AlienScenarios : un projet pour établir des scénarios à long-terme sur les espèces invasives au niveau mondial

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Autriche | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
18 novembre 2019

Un projet porté par l’Université de Vienne cherche à mesurer l’impact des espèces non-indigènes sur la biodiversité. Le département de botanique et de recherche sur la biodiversité de l’Université de Vienne coordonne un consortium européen interdisciplinaire.

La protection de la biodiversité est un enjeu important dans le contexte du changement climatique. Si l’on mentionne souvent la préservation d’espèces menacées de disparition, un autre phénomène qui lui est lié est moins connu ; l’homogénéisation du biote au niveau mondial. Ce processus est la conséquence du mouvement des espèces à travers le globe par le biais de l’Homme. Certaines espèces sont déplacées par l’Homme hors de leur région d’origine et prolifèrent dans d’autres lieux. Bernd Lenzner, chercheur en écologie à l’Université de Vienne, rappelle qu’environ 4% des espèces de plante et 10% des espèces d’oiseaux peuvent être trouvés hors de leur région d’origine. Elles peuvent même mettre en danger d’autres espèces peu adaptées à cette concurrence et incapables de se défendre. La biodiversité des îles, particulièrement riche mais fragile, est fortement touchée. 60% des espèces menacées sont insulaires, et elles pour beaucoup mises en danger par des espèces non-indigènes.

De nombreux facteurs participent à la prolifération de ces espèces invasives, notamment le changement climatique, le commerce international ou les évolutions démographiques peuvent avoir un impact sur le développement d’espèces non-indigènes : la traversée de l’Arctique par des cargos à la suite de la fonte des glaces, l’augmentation des connections vers l’Afrique, ou encore le développement du tourisme.

Le département de botanique et de recherche sur la biodiversité de l’Université de Vienne est très impliqué sur ces sujets. Un projet de recherche du nom d’AlienScenarios, coordonné par Franz Essl (Université de Vienne), vise à créer des scénarios sur la dissémination et la propagation, à l’échelle mondiale, des espèces invasives.

Le projet a débuté en avril 2019 et dispose d’un financement de 3 ans de la part de BiodivERsA, un réseau d’agence de promotion et de financement de la recherche traitant de sujets liés à la gestion et à la préservation de la biodiversité. BiodivERsA est financé par le programme-cadre européen de recherche et d’innovation Horizon 2020. Le Belmont Forum participe également au financement d’AlienScenarios. Ce projet européen coordonné par l’Université de Vienne compte 5 partenaires supplémentaires à travers l’Europe : la Freie Universität de Berlin, l’Université de Gérone, l’Université Paris Saclay, l’Institut Helmholtz à Halle et le Senckenberg Biodiversity and Climate Research Centre (BiK-F) à Francfort.

Bernd Lenzner, qui est également co-coordinateur d’AlienScenarios, explique que ce projet nécessite des bases de données globales. Pour cette raison, il collabore également avec le projet GLoNAF (Global Naturalized Alien Flora), une base de données qui rassemble et harmonise des études éparses et permet de vérifier des hypothèses de base concernant les espèces non-indigènes.

AlienScenarios utilisera de telles bases de données globales pour identifier les principaux facteurs de propagation des espèces indigènes, quantifier leur impact et enfin établir des scénarios globaux cohérents avec les scénarios concernant le changement climatique. Le but est de produire un rapport destiné aux acteurs gouvernementaux afin de promouvoir des pratiques de mitigation. Le programme de travail de ce projet a fait l’objet d’un article paru récemment dans la revue BioScience.

Pour en savoir plus :

Sources :

Rédactrice : Marie Belland, marie.belland[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/