Point de situation – Le dynamisme de l’Autriche dans le domaine aérospatial

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Autriche

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29 novembre 2022

L’Autriche s’est distinguée ces dernières années par le développement de technologies aérospatiales de pointe, utilisées par de nombreuses missions de la NASA. Retour sur trois exemples de ces technologies développées par trois sociétés différentes, témoignant du dynamisme technologique, industriel et scientifique du pays en matière aérospatiale.

Les sociétés TTTech et Magna

A l’occasion du lancement du programme spatial Artemis I, dirigé par la NASA et marquant la première d’une série de missions visant à faire revenir l’homme sur la Lune, les deux sociétés TTTech et Magna, qui ont respectivement leur siège à Vienne et Graz, ont fourni des composants essentiels pour le nouveau lanceur SLS et la capsule spatiale Orion du programme Artemis I.

TTTech : La force de la technologie aérospatiale développée par TTTech réside dans le développement de circuits Ethernet à déclenchement temporel (Time-Triggered Ethernet). Cette technologie, véritable système nerveux de la fusée, permet de faire en sorte que les données de guidage, de navigation et de contrôle critiques pour la sécurité soient véhiculées sur le même réseau que les données de surveillance ou vidéo non critiques, et ce sur un même support physique, ce qui réduit la taille et le poids du faisceau de câbles embarqués dans la fusée. Dès 2019, la NASA a défini, en collaboration avec les agences spatiales d’autres pays, la technologie Ethernet à déclenchement temporel comme norme ouverte pour l’avionique intégrée aux applications spatiales utilisées pour l’exploration de l’espace lointain, et a également défini cette technologie comme norme dans le cadre des appels d’offres concernant les modules spatiaux. Tous les modules doivent et devront donc être compatibles avec cette technologie. A l’avenir, d’autres véhicules spatiaux, des lanceurs ou la future station spatiale de la NASA pourront ainsi communiquer entre eux sans problème lors de l’arrimage.

Magna  : Si TTTech collabore depuis 2000 avec la NASA dans le cadre de plusieurs projets, il s’agit de la première fois que le département aérospatial de la société Magna produit des composants pour un programme de la NASA : il s’agit du système dit de pressurisation du réservoir du lanceur SLS. Dans des engins propulsés par des moteurs à réaction, en particulier des moteurs-fusées, les réservoirs à carburant (dans le cadre du SLS, les carburants utilisés sont l’oxygène et l’hydrogène liquides) doivent être pressurisés lors du démarrage des moteurs, mais aussi en permanence lors du fonctionnement de ces derniers. La pression en entrée de chaque moteur doit être maintenue pour des raisons d’opérabilité, et pour ce faire, il s’avère nécessaire de remplacer le volume du carburant aspiré par un ou des mélanges de gaz à la bonne pression. Ces derniers sont fournis par des conduites sous pressions appelées systèmes de pressurisation du réservoir. Dans le cas du SLS, l’hydrogène et l’oxygène sont réinjectés dans les réservoirs respectifs via ces conduites sous pression développées par Magna, ce qui permet de garantir une pression de réservoir définie. Les conduites se trouvent en partie à l’extérieur de la fusée et sont visibles sous la forme de fins tubes métalliques à l’extérieur du réservoir.

"Artemis I ne sera certainement pas un aller simple pour la Lune. Au contraire. La mission représente un jalon important pour la poursuite de l’exploration spatiale, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi dans le cadre de la coopération internationale entre la NASA et l’Agence spatiale européenne", a rapporté à l’APA Klaus Pseiner, directeur général de l’Agence autrichienne de promotion de la recherche (la FFG) à propos du lancement de la mission. Pour Pseiner, ces contributions autrichiennes montrent que "les technologies aérospatiales nationales sont compétitives au niveau international et que l’Autriche est un partenaire recherché pour les missions spatiales".

