Les recommandations de la Commission Royale sur les mesures en cas de catastrophes naturelles

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
30 novembre 2020

La commission royale, établie à la suite des incendies de l’été australien 2019-2020, a rendu son rapport sur les stratégies de prévention, de préparation, d’intervention et de résilience de l’Australie face aux catastrophes naturelles telles qu’inondations, incendies, tremblement de terre, tempêtes, cyclones, glissements de terrain et tsunamis.

Les 80 recommandations de ce rapport fournissent des conseils sur la coordination à tous les niveaux de la nation en cas d’urgence, et tentent de combler les lacunes des procédures actuelles. Elles concernent les systèmes d’avertissement pour le public, les ressources pour la lutte contre les incendies, les données climatiques, le rôle des forces de défense australiennes et la façon dont les organisations caritatives ou autres peuvent réagir à la suite de catastrophes.

Des catastrophes plus fréquentes et sévères

Ce rapport se tourne avant tout vers le futur, dans lequel les événements climatiques extrêmes et les catastrophes naturelles vont devenir plus fréquents et sévères. La question de l’adaptation des stratégies actuelles est soulignée, puisqu’un pays résilient doit non seulement éteindre les incendies, mais également atténuer les risques de catastrophes (avec sa gestion de l’environnement, des zones urbaines, des infrastructures, ou l’éducation et la préparation de sa population), mais aussi réagir aux conséquences parfois à long-terme, de ces catastrophes.

Une approche nationale

Le rapport défend une approche nationale afin de partager les responsabilités, et d’établir une meilleure coopération et coordination des actions menées (partage des ressources, de la science et des technologies, et coordination des stratégies) entre juridictions, états et agences. Les états et territoires devraient garder leurs responsabilités concernant la protection du vivant, la gestion des infrastructures et de l’environnement, et la gestion des catastrophes dans leur juridiction. Les autorités locales ont en effet une meilleure connaissance de la situation et des besoins locaux. Cependant, le gouvernement fédéral devrait jouer un rôle de soutien plus important, et complémentaire à celui des Etats et territoires, puisqu’il dispose de l’aide des forces de défense australiennes.

Cette approche nationale se traduirait par la création d’une flotte nationale de canadairs, mais aussi par la possibilité de déploiement des forces de défense australiennes lors de catastrophes, une harmonisation des standards de données et du système d’alerte des risques d’incendie au niveau national, le développement d’applications pour téléphones mobiles, et par le partage des plateformes d’informations, des technologies, et des ressources des différents services. Le rapport insiste sur la protection des services, infrastructures, et chaînes d’approvisionnements essentiels. La cohérence et la révision continue des plans d’évacuation, mais aussi l’harmonisation de la terminologie concernant les itinéraires accessibles et les abris de protection entre tous les états et territoires font également partie des recommandations.

Un rôle plus important pour l’état fédéral

Le rapport recommande la mise en place d’un forum ministériel, tel que le cabinet national, afin de diriger le pays vers une meilleure résilience. Leurs décisions devraient être éclairées par un conseil comprenant agences gouvernementales, industries, et experts qui prendraient en compte toutes les possibilités de catastrophes, leurs impacts, et les mesures nécessaires, à plus ou moins long terme, pour les atténuer, s’y préparer, y répondre, et s’en relever.

Le rapport recommande également l’établissement d’une loi permettant de déclarer un « état national d’urgence » qui permettrait au gouvernement fédéral de venir en aide en cas de catastrophe et selon une législation claire, sans la demande des états fédérés, pour apporter un soutien logistique, aider au transport de personnels, d’équipements, d’aliments ou de médicaments, ou encore assister une évacuation de grande envergure.

Vers une plus grande résilience

Les données et projections de l’évolution du climat devraient être intégrées au service national d’information sur les risques de catastrophes, et développées à l’échelle locale par les états et territoires. Une évaluation de la capacité des différents services d’urgence devrait être menée régulièrement, et des exercices d’entrainement multi-agences devraient être menés à l’échelle nationale. Enfin, la protection des emplois des volontaires devraient renforcée.

La qualité de l’air, qui a été un enjeu important des incendies 2019-2020, devrait être surveillée en temps réel, et des conseils sanitaires donnés aux populations en particulier aux personnes vulnérables. Le développement de capacités de surveillance et de prévision de la qualité de l’air fait également partie des recommandations. Le rapport défend une meilleure préparation de l’intervention médicale au moment et à la suite de catastrophes, en particulier sur les enjeux de santé mentale.

Les enquêteurs ont également établi des recommandations sur les processus de gestion des territoires. Ils préconisent d’établir un système simplifié d’approbation des activités privées de gestion des terres en vue de réduire les risques, et de communiquer sur les stratégies de gestion publique retenues, et de garder une trace de leurs retombées. La planification de l’utilisation des terres et les régulations des bâtiments construits devraient tenir compte des risques connus, et de nouvelles normes de construction prenant en compte les conditions météorologiques extrêmes devraient être établies. Le rapport appelle aussi à développer les connaissances sur la distribution géographique et le statut des espèces animales et végétales australiennes, et à développer les échanges avec les aborigènes sur leurs connaissances culturelles des lieux et leur gestion des terres.

Une sensibilisation du public devrait être faite afin que ses dons et son soutien offerts à la suite d’une catastrophe correspondent aux besoins. Le rapport suggère une harmonisation des systèmes de soutien aux organisations caritatives. Les activités de restauration et de soin devraient être évaluées et coordonnées au niveau national, afin de permettre le partage des ressources, des formations, et des aides de façon cohérente. Des programmes de restauration devraient être mis en place et inclure des mesures pour augmenter la résilience.

Le rapport souligne enfin l’éducation de la population aux risques de catastrophes, avec le développement d’un système d’information et d’alerte, des formations sur les mesures et plans d’évacuation et sur les spécificités des différents équipements de protection auxquels la population peut recourir.

La déclaration du gouvernement en réponse au rapport de la Commission

Le gouvernement australien a annoncé son intention d’appuyer toutes les recommandations relatives au gouvernement fédéral.

Reconnaissant qu’une approche nationale permettrait de mieux coordonner et mobiliser les ressources du Commonwealth et d’aider à relever les défis auxquels les États et les collectivités locales peuvent être confrontés, un ensemble de mesures renforcera la capacité d’intervention d’urgence et de restauration de l’Australie :

  • Une législation sera introduite pour donner au gouvernement australien le pouvoir de déclarer un état d’urgence national
  • Le Cabinet national a également convenu d’établir une réunion nationale des ministres responsables de la gestion des urgences qui sera d’abord chargée de diriger et de coordonner la mise en œuvre des recommandations de la Commission royale
  • Les mécanismes de coordination nationaux seront améliorés et renforcés au sein de l’agence de gestion des urgences australienne : Emergency Management Australia.
  • Une nouvelle agence nationale de résilience, de secours et de restauration sera créée, intégrant les fonctions de la National Bushfire Recovery Agency, de la National Drought and North Queensland Flood Response and Recovery Agency, et les fonctions de reprise après sinistre et de réduction des risques au sein du ministère de l’Intérieur
  • Des services de résilience seront créés pour fournir de l’information et des services améliorés sur les risques liés au climat et aux catastrophes.

Lire le rapport de la commission royale

La réponse du gouvernement