Le plan de réduction des émissions carbone en agriculture, the carbon farming, un atout pour la biodiversité ?

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Australie

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Australie | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
12 juin 2015

Les méthodes de réduction des émissions carbone peuvent avoir un impact non négligeable sur la biodiversité et la faune. Pour pouvoir allier ces deux préoccupations environnementales, l’initiative Carbon Farming a été mise en place grâce au fond de réduction des émissions carbone.

Le changement climatique et la diminution de la biodiversité sont les deux principaux enjeux environnementaux de notre époque.

L’initiative Carbon Farming permet aux agriculteurs et à des propriétaires terriens de gagner des crédits carbone en réduisant leur quantité de gaz à effet de serre rejeté ou en stockant le carbone. Ces crédits peuvent être également achetés par des personnes ou des entités souhaitant équilibrer leurs émissions. Les journées du 15 et du 16 avril 2015 ont été consacrées à la mise aux enchères de certains quotas vendus au gouvernement lors d’une enchère inversée. Ces journées furent un test pour savoir comment les méthodes actuelles pour le carbon farming seront capables d’allier habitat de la faune et changement climatique.

En Australie, les agriculteurs et les propriétaires terriens ont présenté lors de ces enchères leurs projets et le gouvernement en choisira quelques-uns qui pourront alors bénéficier de subventions de la part du fond fédéral gouvernemental de réduction des émissions carbone (ERF - Emissions Reduction Fund) doté d’une enveloppe budgétaire de 2.55 milliards de dollars australiens. Les soumissionnaires pourront demander des quotas pour des projets utilisant des méthodes agréées de réduction des émissions dans le domaine du transport, des déchets, des secteurs miniers ou dans tous les domaines de la terre comme l’exploitation ou la remise en état des forêts. Les forêts sont des réservoirs de carbone grâce à la végétation et aux sols et fournissent un habitat pour la faune locale. La remise en état des forêts paraît être une bonne solution pour le climat, la biodiversité et pour les propriétaires (création de nouveaux revenus) à condition de se pencher sur trois aspects : la bonne méthode, le bon prix et la bonne localisation.

Il existe une palette d’approches disponibles afin de remettre en état les forêts qui peuvent s’opposer sur la durée de fixation du carbone, le prix et l’adaptabilité de la faune. Par exemple, les monocultures à croissance rapide comme les plantations d’eucalyptus bleu peuvent fixer le carbone très rapidement mais ne fournissent pas un habitat idéal pour la faune. Planter des arbres et des arbustes à l’aide d’une méthode de plantation environnementale (stockage de carbone) est plus respectueux de la faune malgré des coûts élevés avec une fixation du carbone plus lente. Une troisième possibilité est d’aider la régénération naturelle de la végétation en arrêtant certaines pratiques agricoles telles que la combustion ou les phénomènes de nuisance à cause des machines agricoles. Cette méthode est la plus économe, assez respectueuse de la faune et pourrait être appliquée dans l’état du Queensland ou dans le nord du New South Wales.

En Australie, certaines localisations sont plus adaptées pour la fixation de carbone et d’autres pour la préservation de la biodiversité. Cependant, certaines régions ont pu être identifiées comme étant à la fois respectueuses de la biodiversité et adaptées pour la fixation du carbone. Par exemple, 25% des zones prioritaires pourraient utiliser la méthode des plantations environnementales (méthode de plantation d’arbres fixant le carbone), permettant la fixation de 132 millions de tonnes équivalent C02 par an, ce qui correspond à un quart des émissions annuelles australiennes (en excluant les changements d’utilisation des sols). Ces régions pourraient permettre de restaurer de nombreux écosystèmes menacés en Australie (de l’ordre de 30%) à long terme mais aussi la survie de nombreuses espèces d’oiseaux et d’animaux qui dépendent de ces écosystèmes.

Il est généralement coûteux d’étendre les forêts, réservoirs de carbone, et de dégager des bénéfices pour la biodiversité car les régions adaptées pour l’agriculture sont généralement aussi celles regorgeant le plus d’espèces menacées. Un prix d’équivalent carbone de 5 dollars australiens par tonne ne sera pas assez rentable pour permettre la restauration des écosystèmes menacés jusqu’à 30 % sans autre source de financement. Un faible prix sur le carbone limiterait alors la préservation de la biodiversité. Cependant, un prix plus élevé de 20 dollars australiens par tonne, permettrait de restaurer jusqu’à la moitié de la végétation détruite sans aucune source de financement pour la biodiversité.

Cette analyse montre que les politiques concernant le changement climatique pourraient avoir un impact considérable sur la biodiversité.

Pour en savoir plus :

Sources

Farming carbon can be a win for wildlife, if the price is right, Megan Evans, Anna Renwick, Josie Carwardine, Tara Martin, ANU Newsroom, 15 Avril 2015, http://www.anu.edu.au/news/all-news/farming-carbon-can-be-a-win-for-wildlife-if-the-price-is-right

Rédacteurs

Marine Paulais - Stagiaire SCAC - Ambassade de France en Australie