Beyond Gravity

La société Beyond Gravity, basée à Vienne, s’est également distinguée dans le domaine aérospatial en fournissant des protections thermiques et des récepteurs de navigation pour de nombreuses missions spatiales, notamment sur le télescope spatial James Webb (JWST). Successeur du célèbre télescope spatial Hubble, le JWST est le plus complexe et le plus puissant jamais construit. Depuis le mois de juillet 2022, le télescope livre des images spectaculaires du cosmos et des données importantes sur l’histoire de la création de l’Univers et de régions jusqu’alors invisibles encore à analyser. Les premiers clichés du JWST ont dépassé non seulement la qualité et la richesse des détails de son prédécesseur Hubble, mais aussi toutes les attentes en révélant l’Univers avec une clarté jusqu’ici inégalée. Dans ce cadre, l’isolation thermique de l’antenne grâce à laquelle le télescope envoie les données recueillies vers la Terre est fournie par Beyond Gravity. L’isolation doit répondre aux exigences particulières de l’antenne, qui peut fonctionner à des températures allant jusqu’à -238 degrés Celsius. Elle doit ainsi protéger l’antenne de de manière optimale, tout en n’affectant pas la transmission de ses signaux. En outre, Beyond Gravity a fourni les mécanismes de haute précision qui permettent de contrôler l’un des principaux instruments du télescope, le spectrographe proche infrarouge NIRSpec, qui a pour mission de décomposer le rayonnement infrarouge émis par les galaxies, exoplanètes et autres nuages interstellaires. (Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à l’article de veille du mois de mars 2022)

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La première image produite par le JWST le 11 juillet 2022 - il s’agit de l’amas de galaxies SMACS 0723 © NASA, ESA, CSA, STScI

La société viennoise se distingue également par la conception de récepteurs de navigation par satellites, utilisés par de nombreux appareils en orbite autour de la Terre. Les systèmes développés par Beyond Gravity seront par exemple utilisés dans le cadre d’un nouvel instrument développé par la NASA pour le développement d’une nouvelle mission climatique : cet instrument, intitulé TEMPO (Tropospheric Emissions : Monitoring of Pollution), devrait être lancé en orbite en 2023 et sera le premier instrument spatial à assurer une surveillance horaires des principaux polluants atmosphériques pendants la journée sur le continent nord-américain. Les données recueillies devraient ainsi permettre d’améliorer les prévisions de la qualité de l’air.

Recherche aérospatiale

Les exemples susmentionnés témoignent du dynamisme de l’Autriche en matière de développement de technologies aérospatiales. Ce dynamisme va de pair avec un investissement dans la recherche et l’innovation, qui permettent le développement de ces technologies, domaines dans lesquels la république alpine a su s’affirmer ces dernières années. L’un des pôles dans ce domaine se trouve en effet à Wiener Neustadt (Basse-Autriche), qui jouit d’une longue tradition dans le domaine de l’aéronautique. Ce pôle dispose déjà depuis des décennies d’une expertise scientifique dans le domaine aérospatial, incarnée par le groupe de recherche Space Propulsion & Advanced Concepts (SPA) de l’ancien centre de recherche de Seibersdorf. Après une restructuration dans les années 2000, le centre de recherche est devenu l’AIT (Austrian Institute of Technology). Le groupe de recherche en aérospatial a trouvé un nouveau foyer au sein de l’Université des sciences appliquées de Wiener Neustadt (FH Wiener Neustadt), d’une part à travers la filiale de recherche Fotec, basée à la FH Wiener Neustadt et dont le but est de mener des projets de recherche et d’innovation dans le domaine aérospatial, et d’autre part à la FH elle-même, où une filière en ingénierie aérospatiale a été créée. Cette filière, qui est à ce jour le seul établissement de formation pratique en Autriche dans le domaine de l’aérospatial, équipe, avec ses diplômés, les laboratoires de recherche correspondants en Autriche et à l’étranger.

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/