Le rapport d’activité 2016-2017 du CSIRO

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
10 avril 2018

Le CSIRO, Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation, est le principal organisme de recherche fédéral australien non universitaire. Son expertise scientifique, structurée en Business Units, est multidisciplinaire et recouvre l’alimentation et l’agriculture, l’énergie, les ressources minières, la santé et la biosécurité, la gestion de l’environnement et de l’eau, l’ingénierie de pointe, la productivité numérique et les services, et les océans et l’atmosphère. Comparé au CNRS qui garde une base importante de recherche fondamentale, le CSIRO est plus tourné vers une recherche appliquée, notamment depuis la publication de l’agenda NISA et la stratégie mise en œuvre par son nouveau CEO Larry Marshall (CSIRO as an innovation catalyst).

I. Le personnel et les ressources

Ce rapport fait en premier lieu le point sur les forces du CSIRO en termes de personnel, et souligne une légère augmentation de ses effectifs depuis deux ans, mais qui ne comble pas la sévère restructuration de l’agence en 2014. L’agence représente désormais 2.3% de la force australienne en R&D, et 4.1% de celle en recherche publique (contre 3% et 5% il y a quelques années). Le CSIRO a différents programmes pour maintenir le niveau d’excellence de son personnel, tels que le « science leader program » pour attirer des scientifiques talentueux du monde entier, ou des bourses pour les étudiants, des primes pour les jeunes scientifiques, des récompenses au mérite…
En 2016-2017, le CSIRO a lancé un nouveau programme, les Future Science Platforms, afin d’appuyer ses efforts sur certains domaines d’intérêt stratégique. 6 plateformes ont vu le jour :

  • Active integrated matter : cette plateforme intègre les sciences des matériaux, la robotique, les technologies de télédétection et les systèmes autonomes, afin de conduire la révolution industrielle 4.0
  • Deep earth imaging : cette plateforme explore les technologies de détection et d’imagerie du sous-sol de la terre à des profondeurs importantes
  • Digiscape : cette plateforme développe un outil de décision intégrant la dynamique des données agriculturales et environnementales
  • Environomics : cette plateforme explore les moyens de surveillance des écosystèmes et de la biodiversité face aux changements environnementaux, de gestion des ressources biologiques et de détection les risques de biosécurité
  • Probing biosystems : cette plateforme a vocation à mettre en œuvre des appareils et systèmes capables d’obtenir des informations en temps réel sur la santé et le bien-être d’un organisme vivant
  • Synthetic biology : cette plateforme explore la fabrication et construction d’objets en matière biologique

Enfin, le CSIRO gère les collections nationales de plantes et d’animaux, ainsi que de grands équipements tels que le marine national facility, l’Australian animal health laboratory, l’Australia national telescope facility, le navire de recherche Investigator et le pawsey centre for supercomputing. Le rapport montre que le niveau de dépenses pour le maintien de ces équipements est en-dessous de celui des institutions académiques américaines, pris comme point de référence.

II. Les liens et collaborations

Il est difficile de comparer la productivité du CSIRO, en termes de publications, avec celle des institutions académiques australiennes car les chercheurs du CSIRO, s’ils n’enseignent pas, ont des engagements par rapport à leurs partenaires industriels ou gouvernementaux, et sont tournés vers la création de brevets et l’innovation. Cependant, le rapport constate une baisse significative (13.9%) de la part des publications de l’agence dans le pays entre 2011 et 2015.
De même, différentes mesures des liens et collaborations de l’agence dans le réseau de recherche australien montrent une légère diminution de sa connectivité. Cependant, le CSIRO reste un partenaire central dans les domaines des sciences animales et végétales, de l’agriculture, de l’environnement et l’écologie et des géosciences.

Le CSIRO est également le partenaire le plus fréquent dans le réseau des CRC (centres de recherche collaborative), mais aussi parmi les organismes qui déposent conjointement des brevets, et parmi les participants au programme australien de recherche pour la transformation industrielle. L’agence joue également un rôle clé, au niveau national, dans les domaines des 6 secteurs prioritaires de croissance industrielle identifiés par le gouvernement australien, grâce à ses publications scientifiques, bien qu’elles soient en baisse dans tous ces secteurs, mais aussi grâce à ses brevets. Enfin, le CSIRO est l’organisme le plus productif dans les domaines correspondants aux priorités stratégiques de recherche (Strategic Research Priorities - SRPs).
Une étude de l’évolution de la proportion de publications conjointes avec des partenaires australiens montre que le CSIRO publie de plus en plus d’articles conjoints (+13% en 5 ans), en particulier avec les universités du Group of 8, en tête de la recherche australienne. L’évolution est la même au niveau des co-publications internationales, et les pays partenaires privilégiés du CSIRO sont la Chine, les Etats-Unis, l’Angleterre, la Nouvelle Zélande et en 5ième position, la France. Si l’on s’intéresse aux institutions partenaires privilégiées du CSIRO, l’University of California arrive en premier, suivie du Chinese academy of sciences, puis du CNRS. L’Université de Paris-Saclay arrive en 6ième position, et parmi les 30 partenaires les plus fréquents, on trouve l’université de Paris Sorbonne, le CEA, l’IRD, l’Université Pierre et Marie Curie, et l’INRA.
Enfin, le CSIRO devient un organisme incontournable pour le partage des données. Son Data Access Portal, permet, entre autres, de retrouver les données à partir des articles scientifiques qui en font l’analyse. L’utilisation et le téléchargement des données ont augmenté de façon significative (de + 30% en 2016 par rapport à l’usage 2014), mais restent au trois quarts nationaux.- 

