Nourrir l’Australie

Partager
Australie

Actualité
Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Agronomie et alimentation
30 septembre 2019

Les changements fondamentaux dans la façon dont notre nourriture est produite, distribuée, et consommée ont permis de nourrir une population en expansion, mais avec des pressions croissantes sur les terres et les ressources naturelles. On constate, à l’échelle mondiale, une augmentation des populations affectées par la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire, et parallèlement une augmentation des maladies liées à la suralimentation ou à un régime alimentaire déséquilibré (obésité, diabète). En Australie, un quart des enfants est au-dessus du poids recommandé, quatre australiens sur cinq ne prennent pas l’apport quotidien recommandé en fruits, et neuf sur dix en légumes, des problèmes de pression sanguine, de surpoids ou d’obésité, d’anémies, de retard de croissance chez l’enfant et de surconsommation de sel restent très fréquents…
 
Notre alimentation joue un rôle primordial entre notre biologie et notre santé physique et mentale, offrant un potentiel, peu connu mais considérable, pour la prévention, la gestion, et le traitement de certaines maladies. Explorer ce potentiel passe par une transformation de la science de la nutrition avec notamment l’intégration des domaines de sciences qui étudient les facteurs sociaux et économiques façonnant notre environnement alimentaire et influençant nos comportements et nos choix alimentaires, mais aussi l’élargissement des études à l’ensemble du mix alimentaire, et non plus à l’effet de chaque nutriment séparément, pour comprendre l’impact de nos régimes sur notre santé, et les mécanismes biologiques, comportementaux et sociaux par lesquels l’alimentation influe sur la santé et les processus pathologiques. De plus, une approche multidisciplinaire devrait permettre de modéliser le système alimentaire dans son ensemble (production-transformations-distribution-consommation) et d’identifier les leviers conduisant à une production alimentaire et des modes de distribution et de consommation durables et sains. Enfin, le domaine doit développer une capacité à informer l’ensemble des secteurs concernés par la nutrition, et à développer la formation et la recherche auprès des professionnels de la santé.
 

Ces objectifs sont à présent accessibles, grâce aux avancées en théorie de la nutrition et en biologie moléculaire et des systèmes, grâce également à l’intégration de la psychologie, des sciences sociales et économiques, et enfin grâce à la capacité d’accès et de traitement de données massives.

Ce plan préconise de considérer la science de la nutrition comme une priorité nationale de recherche, afin de relever les enjeux techniques, sociaux et environnementaux auxquels fait face le système alimentaire, tout en y intégrant les valeurs d’équité, de durabilité, de collaboration entre les branches du système, et d’innovation.

Il recommande deux actions stratégiques pour permettre le développement de ce secteur :
 

  • La mise en place d’une infrastructure nationale pour les données liées à la nutrition serait au cœur du développement de la science de la nutrition en permettant l’intégration et l’analyse de l’impact des régimes alimentaires sur la santé, et la mise en place d’un guide national et de stratégies d’intervention sur le système alimentaire.
     
  • Le développement d’une entité nationale fournissant une communication de confiance sur la nutrition, indépendante et éclairée par les résultats scientifiques devrait permettre de lutter contre la désinformation et d’améliorer les connaissances et pratiques alimentaires.

Le plan développe en particulier quatre axes stratégiques permettant d’accompagner le développement et la transformation du domaine des sciences de la nutrition :

  • 1. Les déterminants sociétaux : comprendre comment notre environnement conduit à des comportements alimentaires, et identifier des stratégies d’amélioration des pratiques.
    Cet axe mettrait en place une cartographie australienne de l’alimentation et de l’état de santé des populations, afin d’évaluer les facteurs pertinents pour la santé alimentaire, mais aussi d’augmenter l’efficacité des messages, des programmes ou des politiques de nutrition auprès du public.
    Il développerait un cadre de réglementation nationale pour soutenir un accès équitable à une alimentation saine et aux campagnes d’interventions sur la nutrition.
    Enfin, il combinerait les recherches quantitatives et qualitatives pour mesurer les facteurs influençant les choix alimentaires et les contextes sociaux dans lesquels ils sont faits.
     
  • 2. Les mécanismes nutritionnels   : identifier les relations de causalité entre les régimes alimentaires et la santé ou la maladie.
    Cet axe étudierait l’influence des régimes, des aliments et des nutriments sur la biologie humaine.
    Il estimerait comment et pourquoi les modes alimentaires ont un impact sur la santé et le bien-être des populations, permettant d’améliorer les conseils alimentaires au public, et de fixer des objectifs pour des produits agroalimentaires de grande qualité nutritive.
     
  • 3. Une nutrition de précision et personnalisée : mettre en place des solutions alimentaires ciblées et rentables.
    Cet axe étudierait les différences de réponses aux régimes alimentaires et leurs interactions avec une prise de médicament, sur les populations par groupes jusqu’aux individus.
    Il développerait une analyse de données combinant statut nutritionnel, santé, âge, génotype et environnement, afin de proposer des solutions alimentaires et de mode de vie personnalisées. Cela offrirait des opportunités nouvelles aux start-ups agroalimentaires.
  • 4. Education et formation professionnelle  : améliorer les connaissances du public sur l’alimentation et la nutrition, et former les professionnels et les scientifiques de la nutrition.
    Cet axe soutiendrait la formation professionnelle en science de la nutrition en y intégrant la génomique, la bio-informatique, et la biologie des systèmes, et la formation professionnelle en santé en y intégrant la nutrition.
    Il développerait la recherche, l’innovation, la communication, le conseil, la formation et l’éducation sur les enjeux de nutrition, afin de rayonner auprès du grand public et dans la région Asie Océanie, mais aussi pour guider la stratégie d’évolution du système alimentaire.

La science de la nutrition moderne intègre les concepts, les théories et les approches d’un certain nombre de disciplines, telles que les sciences sociales, agronomiques, biologiques, médicales, physico-chimiques et environnementales. Elle constitue un grand défi multidisciplinaire pour améliorer la santé humaine et le bien-être, mais aussi pour répondre aux objectifs de développement durable de sécurité alimentaire, de réduction des inégalités, de production et de consommation responsables, et de préservation de l’environnement.
 
Ce plan constitue une source d’inspiration, et sa mise en œuvre pratique passe par le développement de structures de gouvernance et d’analyses détaillées pour l’établissement et le financement d’une infrastructure nationale de données sur la nutrition et le développement des compétences dans le domaine. Elle passe aussi par la coordination d’initiatives majeures alignées aux priorités de recherche nationales, et par la mise en place d’un forum permettant le développement de collaborations entre les multiples disciplines liées à la science de la nutrition.

https://www.science.org.au/supporting-science/science-policy-and-analysis/decadal-plans-science/nourishing-australia-decadal-plan