Rapport gouvernemental 2017 sur le système d’innovation australien
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Australie
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Politiques de recherche, technologiques et universitaires
29 janvier 2018
Le département australien de l’industrie, de l’innovation et des sciences a publié son rapport annuel sur le système d’innovation en novembre 2017. Cette année, ce rapport se concentre sur les compagnies à forte croissance, et sur leurs liens avec l’innovation.
-# L’état des lieux du système d’innovation australien
Ce rapport étudie d’abord les différents aspects du système d’innovation australien : ses activités d’innovation, ses réseaux et collaborations entre organismes, et le dynamisme de ces activités. Il révèle que si l’Australie fait preuve d’innovation (48,7% de ses compagnies ont tenté de développer un produit, une méthode ou un processus nouveau ces 12 derniers mois), ces innovations sont en grande majorité des modifications de produits déjà existants, et rares sont les innovations australiennes réellement nouvelles sur le marché international ou même national.
De plus, selon une étude incluant une grande variété de sources, les indicateurs du niveau de collaboration des compagnies australiennes est très bas. Elles apparaissent déconnectées les unes des autres, mais aussi déconnectées de leurs fournisseurs ainsi que des organismes de recherche ou d’éducation supérieure. Dans le secteur de la recherche, par contre, la collaboration internationale est très importante, et une étude des brevets australiens montre également des liens étroits entre les universités australiennes et le CSIRO, agence de recherche gouvernementale australienne.
Le dynamisme des activités d’innovation repose sur la notion de taux d’entrées et de sorties de compagnies sur le marché. Une économie ayant un fort dynamisme sera plus productive, adaptable, apte à redistribuer ses ressources et capable d’une croissance durable. Or en Australie, ce dynamisme est faible jusqu’en 2015, montrant que peu d’entrepreneurs ont créé de nouvelles compagnies. Mais en 2015-16, le taux de nouvelles compagnies entrant sur le marché augmente, et de plus, une étude du Global Entrepreneurship Monitor de 2016 présente de bons indicateurs australiens pour une activité entrepreneuriale émergente.
-# Les compagnies à fort taux de croissance en Australie
Ces compagnies se définissent par leur fort taux de croissance sur les trois dernières années, mesuré par rapport à leur chiffre d’affaire, leur nombre d’employés, ou leurs dépenses en recherche et développement. En Australie, elles représentent 9% des compagnies de plus de 5 employés et contribuent à 46% de la croissance de l’emploi, 66% de la hausse des ventes, et 69% de la hausse de la valeur ajoutée.
Ces compagnies ont en majorité entre 3 et 8 ans, et se retrouvent dans tous les secteurs d’activités, en particulier la construction, les entreprises de services professionnels, scientifiques et techniques, et la fabrication. Les compagnies à forte croissance de chiffre d’affaire dépensent en moyenne 65% plus en capital que les autres compagnies, et présentent une plus forte croissance de la productivité du travail, qui résulte de la croissance de leur chiffre d’affaire (45% en moyenne) dépassant celle de leur nombre d’employés (28% en moyenne).
-# La dynamique des compagnies à forte croissance en Australie
Peu de compagnies peuvent soutenir une forte croissance pendant très longtemps, et la majorité (51%) des compagnies à forte croissance ralentissent au bout de 4 ans, retrouvant une croissance moyenne et laissant leur place à de nouvelles compagnies à forte croissance. Ce processus participe à la dynamique des activités d’innovation australienne. Cependant, on constate un déclin dans la présence de ces compagnies sur le marché australien, qui touche tous les secteurs d’activité : il y a un pourcentage moins grand de compagnies à forte croissance, et la croissance de leur chiffre d’affaire devient également moins importante (de 68% à 38% entre 2006 et 2013), mais ce déclin de la croissance du chiffre d’affaire est constaté aussi sur les compagnies moyennes, et est compensé par un chiffre d’affaire moyen plus important, passant de 108,9 à 174,4 millions de dollars entre 2005 et 2014 pour les compagnies à forte croissance.
