmitzberger.

Dès sa création, la start-up a bénéficié d’un soutien international et européen, en
obtenant des financements américains dits « accélérateurs » en 2018 puis en 2022 en décrochant le financement européen du Conseil européen de l’Innovation « EIC Accelerator » (voir article sur France diplomatie) pour soutenir les start-ups aux projets innovants.

A titre d’information, la start-up sera présente à la 15e édition « Biomarine » dédiée à l’économie bleue du 30 et 31 janvier à Biarritz.


Rédactrice : Emeline Ogereau, emeline.ogereau[at]diplomatie.gouv.fr - http:/at.ambafrance.org