L’Arctique : une fascination autrichienne - Retour sur 150 ans de recherche autrichienne sur le Pôle Nord : des premières explorations aux nouveaux domaines de la recherche polaire contemporaine.

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Autriche | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
31 mars 2023

Il y a 150 ans, le 30 novembre 1873, l’explorateur Carl Payer Weyprecht et son équipe découvrait un ensemble d’îles polaires, baptisé l’archipel François Joseph 1er en l’honneur de l’empereur austro-hongrois, au cours d’une expédition, débutée en juillet 1872, dont l’objectif initial était de découvrir le passage maritime nord-est en mer arctique. Les premiers jalons de la recherche polaire autrichienne et internationale ont ainsi été posés par Carl Peyer Weyprecht qui s’est imaginé, dès 1875, « l’année polaire internationale » (Internationales Polarjahr en allemand) : c’est un programme de recherche d’exploration des régions polaires dans le cadre de coopération internationale, à une époque où les pays étaient en concurrence dans l’exploration des terres inconnues. Grâce à l’initiative de Carl Peyer Weyprecht, la première année polaire a été organisée entre 1882 et 1883 avec la participation de douze pays dont la France, l’Empire Austro-Hongrois et les Etats-Unis d’Amérique.

Dans la continuité de cette tradition en matière de découverte et de coopération internationale, le Comité international des sciences de l’Arctique (IASC) organise chaque année la semaine du sommet scientifique de l’Arctique (Artic Science Summit Week - ASSW) dans le monde entier dont l’objectif est de créer un réseau entre les organisations scientifiques impliquées dans la recherche arctique. En 2023, le sommet s’est tenu du 17 au 24 février à l’Université de Vienne, organisé par l’Institut autrichien de recherche polaire arctique (APRI), consortium de recherche qui promeut et coordonne la recherche et l’éducation dans le domaine de la science polaire avec une équipe de 50 scientifiques travaillant dans 18 groupes de recherche. Parmi les institutions membres du consortium, on compte l’Université de Vienne, l’Université d’Innsbruck, l’Université de Graz, l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne (BOKU-Wien), l’Institut central de météorologie et de géodynamique(Zentralanstalt für Meteorologie und Geodynamik – ZAMG) et l’entreprise de recherche b.geos.

Malgré son éloignement géographique, l’Autriche est très investie dans la recherche polaire. Cela s’explique du fait que les changements climatiques présents au Pôle Nord, comme le dégel du permafrost qui entraine la libération de Co2 et de méthane, ont des conséquences sur les conditions météorologiques en Europe centrale, comme l’explique Wolfgang Schöner, le directeur de l’APRI et chercheur au sein de l’Institut de géographie et de la recherche spatiale (Institut für Geographie und Raumforschung) de l’Université de Graz.

Des nouveaux domaines de recherche polaire face aux enjeux climatiques

Alors que la recherche de la nouvelle voie maritime du Pôle Nord était au cœur des préoccupations scientifiques au XIXe siècle, les chercheurs sont aujourd’hui tournés vers de nouveaux domaines dans la recherche polaire contemporaine. Un des sujets importants qui occupe la recherche est l’influence de l’activité humaine dans cette région. La chercheuse autrichienne Brigit Sattler de l’Institut de l’Ecologie de l’Université d’Innsbruck étudie l’influence de l’anthropocène sur les habitats et les organismes de cette région, en particulier sur la propagation et l’influence des plastiques, des substances polluantes et des agents pathogènes. Autre conséquence de l’activité humaine étudiée est le réchauffement climatique. En août prochain, une équipe de chercheurs de l’Université de Graz, en collaboration avec l’APRI et l’Université de Copenhague, se rendra au sein de la station polaire de Sermilik, fjord situé dans le Sud-Est au Groenland, pour étudier les masses de glace et la fonte de petits glaciers de la calotte glacière du Groenland. Wolfgang Schöner rappelle que « cette étude a pour but également de prendre en compte les sujets de recherche pertinents pour les populations locales ».

Ces dernières années, en raison du réchauffement climatique, l’Arctique est une région de plus en plus convoitée pour ses ressources en matière première. Des nouvelles formes de colonialisme apparaissent avec des conséquences graves pour les populations locales, comme le rappelle la politologue Gertrude Saxinger de l’Université de Vienne qui est membre de l’APRI et affilié au projet Horizon 2020, EU PolarNet (2021-2024) qui plaide pour une meilleure prise en compte des besoins ces populations dans la recherche scientifique et à tous les niveaux, encore très marginale en Europe.

Pour en savoir plus :

Source :

Rédactrice : Emeline Ogereau, emeline.ogereau[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org