La protection de la biodiversité marine en haute mer, entre science et diplomatie - Retour sur l’événement du 5 avril 2022 au Musée d’histoire naturelle de Vienne

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Autriche

Autriche | Sciences Humaines et sociales | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
29 avril 2022

Le 5 avril dernier, au Musée d’histoire naturelle (NHM) de Vienne, le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Autriche/l’Institut français d’Autriche a réuni des experts français et autrichiens de haut niveau, issus des mondes de l’administration, de la recherche et des ONG, pour échanger sur les enjeux de la biodiversité dans les eaux internationales, des négociations d’un nouveau traité sur la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale, le rôle de la science dans ces négociations, notamment en ce qui concerne les aires marines protégées et l’évaluation des impacts environnementaux. Près de 200 personnes ont assisté aux riches débats modérés par la journaliste scientifique, Elke Ziegler, de la radio autrichienne Ö1.

L’événement a été inauguré par Mme Katrin Vohland, directrice générale du NHM, et l’ambassadeur de France en Autriche, Mr Gilles Pécout, qui ont notamment souligné que l’océan est au cœur de l’attention de l’UE et des perspectives ouvertes par la PFUE – par exemple à travers la volonté de mettre la biodiversité au cœur de la transition écologique et du Pacte vert européen.

Un message vidéo d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et les enjeux maritimes, envoyé spécial du Président de la République au sommet de Brest sur les océans, a permis de faire passer des messages forts : l’océan, régulateur essentiel de la vie, constituant 72% de la surface du globe, représente aujourd’hui un ensemble extrêmement menacé ; le Sommet « One Ocean » des 9-11 février derniers avait été un moment décisif dans ce refus du déclin de l’océan. La question de la gouvernance des océans est alors essentielle : les négociations en cours à l’ONU pour un accord sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine de la haute mer (BBNJ) offrent ainsi une occasion concrète d’agir en faveur de la protection de cette haute mer (ce concept se référant aux zones maritimes qui ne relèvent pas des juridictions nationales) et soulignaient la nécessité de combler les lacunes du cadre juridique international existant pour assurer une meilleure gouvernance des océans. La France et l’UE ont décidé d’intervenir pour apporter un appui déterminé en faveur d’une conclusion ambitieuse du processus BBNJ : c’est pourquoi le Président de la République avait choisi lors du sommet de Brest de lancer une coalition pour un traité pour la haute mer afin d’œuvrer à la conclusion, dès 2022, d’un accord international sur l’utilisation durable de la haute mer et de la protection de sa biodiversité. Cette coalition a démontré son utilité lors de la quatrième conférence intergouvernementale visant à élaborer un accord de mise en œuvre de la convention BBNJ, qui s’est tenue du 7 au 18 mars dernier à New York. Cependant, malgré les avancés, ce texte n’a pas pu totalement être finalisé et une cinquième conférence conclusive sera organisée en août 2022.

Après ce discours, Gehard Herndl (professeur en biologie marine et doyen de l’Institut des sciences de la vie de l’Université de Vienne) et Alice Vadrot (enseignante chercheuse franco-autrichienne à l’Institut des sciences politiques de l’Université de Vienne et coordinatrice du projet ERC « MARIPOLDATA »), ont pris la parole. Que savons-nous de cette biodiversité marine ? Quels enjeux politiques sont liés à cette biodiversité et à sa protection ? C’est sur ces questions que sont notamment revenus les deux professeurs dans deux exposés d’une quinzaine de minutes chacun :

  • Gerhard Herndl a abordé la question des conséquences et des défis posés par le réchauffement climatique sur les océans et, plus précisément, sur la biodiversité marine.
  • Alice Vadrot a axé sa présentation sur le projet « MARIPOLDATA » qu’elle dirige en donnant un aperçu des négociations intergouvernementales sur la protection de la biodiversité en haute mer. Ce projet, financé par le Conseil européen de la recherche (ERC), a pour but d’examiner comment la science influence les négociations politiques, notamment celles à l’œuvre dans le processus BBNJ. Pour cela, ce projet interdisciplinaire cherche à développer une méthodologie efficace sur les négociations du BBJN, ce qui permettrait de mettre au point un outil utilisable pour évaluer l’impact de la science dans d’autres sujets de négociations internationales.

Une table ronde a enfin permis d’aborder en détail la question de la protection de la biodiversité marine sous les angles scientifique et politique, de montrer à quel point ces deux angles s’entrecroisent et à quel point le politique est inévitablement lié à la conception et à la mise en œuvre de mesures de protection des océans. Les contributions de Thomas Loidl, ancien ambassadeur et chef du bureau du droit international de la mer au sein du ministère fédéral autrichien des Affaires étrangères, de Mar Benavides, chercheuse océanographe à l’Institut de recherche pour le développement et à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie de Marseille, et de Georg Scattolin, directeur des solutions globales au sein du WWF Autriche, ont été très appréciées et ont donné lieu à un échange nourri avec le public.

Cette conférence, qui a réuni un très nombreux public, a été diffusée en direct et reste visible sur YouTube

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/