-# L’impact de l’innovation sur la croissance des entreprises
Le lien entre innovation et croissance d’une entreprise est ici étudié en détail. On constate que les compagnies innovantes sont en majorité celles dont la croissance du chiffre d’affaire est moyenne ou forte. Cette étude montre également que selon le type d’innovation, l’effet sur la croissance sera différent. Un produit ou service innovant permettra une croissance de 3,3% du chiffre d’affaire en moyenne, et de 7,4% pour les compagnies à forte croissance, tandis qu’une innovation dans la méthode de production ou de livraison, dans l’organisation du travail, ou dans le marketing aura moins d’impact. Les entreprises dont la stratégie de développement est basée sur l’innovation voient leur chiffre d’affaire augmenter en moyenne de 4% par an, et de 9,7% pour celles à forte croissance.
-# La croissance et l’activité R&D des entreprises
L’Australie a un secteur tertiaire très développé (60% de son industrie), qui ne repose pas sur un effort en R&D. C’est pourquoi l’investissement R&D des entreprises reste faible, et place le pays 19ième sur 35 pays de l’OCDE. Le rapport montre que les compagnies qui investissent en R&D voient leurs performances augmenter en termes de chiffre d’affaire, de productivité et de niveau des salaires de façon d’autant plus marquée au bout de 3 et 5 ans, démontrant l’impact à long terme de leur investissement. Par contre l’impact est négatif en termes de croissance de l’emploi.
Les compagnies à forte croissance participent autour de 15% à cet investissement R&D, et sont à 85% des PME. Parmi elles, les industries minières et de fabrication voient leur part diminuer fortement depuis 2010, tandis que la part des entreprises de services professionnels, scientifiques et techniques et des entreprises d’information, média et télécommunication ne cesse d’augmenter. Ces changements montrent que l’économie australienne évolue vers une industrie utilisant le capital humain plus significativement.
-# Réflexion sur une réglementation favorisant la croissance guidée par l’innovation
Afin de permettre une croissance guidée par l’innovation, certaines conditions doivent être réunies, concernant notamment les lois sur la compétition, la propriété intellectuelle, l’accès aux financements, mais aussi le développement de réseaux ou d’écosystèmes autour de technologies particulières, de clusters locaux…
Sur ce plan, les indicateurs de l’OCDE placent l’Australie dans le top 10 des économies pour la qualité de sa règlementation, et la santé de son système financier. Mais ce cadre ne suffit pas. Le rapport souligne des décalages entre le système éducatif et scientifique australien, de très haut niveau, et le manque de connections des compétences qu’il offre avec le secteur entrepreneurial. Les compétences en STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) jouent un rôle clé conduisant non seulement à l’innovation sur les produits et services, mais permettant également l’intégration dans les entreprises des nouveautés technologiques, ainsi que des compétences stratégiques telles que la créativité, la pensée critique, etc.
Le pays a également des réglementations pertinentes sur la compétition, favorisant l’innovation. Mais le rapport souligne que les investissements en capital-risque, pourtant mieux adaptés à l’innovation que les emprunts, sont cependant moins accessibles en Australie, en particulier pour les start-ups et jeunes entreprises. Par contre le pays bénéficie d’une hausse de 150% des investissements étrangers entre 2015 et 2016, dont une partie est dirigée vers le secteur minier, et une partie croissante vers les industries de services.
Enfin, l’adoption par l’Australie de la technologie numérique est fondamentale pour sa productivité et sa compétitivité sur la scène mondiale, en particulier dans les domaines de l’internet mobile et du très haut débit. Plus de la moitié des entreprises placent des commandes par internet, 40% ont une présence dans les médias sociaux et les revenus générés via l’internet sont passés de 144 à 320 milliards de dollars en 5 ans. Une réglementation adaptée et une main d’œuvre qualifiée et disponible seront les enjeux pour l’Australie dans ce domaine.
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