Energie solaire en Autriche : où en est-on ?

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Autriche

Autriche | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
1er mars 2022

Le parlement autrichien a voté en juillet 2021 une nouvelle loi sur le développement des énergies renouvelables dans le pays. Celle-ci fixe un objectif de production d’électricité 100 % renouvelable d’ici 2030. Avec déjà plus de 75 % d’énergies propres dans son mix électrique actuel, l’Autriche se classe au 1er rang européen pour la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’électricité. Mais le pays souhaite aller encore plus loin : la nouvelle loi sur les énergies renouvelables ou EAG (Erneuerbaren-Ausbau-Gesetz) devrait permettre au pays de porter sa production d’électricité renouvelable à 100% d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, il faudra produire 27 térawattheures (TWh) supplémentaires d’électricité issue de sources renouvelables d’ici là. Selon les plans du gouvernement, le photovoltaïque fournira l’effort le plus important en portant sa production de 1,4 à 12,4 TWh, ce qui correspond à une multiplication par 8 des capacités solaires actuelles. La plupart de l’énergie solaire est aujourd’hui collectée sur des surfaces imperméables, comme les toits de bâtiments. Mais une partie non négligeable sera également mise en œuvre dans le cadre d’installations au sol, ce qui pourrait permettre, entre autres, d’élargir la portée de la production énergétique en créant des complémentarités avec l’agriculture.

Un exemple intéressant peut être cité à ce sujet : il y a environ un an, plusieurs installations photovoltaïques ont été installées dans des champs le long du Danube, à Pöchlarn, en Basse-Autriche. C’est ce que l’on appelle l’agrivoltaïsme, encore assez rare en Autriche : il s’agit d’une pratique qui consiste à couvrir certaines productions agricoles (vignes, fruits, légumes…) d’une toiture amovible et orientable faite en panneaux photovoltaïques. Ces panneaux ont ainsi un rôle protecteur pour les cultures (protection contre les intempéries ou contre l’exposition au soleil). En retour – mais dans une moindre mesure – l’agrivoltaïsme permet également de produire de l’électricité renouvelable. Cette pratique agricole émergente vise à répondre à deux défis majeurs pour la planète : d’abord, pallier les aléas climatiques qui menacent les rendements agricoles, en utilisant les panneaux solaires comme des sortes de parasols géants ; ensuite, produire une énergie renouvelable, et ce sans avoir à artificialiser des terres arables pour y installer des panneaux solaires.

La société à l’origine des installations photovoltaïques à Pöchlarn – la Raiffeisen Ware Austria (RWA) – est justement en train de tester dans ces installations les complémentarités entre une production d’électricité photovoltaïque et une production agricole. Par exemple, des panneaux solaires ont été installés au-dessus de pommiers, ce qui remplit ici une double fonction : de l’énergie est produite par les panneaux solaires et les fruits peuvent ensuite être protégés des intempéries par les panneaux. En retour, l’électricité produite par ces installations fournit l’énergie nécessaire à un producteur d’aliments pour animaux, situé à proximité. Sur l’année, le groupe peut couvrir sa consommation d’électricité grâce à l’installation. D’une manière plus large, Pöchlarn sert de centre d’expérimentation sur ces questions, et des observations sont menées sur la manière dont les plantes se développent avec et sans installations solaire, en collaboration notamment avec l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne (BOKU Wien) et le Centre d’enseignement et de recherche Francisco Josephinum.

Cependant, le photovoltaïsme se heurte à des résistances. Il est en effet important pour de nombreux agriculteurs que le développement d’installations photovoltaïques ne se fasse pas au détriment des terres agricoles, qui perdent en surface chaque année. Par exemple, en Autriche, une surface équivalente à environ 18 terrains de football est scellée chaque jour. En effet, le principal risque pour de tels dispositifs concerne le manque de luminosité pour les plantes et donc une baisse de la production agricole. Ainsi, les cultures dans des serres agricoles photovoltaïques nécessitent une adaptation des pratiques culturales et les fabricants essaient d’adapter ces outils aux besoins des agriculteurs. Des règles claires sont alors nécessaires quant à une double utilisation des terres agricoles, qui n’en est encore qu’à ses débuts.

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/