Retour sur l’atelier franco-australien sur la science des feux de forêts

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
30 novembre 2020

Monté en partenariat avec l’Ambassade de France en Australie, le Groupe des huit (Go8, groupe rassemblant les 8 universités en tête de la recherche australienne), le centre australien de recherche collaborative sur les incendies et les catastrophes naturelles (Bushfire & Natural Hazards CRC), et le pôle de compétitivité européen SAFE Cluster, cet atelier a permis d’explorer et d’échanger sur les expertises et bonnes pratiques des deux pays, et sur les dernières avancées de la recherche concernant la gestion des feux de forêts.

L’atelier s’est ouvert avec le discours de l’Ambassadeur de France en Australie, M. Christophe Penot, celui du CEO du centre de recherche collaborative, Dr. Richard Thornton, et celui de la Directrice adjointe du Groupe des huit, Prof. Margaret Gardner. Ils ont expliqué le contexte de cet atelier et son objectif : partager nos outils, nos connaissances et nos forces afin de répondre de la meilleure façon possible aux changements mondiaux à venir qui nous affecteront tous.

Panel 1 : Le point de vue des professionnels du feux sur l’innovation et les collaborations

La parole a été donnée aux professionnels du feu lors du premier panel afin qu’ils partagent leurs expériences et expliquent comment la science et les collaborations internationales pouvaient aider à prévoir les risques, alerter les populations, et équiper et préparer les pompiers. Ils ont expliqué et comparé les systèmes d’intervention française et australienne, les formations pour les pompiers, et l’importance des échanges de bonnes pratiques entre pays. Ils ont également souligné l’importance des prévisions scientifiques, utilisant les images satellites, et la cartographie afin de permettre une meilleure préparation, et un meilleur suivi de la situation pour les populations et les pompiers. Les dernières crises d’incendies ont en effet été marquées par l’utilisation importante de données scientifiques sur la durée et les risques de la saison des feux, et leur comportement selon les conditions météorologiques.

Panel 2 : La science des feux intenses

Le second panel a justement permis de comparer les études faites, en France et en Australie, sur le comportement des feux. Des processus tels que le comportement des feux selon leur taille, la propagation des nuages polluants de fumée, la formation de tempêtes, ou de pyrocumulonimbus, (ces nuages formés par le feu lui-même qui peuvent créer de véritables orages au cœur de l’incendie) ont été discutés.

Panel 3 : Gestion des terres, des forêts et des zones urbaines

La régulation selon les pays, concernant les pratiques traditionnelles d’utilisation du feu, ainsi que la gestion des zones urbaines face au risque d’incendie ont été le sujet du troisième panel. Si le feu est, depuis toujours, un outil de l’homme pour modifier les paysages, principalement pour la déforestation et l’agriculture, la législation institutionnelle doit en cadrer les pratiques. Les feux contrôlés permettent en effet de gérer la quantité de combustible dans les forêts. Mais des efforts coordonnés entre municipalités et gouvernements doivent également réguler la planification des zones urbaines, en tenant compte du choix des matériaux utilisés, des particularités des zones à l’interface ville-forêt, des nécessités liées à la gestion de crises dans la zone, ou du comportement des habitants, afin de diminuer l’impact et les risques des incendies.

Panel 4 : Le coût caché des incendies

Les impacts des incendies sur nos sociétés, notre santé, notre économie, ainsi que sur notre environnement ont un prix parfois impossible à déterminer. Quel est le prix d’une vie humaine ? Le prix de la perte de biodiversité ? Le prix d’un air devenu irrespirable ? Les coûts cachés des pertes liées aux incendies qui n’ont pas une valeur définie sur les marchés économiques, ont été le sujet du quatrième panel. L’inhalation des fumées toxiques qui ont envahi un grand nombre de villes australiennes aura des effets à longs termes sur la santé. La disparition d’hectares de forêt aura une incidence sur la survie des koalas et de nombreuses autres espèces. Ces crises auront également un effet sur le tourisme, les transports, ou sur notre santé mentale… Ces effets indirects doivent être pris en compte dans les décisions d’aujourd’hui, afin de former une société mieux préparée, et plus résiliente.

Panel 5 : Restauration environnementales

Cette question de résilience concerne aussi les forêts qui ont été détruites par les incendies. La restauration environnementale a fait l’objet du cinquième panel de cet atelier. Les études du climat et de ses interactions avec la biodiversité des forêts et leurs régimes de feux ont été décrites, puisque ces modèles fournissent des outils d’aide à la décision pour une meilleure gestion des forêts et des risques à venir. Mais les incendies font partie inhérente du cycle naturel des forêts australiennes, et les stratégies de survie des espèces y sont adaptées. Si un effort de restauration environnementale est nécessaire après un incendie, plus de ressources devraient être tournées vers la prévention des risques, au travers d’une gestion des forêts, et peut-être avec un mélange d’espèces différent de celui de la forêt d’origine ?…

Panel 6 : Les risques futurs

Enfin, le dernier panel était tourné vers l’avenir, avec des discussions autour des risques futurs. Les risques à venir dépendront de nombreux facteurs : le développement économique, la croissance et la santé de la population, le nombre de pompiers volontaires, le changement climatique… Des outils d’observation de la terre et de modélisation du climat ont été présentés, afin de déterminer ces risques futurs de cyclones, sécheresses, vagues de chaleur, et bien sûr… d’incendies.

L’atelier s’est conclu avec un panel explicitant les outils de financement disponibles aux collaborations entre la France, l’Europe et l’Australie. Des programmes, tels que le Green Deal européen, le FASIC français, ou les programmes de l’ARC, du NHMRC ou des CRC australiens permettent de financer des collaborations internationales dans ce domaine.

Cet atelier a permis un premier contact entre chercheurs australiens et français, qui ont pu exposer leurs recherches et leurs modèles. Il a ouvert la voie à des échanges plus intenses, et, nous l’espérons, au renforcement de collaborations scientifiques dans ce domaine. Il a donné naissance à un réseau thématique AFRAN sur la science des feux et des catastrophes naturelles. Contactez-nous pour recevoir les Newsletters et faire partie de la communauté !