La ville de Vienne ouvre des appels à projets pour soutenir la recherche contre le scepticisme vis-à-vis de la science et de la démocratie

Partager
Autriche

Autriche | Sciences Humaines et sociales
1er mars 2022

En Autriche, le scepticisme vis-à-vis de la science est plus élevé que la moyenne européenne. Afin de contrer cela, la ville de Vienne a cherché à encourager le développement de projets qui contrecarrent le scepticisme vis-à-vis de la science, mais aussi vis-à-vis de la démocratie, en lançant deux appels à projet dotés un budget d’1,1 million et 600.000 euros.

Avec ces deux nouvelles lignes de soutien, la ville de Vienne cherche à encourager des projets qui ont pour but de contrecarrer les scepticismes vis-à-vis de la science et de la démocratie, devenus particulièrement visibles avec la pandémie de Covid-19. Dans le cadre du premier appel intitulé "Vom Wissen der vielen" (litt. "du savoir du plus grand nomb"), 1,1 million d’euros seront investis sur deux ans dans de nouveaux projets sur la médiation scientifique, qui se viseront notamment les zones urbaines dans lesquelles vivent en moyenne davantage de personnes qui ne sont pas familiarisées avec la science. Le second appel, intitulé "democracy in progress", sera, lui, doté d’un budget de 600.000 euros qui seront investis sur un an dans le but de stimuler la participation de la population aux processus démocratiques et la confiance dans les institutions.

Avec ce soutien, la ville de Vienne se fixe pour but de "permettre à de jeunes équipes d’agir rapidement et simplement", a déclaré Veronica Kaup-Hasler, la conseillère municipale de Vienne pour la culture et les sciences, lors de la présentation de l’initiative, qui a été ouverte aux soumissions au milieu du mois de février 2022. La pandémie de Covid-19 a par exemple montré qu’un scepticisme à l’égard de la science était bien présent en Autriche. Ce scepticisme peut se notamment refléter dans l’intérêt des citoyens pour les découvertes scientifiques et le développement technologiques. C’est ce qu’a montré la dernière enquête Eurobaromètre sur les connaissances et perception des citoyens européens en matière de science et de technologie publiée en septembre 2021. D’après cette enquête, l’Autriche se situe en effet un peu en-dessous de la moyenne européenne en ce qui concerne l’intérêt des citoyens pour les découvertes scientifiques et des développements technologique (27% contre 33%).

Dans une récente enquête, Ulrika Felt, chercheuse à l’Université de Vienne, fait le point sur l’état de ce type de projets dans la capitale autrichienne. Il en existe déjà quelques-uns, mais la plupart d’entre eux se concentrent dans les zones où vivent davantage de personnes disposant déjà d’affinités avec la science. C’est l’une des conclusions de l’enquête, intitulée "La ville comme espace de savoir" (Die Stadt als Wissensraum). Certains groupes de la population - notamment des adolescents, jeunes adultes et seniors - n’ont en effet "pas été pris en compte jusqu’à présent", a déclaré Ulrika Felt au Standard.

Peter Klimek, chercheur en systèmes complexes au Complexity Science Hub Vienna (CSH) et à l’Université de médecine de Vienne et récemment nommé scientifique de l’année 2021, s’est également exprimé à ce sujet. Selon lui, "l’appel ne résoudra évidemment pas le problème du scepticisme à l’égard de la science", mais il pourrait être un pas dans cette direction, a-t-il également déclaré au Standard. On voit une fois de plus que la communication scientifique a besoin de promotion. Il faut "travailler davantage à rendre le processus compréhensible", estiment aussi bien lui que la chercheuse Felt. Peter Klimek a en effet toujours considéré que le rôle d’un scientifique était en grande partie de communiquer autour de ses travaux. Ce sont ses travaux de médiation scientifique autour de la pandémie de Covid-19 qui ont notamment été récompensés dans le cadre de sa distinction en tant que scientifique de l’année 2021.

Selon Peter Klimek, une bonne médiation scientifique a également pour but de surmonter les clivages sociaux. Cela reste cependant impossible sans une bonne intégration du grand public à cette médiation et une participation active des décideurs politiques. D’après Klimek, la pandémie de Covid-19 semble déjà avoir fait bouger les choses dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la politique, qui cherche de plus en plus à se fonder sur les données et les preuves.

Pour en savoir plus :

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/