Découverte d’une météorite pour la première fois en Autriche depuis 1977

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Autriche

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17 septembre 2021

Près de huit mois après sa chute, un fragment d’une météorite a été retrouvé à Kindberg (Styrie) en juillet dernier. Cette découverte a été rendue possible grâce à un calcul précis de sa trajectoire, à la persévérance d’un chercheur français et à son travail avec la population de Kindberg. Retour sur cette découverte dans un pays où la dernière découverte confirmée de météorite remonte à 44 ans.

La récente découverte à Kindberg d’un fragment d’une météorite est une importante avancée scientifique : en effet, pour la première fois en Autriche, la météorite a pu être localisée à l’aide d’un calcul d’orbite détaillé, et ce grâce à la persévérance du chercheur français et conservateur de la collection de météorites du Musée d’histoire naturelle (NHM) de Vienne, Ludovic Ferrière, mais également grâce aux recherches de la population locale qu’il a sensibilisée.

Cette météorite provient à l’origine de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter et s’y est formée il y a environ quatre milliards et demi d’années, c’est-à-dire en même temps que le système solaire. Elle s’est ensuite séparée de la ceinture il y a plusieurs millions d’années pour faire son chemin vers le système solaire interne. Son arrivée spectaculaire sur Terre dans la nuit du 19 novembre 2020 sous la forme d’une boule de feu a pu être été observée par des centaines de personnes en Allemagne, en Italie, en République tchèque et en Autriche. Des caméras hautement spécialisées ont enregistré l’événement et les données recueillies ont permis de calculer l’orbite exacte de la météorite et de tirer des conclusions sur sa taille et sa masse avant son entrée dans l’atmosphère. Cependant, l’entrée de l’atmosphère de la météorite a entraîné sa combustion et donc une perte de la majeure partie de la masse d’origine. Selon les calculs, de nombreux fragments ont cependant réussi à atteindre la surface de la Terre dans un couloir de 50 km de long et jusqu’à 3 km de large entre Lunz am See (Basse-Autriche) et Kindberg.

Peu de temps après la chute, Ludovic Ferrière a mobilisé une petite équipe accompagnée d’un journaliste pour une recherche improvisée des restes de l’astéroïde dans la région de Kindberg. Cependant, la taille de la région et ses caractéristiques (fortement boisée et montagneuse) ont rendu très difficile la recherche des fragments de la météorite. Le chercheur français a donc choisi d’utiliser l’approche de la « science citoyenne » en s’appuyant sur l’aide de la population locale : des fiches d’information ont ainsi été utilisées et distribuées pour expliquer comment reconnaître une météorite et ce à quoi il faut faire attention lorsqu’on pense en avoir trouvé une.

Jusqu’en juillet 2021, des dizaines de personnes ont contacté Ludovic Ferrière en pensant avoir retrouvé des fragments de la météorite, mais leurs découvertes se sont révélées être de fausses alertes. Mais l’habitant de Kindberg qui a contacté le NHM au début du mois de juillet 2021 a présenté au chercheur français des photos qui ne laissent aucun doute : il s’agissait incontestablement d’un fragment de la météorite.

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Le fragment de 233 grammes de la météorite trouvée à Kindberg © NHM/Ludovic Ferrière

Le fragment de 233 grammes a ensuite été mis à la disposition du NHM afin d’effectuer des recherches sur sa composition. Les recherches ont confirmé que la météorite n’avait été sur Terre que pendant une courte période. Les résultats ont ensuite été soumis à la Meteoritical Society (une organisation scientifique internationale qui promeut la recherche et l’étude sur les météorites et autres matériaux extraterrestres) pour approbation. Une fois cette étape franchie, la météorite portera le nom de « Kindberg » et sera la huitième pierre autrichienne inscrite au registre international.

En outre, cette découverte est d’autant plus intéressante qu’il est particulièrement rare que l’orbite d’une météorite soit calculée sur la base de données issues de caméras et que l’on puisse ainsi déduire ses origines. Ce résultat n’a en effet été atteint que pour une trentaine de météorites sur des dizaines de milliers.

Pour en savoir plus :

Sources :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/