Workshop Franco-Australien pour la protection des récifs coralliens

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
8 septembre 2017

La goélette scientifique TARA a effectué une escale à Sydney du 18 au 23 aout dernier à l’occasion du démarrage de l’étape de la mission TARA Pacific dans les eaux australiennes. Le Poste a valorisé pleinement l’escale australienne de TARA notamment par le biais de visites du navire par des scolaires et d’une participation active à une conférence grand public organisée par l’équipe du TARA le 20 août après midi.
 
Véritable point d’orgue de cette escale, un workshop sur la protection des récifs coralliens a été organisé à l’initiative du Poste à l’Australian National Maritime Museum le 22 août après-midi. Ce workshop, qui associait les principaux acteurs de recherche australiens sur les récifs coralliens, mais également les organisations impliquées dans la gestion de la Grande Barrière de Corail et des représentants du ministère australien de l’Environnement et de l’énergie, a rassemblé plus de 70 personnes. Trois délégués de Nouvelle-Calédonie ont par ailleurs pris part activement à ces échanges.

Les échanges de haut niveau permis par ce workshop ont appelé à une intensification de la coopération scientifique et diplomatique entre la France et l’Australie sur la protection des récifs coralliens, qui puisse pleinement servir les objectifs de l’Initiative Internationale sur les récifs coralliens, en cette veille d’année 2018, 3ème année mondiale des récifs coralliens.

L’organisation du workshop a par ailleurs permis deux réunions de travail connexes :

  1. sur la coopération scientifique bilatérale
  2. sur le ‘Reef Resilience Program’ porté par la Great Barrier Reef Foundation.

Lors de la session scientifique, les thématiques ont couvert un large pan de la science des coraux. La session s’est ouverte sur la campagne de prélèvements menée par M. Serge Planes, le directeur de l’expédition ‘Tara Pacifique’, qui permettra une étude interdisciplinaire à la fois des populations microbiennes des coraux, des poissons et de la composition chimique de l’eau des récifs. Les différentes menaces qui pèsent sur les coraux ont ensuite été évoquées, avec en particulier l’impact de la hausse des températures qui est la cause du blanchiment sans précédent des coraux en 2016 et 2017, mais aussi de l’acidification des océans, de la montée en fréquence des tempêtes, de la pollution, de l’urbanisation des côtes, ainsi que la menace des étoiles de mer à couronne d’épines. Enfin, les recherches prometteuses de solutions ont été exposées, avec les études menées sur les ‘coraux extrêmes’, vivant naturellement dans des milieux où température et acidité varient fortement, ou encore les études de modifications génétiques ou épi-génétiques visant à améliorer la résistance aux hautes températures, tant des coraux eux-mêmes que des populations de symbiotes qui les accompagnent, ou enfin les travaux de modélisation à grande échelle des récifs coralliens, donnant un outil précieux pour une meilleure gestion des zones récifales.

Lors de la session suivante, la question d’une gestion résiliente des récifs de coraux était au cœur de la discussion. M. David Souter, directeur scientifique de l’AIMS a exposé les acteurs et mécanismes australiens autour de la gestion de la grande barrière de corail, ainsi que le rôle de surveillance et de recherche de l’Institut des Sciences Marines. Il a aussi replacé la discussion dans son contexte international, avec le rôle de plateforme d’échange des connaissances et des bonnes pratiques de l’International Coral Reef Initiative (ICRI). La première moitié de cette session a ensuite permis de présenter la gestion des zones récifales selon différents points de vue. Celui du gouvernement australien, tout d’abord, pour lequel le département de l’environnement et de l’énergie a défendu l’adaptabilité de son plan 2050 pour la protection à long terme des récifs. Ce plan controversé car jugé insuffisant, sera revu à la lumière des événements de blanchiment de ces deux dernières années. Les mécanismes de surveillance et de gestion des Aires Marines Protégées de Nouvelle Calédonie au sein du Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) ont montré un système incluant la participation des communautés locales, des organismes de recherche, mais aussi des actions de régulation et de réglementation, ou d’éducation et de sensibilisation. Enfin, la gestion par le Great Barrier Reef Marine Park Authority (GBRMPA) découpe le parc en différentes zones : les zones hautement protégées, les zones accessibles aux scientifiques, celles accessibles aux touristes, les zones ‘vertes’ où la pêche est interdite, et celles où elle est autorisée… La question de la résilience des récifs coralliens, c’est à dire d’un usage par l’homme de ces zones qui soit durable pour les générations à venir, était en toile de fond de toutes ces discussions.

Avec la seconde moitié de cette session, cette question a été vraiment replacée dans son contexte mondial. L’organisation non gouvernementale pour la protection marine (Australian Marine Conservation Society) a rappelé que la grande barrière de corail fait partie depuis 1981 du patrimoine mondial de l’humanité selon l’UNESCO, et que l’Australie était tenu de la préserver. Elle a plaidé pour une diminution rapide des émissions de gaz à effet de serre, qui sont la cause première du réchauffement climatique et du blanchiment des coraux. Enfin, les avantages multiples des partenariats ont été mis en avant avec le projet Global Ocean Observing System, un consortium international d’observation des océans qui permet de suivre en temps réel l’état et la santé des océans ainsi que les effets du changement climatique, ou les actions de la Great Barrier Reef Foundation, qui soulignaient combien les partenariats permettent de multiplier les financements, les compétences, la portée des messages, d’échanger les idées et d’accélérer leur impact.

Ce workshop a permis une réelle mobilisation autour des enjeux de coopération France-Australie, tant au plan scientifique que politique, pour la protection des récifs coralliens. Le Poste entend pleinement capitaliser sur cette mobilisation à court et moyen terme, compte tenu des échéances de la COP23, de l’Assemblée générale de l’ICRI qui se tiendra début décembre à Nairobi, et du portage que donne au sujet la qualification de 2018 comme 3ème année mondiale des récifs coralliens.

Durant ce workshop, il est apparu manifeste que France et Australie partagent non seulement un sentiment de responsabilité sur ces enjeux, comme nations développées du Pacifique Sud, mais également une conscience de ce qu’elles disposent de très fortes capacités de recherche et d’innovation, et d’un savoir-faire opérationnel dans le management des zones récifales, qu’elles peuvent davantage exploiter conjointement, pour le bénéfice de l’ICRI.
 
Par ailleurs, la Communauté scientifique australienne sur les récifs coralliens constitue à l’évidence un point d’appui majeur pour le Poste. La recherche scientifique australienne sur les écosystèmes coralliens jouit d’une réputation mondiale, et sa voix porte sur la scène internationale. Elle est aux avant-postes pour ce qui est de l’interpellation régulière des autorités australiennes sur la nécessité de prises de décisions politiques qui soient à la hauteur des enjeux climatiques.

La mobilisation permise par le workshop invite désormais à travailler avec les principaux acteurs de recherche français et australiens à l’identification d’axes stratégiques prioritaires autour desquels la coopération scientifique bilatérale pourrait se structurer pour gagner en impact. L’association étroite de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie Française à cette réflexion est essentielle, compte tenu des forces de recherche mobilisables localement et de l’importance de ces enjeux de conservation au sein des stratégies de ces territoires. Le nouveau DRRT de Nouvelle-Calédonie, Pr Moulay Abdelghani-Idrissi, participait d’ailleurs en ce sens au workshop.

Lire l’article du Courrier Australien