Point de situation - la recherche en matière d’énergie nucléaire en Autriche

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Autriche

Autriche | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
22 septembre 2022

En Autriche, il n’existe que deux installations nucléaires en fonctionnement : un réacteur de recherche à Vienne et une installation de gestion des déchets dans la commune de Seibersdorf. Retour sur les spécificités de ce réacteur et sur l’état de la recherche en matière d’énergie nucléaire, dans un pays qui s’oppose farouchement à l’utilisation de ce type d’énergie.

Le réacteur de recherche TRIGA Mark II

L’Institut de physique atomique et subatomique de l’Université technique de Vienne (TU Wien), exploite un réacteur nucléaire de recherche intitulé TRIGA Mark II (acronyme de Training, Research, Isotope Production, General Atomic), mis en service en 1962. Ce réacteur dispose d’une particularité : il s’agit d’un réacteur utilisé exclusivement à des fins de recherche universitaire fondamentale ou appliquée et à des fins d’enseignement et qui ne produit donc pas d’électricité. De ce fait, le réacteur ne peut pas rivaliser avec la puissance d’un réacteur de centrale nucléaire. En effet, la puissance thermique maximale à l’équilibre du réacteur s’élève à 250 kW (en comparaison, un réacteur de centrale nucléaire a en moyenne une puissance d’1 GW, soit 1.000.000 kW).

En octobre et novembre 2012, les 91 éléments combustibles nucléaires du cœur du réacteur et les combustibles usés ont été envoyés au Laboratoire national de l’Idaho après 50 ans d’exploitation (ce qui correspond à la durée de vie moyenne d’un combustible) et remplacés par 77 éléments combustibles contenant de l’uranium enrichi. Les éléments combustibles seront ensuite renvoyés aux États-Unis, au plus tôt après 2025. En outre, étant donné qu’il s’agit du réacteur de recherche le plus proche du siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), située également à Vienne, il est aussi fréquemment utilisé par le personnel de l’AIEA pour concevoir et étalonner les outils employés pour le contrôle des garanties (un ensemble de mesures techniques appliquées par l’AIEA aux matières et aux activités nucléaires grâce auxquelles l’Agence s’efforce de vérifier, de manière indépendante, que chaque État respecte l’obligation juridique de ne pas utiliser les installations nucléaires de manière abusive et de ne pas détourner les matières nucléaires des utilisations pacifiques).

En matière de recherche, le réacteur TRIGA Mark II est utilisé principalement dans les domaines de la radioprotection et de la sûreté nucléaire et sert à la formation des étudiants et des chercheurs de la TU Wien et d’autres universités autrichiennes ou internationales. De nouveaux projets de recherche sont ainsi régulièrement lancés : ils concernent entre autres des programmes d’optimisation de l’utilisation des combustibles. Récemment, la TU Wien a développé, en collaboration avec l’Université technique de Bratislava et l’AIEA, un logiciel permettant de calculer les coûts réels du démantèlement d’un réacteur de recherche nucléaire. Une telle entreprise coûterait environ 13 millions d’euros.

  • En matière de recherche sur l’énergie nucléaire, l’Autriche accorde en effet la majeure partie de ses financements aux sujets liés à l’environnement, à la santé et à la sûreté nucléaire : cela provient en partie de la présence de centrales nucléaires des pays voisins. La majeure partie des activités de recherche dans le domaine nucléaire est consacrée au développement de la fusion nucléaire (voir infra).

Contexte

L’Autriche fait figure d’exception en matière d’énergie nucléaire en Europe. En effet, la république alpine n’a jamais exploité de centrale nucléaire et n’envisage pas de le faire à l’avenir. En 1978, une loi interdisant les centrales nucléaires sur le territoire autrichien a été adoptée à la suite d’un référendum, organisé en novembre 1978, qui avait abouti au rejet du projet de centrale nucléaire à Zwentendorf, à l’Ouest de Vienne. L’accident survenu à Tchernobyl en 1986 a donné du poids à cette décision et a renforcé l’opposition de la population à l’énergie nucléaire. Confirmant cette position, le Parlement a adopté en juillet 1999 une loi constitutionnelle fédérale pour une Autriche sans nucléaire.

En outre, compte tenu des conséquences potentiellement graves d’un accident nucléaire, l’Autriche attache une grande importance aux actions internationales visant à harmoniser et à renforcer régulièrement la sûreté nucléaire à l’échelle internationale. Le pays participe et continuera de participer à toutes les activités destinées à améliorer la sûreté nucléaire, que ce soit au niveau européen ou international. Il mène par conséquent plusieurs activités bilatérales avec les pays voisins pour échanger des informations dans le domaine de la sûreté nucléaire.

Qu’en est-il de la fusion nucléaire ?

Comme évoqué ci-dessus, l’Autriche s’intéresse surtout à la fusion nucléaire en matière de recherche et d’innovation. Alternative à la fission nucléaire utilisée dans les centrales actuelles, la fusion nucléaire est la réaction à l’œuvre dans le cœur de la plupart des étoiles de l’Univers et est considérée par ses partisans comme l’énergie de demain, notamment parce qu’elle produit peu de déchets – et nettement moins radioactifs que ceux issus d’un réacteur classique –, pas de gaz à effet de serre et une quantité phénoménale d’énergie. Ainsi, en tant que membre de l’Union européenne, le pays participe à ITER – l’ambitieux projet international de réacteur de fusion nucléaire – et est également membre d’EUROfusion, le consortium européen de recherche sur la fusion, coordonné au niveau national par le bureau de coordination Fusion@ÖAW de l’Académie autrichienne des sciences pour le compte du ministère fédéral de l’Éducation, des Sciences et de la Recherche. Fusion@ÖAW est composé de plusieurs groupes de recherche basés dans les universités techniques de Vienne et Graz, dans les universités d’Innsbruck et Salzbourg et à l’Institut Erich Schmid de l’ÖAW à Leoben.

Pour en savoir plus :

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/