III. Les publications de recherche

En 2016, le CSIRO voit une diminution de sa productivité, en termes de publications, due à l’effet à retardement de la diminution du personnel en 2014. Cependant, un certain nombre d’indicateurs montrent que le CSIRO maintient sa place parmi les organisations de recherche en tête du pays, et est également reconnu au niveau mondial. La mesure de l’impact de citation, normalisé à 1.0 pour la moyenne mondiale, révèle que le CSIRO a un impact de 1.51, plus important que celui du CNRS de 1.3. Cet impact place le CSIRO au 7ième rang des organismes de recherche australiens pour la période 2012-2016, alors que l’agence était placée 3ième sur la période 2011-2015. Cependant, le CSIRO garde un très bon pourcentage d’articles parmi les plus cités : 2.8% des articles parmi les 1% les plus cités ont un auteur du CSIRO, et la proportion de publications du CSIRO dans des journaux de prestige (Nature, Science…) augmente de 2.1% en 2016.

Le rapport étudie également la production de publications par domaines de recherche. La science des plantes et des animaux, suivie par l’environnement et l’écologie, la géoscience et la science agricole constituent la plus grande part de cette production et ont un impact de citation parmi les plus importants ; Le CSIRO est d’ailleurs placé dans les 30 premières institutions parmi les 1% meilleures institutions mondiales dans ces domaines de recherche en termes d’impact de citations. La chimie, l’ingénierie, les sciences de la matière et les sciences spatiales produisent également une part conséquente des publications du CSIRO, les sciences spatiales ayant l’impact de citation le plus important de tous les domaines de l’agence. Le CSIRO est placé entre la 120ième et la 240ième place mondiale dans ces domaines.

IV. La propriété intellectuelle

Le nombre de nouveaux accords de propriété intellectuelle avec le CSIRO, resté stagnant autour de 4000 depuis 2010, a légèrement augmenté en 2016 à 4100. Parmi eux, 360 sont l’objet d’une licence commerciale. Si le nombre de licences de droits d’auteur, de marques, ou d’actes de cession augmente en 2015 et 2016, celui de nouvelles licences de brevets reste stable depuis les 5 dernières années.
Un certain nombre d’indicateurs combinés, tenant compte du succès du brevet, de son étendue mondiale, des citations reçues, et de ses connections recherche-industrie, placent le CSIRO à la 18ième place mondiale pour l’impact de ses brevets, le CEA selon ces mêmes indicateurs est placé au 2nd rang. D’autres indicateurs placent le CSIRO au premier rang mondial en termes de fréquence de citation ou de performance (impact, originalité, applicabilité) de ses brevets.
Au niveau national, le CSIRO reste en tête du classement des institutions de recherche qui déposent des brevets provisoires, preuve de son activité pour l’innovation et le développement technique.
Les brevets du CSIRO sont actifs dans de nombreux pays, et particulièrement aux Etats-Unis, en Asie, pour laquelle leur nombre a quadruplé en 10 ans, et dans la région Pacifique. Les domaines de recherche pour lesquels le nombre de brevets est le plus important sont les applications médicales, la génétique et modification des plantes, la chimie, les polymères et alliages, les outils de détection, la médecine et les batteries.
Le CSIRO a investi dans les domaines de l’ingénierie génétique, et de la génétique des plantes, et développe des collaborations avec l’industrie de l’alimentation, la pharmaceutique, les polymères appliqués aux produits pharmaceutiques et les instruments de détection. Plus récemment, les technologies numériques et radio ont également pris de l’importance, reflétant la tendance vers le numérique sans fil, ainsi que la métallurgie et les semi-métaux. La tendance dans ces domaines est à la hausse en termes de propriété intellectuelle.
Le rapport estime qu’au moins 23% des familles de brevets du CSIRO sont signées en collaboration avec un ou plusieurs partenaires. Ces partenaires sont en majorité des entreprises internationales, suivi par des organismes gouvernementaux, et ces brevets en partenariat concernent surtout les céréales, les soins médicaux et l’énergie.

Le CSIRO dispose de collaborations nombreuses, et à fort potentiel, avec la France. Ceci fera l’objet d’un article dédié dans notre prochain bulletin de veille.

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