Observer les étoiles : portrait de Lisa Bugnet, astrophysicienne française à l’Institut des sciences et de technologie en Autriche (ISTA)
Actualité
Autriche
9 décembre 2024
L’intérêt de Lisa Bugnet pour l’astrophysique remonte à son plus jeune âge, lorsqu’avec son père, elle observait les étoiles à l’aide d’un télescope, et que sa curiosité grandissante l’a amenée à mieux comprendre ce qu’elle voyait. Après l’obtention d’un doctorat en 2020 à l’Université Paris-Cité et au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), elle a effectué un séjour de recherche au prestigieux institut Flatiron à New York. Alors qu’elle envisageait poursuivre sa carrière de chercheuse en France, elle a été contactée par le prestigieux institut autrichien pour constituer un groupe de recherche d’excellence en astrophysique. Arrivée en 2023 à l’ISTA, en tant que professeure adjointe et devenant à ce moment-là la plus jeune professeure en Autriche, elle est à la tête du groupe de recherche « Asterics ».
Le groupe de Lisa Bugnet se consacre à définir les propriétés des étoiles, en utilisant l’astérosismologie, soit l’étude des mouvements de surface qui provoquent des ondes. En analysant des données satellites, en particulier celles du télescope Kepler de la NASA et bientôt celles du projet de mission PLATO de l’agence spatiale européenne (ESA), Lisa Bugnet observe les oscillations des étoiles. En analysant l’effet des ondes sonores produits par les bulles de plasma qui remontent à la surface, Lisa Bugnet peut étudier ces ondes qui voyagent dans les profondeurs par le biais de la variation de luminosité de l’étoile qu’elles induisent (dégonfle (plus sombre) gonfle (plus lumineux)), permettant donc de déduire les mécanismes en cours à l’intérieur de l’étoile. « Si on prend le cas du Soleil, celui-ci n’est pas une sphère uniforme et on retrouve des mouvements globaux de l’enveloppe créés par des ondes sonores […] une étoile est en fait très bruyante » souligne la chercheuse. Ainsi, le bruit est différent en fonction de la taille de l’étoile, il faut ensuite analyser les fréquences des ondes pour déterminer les processus qui dictent la vie d’une étoile, et d’apporter ainsi des connaissances supplémentaires sur l’univers. Les premiers travaux sur les champs magnétiques internes des étoiles ont été menés dans les années 1980, puis ce domaine de recherche a connu un ralentissement en raison du manque de données observationnelles. Dans les années 2020, le domaine a été réouvert en se reposant sur les précédents travaux des années 80 et de l’analyse fine des données de la mission Kepler. Les principaux travaux étaient alors menés en France, reposant en particulier sur la thèse développée par Lisa Bugnet sur des prédictions des étoiles comme étants magnétiques, théorie ensuite confirmée en 2022 par une équipe française de Toulouse.
Les perspectives pour Lisa Bugnet sont nombreuses. Avec l’obtention de l’ERC pour son projet CALCIFER « Unveiling the mysteries of stellar dynamics : a pioneering journey in magnetoasteroseismology », doté d’une enveloppe d’environ 1,5 millions d’euros, Lisa Bugnet compte renforcer son équipe en accueillant de nouveaux chercheurs post-doctorants, et poursuivre ses travaux de recherches en étudiant d’autres étoiles, plus grosses et plus vieilles, au sein de l’institut autrichien, en ayant la perspective d’obtenir un poste de professeur permanent. En Autriche, le domaine de l’astrophysique est en plein essor avec l’arrivée de 4 premiers astrophysiciens à l’ISTA. Lisa Bugnet, qui a été la première à s’y établir, joue ainsi le rôle d’ambassadrice d’une discipline très développée en France, notamment à travers le CNRS et le CEA, avec lesquels la chercheuse collabore.
Distinctions obtenues par Lisa Bugnet
- 2021 Prix de thèse de la Société française d’astronomie et d’astrophysique (SF2A)
- 2020 Prix de thèse de l’Union astronomique internationale (UAI) - Division G
- 2019 Lauréate du Prix « Pour les femmes et la science » France, L’Oréal-UNESCO
- 2019 Meilleure contribution orale, conférence KASC/TASC, Université d’Aarhus, Danemark
Pour plus d’information sur le projet du Conseil européen de la recherche obtenu par Lisa Bugnet, consulter l’article suivant : lien.
Quelques mots sur l’ISTA :
Ouvert en 2009, l’institut compte plus de 80 groupes de recherche dans les domaines des mathématiques, de l’informatique, de la physique, de la chimie, des neurosciences, de la biologie, des sciences de la terre et de l’astrophysique. L’ISTA comprend des groupes de recherche théorique et expérimentale, et s’appuie sur une collaboration très étroite entre les différents groupes de disciplines de recherche.
Rédactrice : Emeline Ogereau, emeline.ogereau[at]diplomatie.gouv.fr - http:/at.ambafrance.org