Le futur numérique de l’Australie
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Politiques de recherche, technologiques et universitaires
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Sciences et technologies de l’information et de la communication : TIC, télécoms, micro-nanotechnologies, informatique
17 avril 2020
Un plan stratégique a été élaboré en collaboration entre l’Académie Australienne des Sciences et l’Académie Australienne de Technologie et d’Ingénierie, pour planifier le développement des sciences du numérique (information et communication, ingénierie et technologie), ainsi que leurs implications dans l’éducation et la formation, l’industrie, les politiques publiques et l’innovation. Ce plan a mis la priorité sur le renforcement des liens industrie-innovation-recherche au travers d’actions devant permettre aux acteurs concernés d’identifier, de créer ou d’accéder aux opportunités présentées par les technologies numériques.
Les avancées numériques sont en évolution constante et rapide, et si l’Australie n’est pas à la pointe dans toutes les technologies, il est essentiel que le pays soit capable de tracer sa propre voie afin de bénéficier des retombées économiques du tournant numérique, mais aussi de ses retombées sociales et culturelles.
En raison de la rapidité des transformations numériques, ce plan stratégique se limite à des recommandations sur une échelle de 5 ans. Ces recommandations se regroupent en 5 grandes thématiques :
1. Encourager l’appropriation du numérique par les industries
Une meilleure connaissance des capacités de recherche disponibles, et des transformations pouvant être menées par les industries devrait permettre de faire évoluer le secteur. Ce rapport recommande ainsi que les industries identifient les opportunités de transformation numérique et initient des stratégies de collaboration avec les organismes de recherche pertinents. L’établissement d’un mécanisme collaboratif pour établir un agenda entre les industries de pointe et le secteur de la recherche est également recommandé.
2. Favoriser les partenariats recherche-industrie
Les liens entre industries de pointe, gouvernements australiens et organismes de recherche devront être renforcés par différents mécanismes (mise en place d’un annuaire des compétences australiennes, événements de communication, tables rondes techniques, activités de médiation industrie-académie) pour aider à aligner les forces de recherche aux besoins de l’industrie, pour favoriser les partenariats recherche-industrie, et pour promouvoir les compétences de l’Australie sur la scène mondiale et attirer de nouvelles opportunités dans le secteur.
Le système australien de formation et de recherche est internationalement reconnu et les acteurs australiens (gouvernements, organismes de recherche) se doivent de promouvoir et de maintenir ce niveau de qualification et d’équipement.
Enfin, le rapport recommande aux organismes de recherche de créer des points de convergence pour les entreprises participant au développement et à la commercialisation des technologies numériques (mise en place de lieu d’activité partenariale par exemple), et d’encourager les chercheurs à établir un réseau de travail en industrie lors de périodes sabbatiques.
3. Protéger et renforcer les compétences et les voies professionnelles vers le numérique
Le monde académique doit être repensé pour permettre plus de mobilité professionnelle, et pour valoriser les expériences et collaborations avec l’industrie, via les recrutements, les promotions, et les financements, mais aussi via des contrats permettant aux chercheurs un emploi simultané avec l’industrie.
Les avancées numériques progressant à un rythme accéléré, les carrières du secteur numérique devront inclure une proportion conséquente de formations professionnelles. Les formations initiales ou professionnelles devront être assurées par des enseignants compétents, et pour lesquels une expérience en industrie serait un plus. Enfin, les gouvernements, écoles, et universités devraient promouvoir les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) pour attirer et recruter un personnel de formation qualifié.
Le rapport recommande également de favoriser l’équité homme-femme et l’inclusion de la diversité dans le secteur des TIC et de l’ingénierie.
Enfin, l’éducation des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques (STEM) et du numérique commence dès la primaire, et l’Australie devra maintenir une politique soutenant l’éducation en primaire des STEM et l’intégration des technologies numériques, mais aussi développer de nouveaux modèles pour l’accréditation des compétences professionnelles, plutôt que pour celle des parcours de formation.
4. Assurer l’action cohérente de l’ensemble du gouvernement
Les gouvernements australiens ont une position unique pour soutenir le développement du secteur numérique (recherche, infrastructures,…) et pour l’intégrer dans les agences fédérales. Un bilan complet du secteur de la recherche numérique, de ses liens avec l’industrie, et de ses opportunités devrait être mené afin d’harmoniser les initiatives étatiques, territoriales et fédérales. Les éléments de l’Agenda National pour la Science et l’Innovation relatifs au numérique devraient être optimisés et développés dans les cas pertinents.
Une attitude proactive pour participer à la transformation numérique permettra au pays d’avoir une position de force par rapport aux changements à venir. Des démarches de consultation pour prendre en compte toutes les perspectives, ainsi qu’une politique cohérente seront nécessaires. Le rapport recommande également le soutien de l’Agence pour la Transformation Digitale (Digital Transformation Agency) et d’autres initiatives similaires.
5. Réaliser des réformes du secteur de la recherche
Une gestion des droits de propriété intellectuelle plus légère ou standardisée, ainsi que la promotion d’une recherche en libre accès devraient contribuer à une adoption accélérée des technologies et au renforcement des partenariats avec l’industrie. L’élaboration d’un guide pour aider les industries à mieux comprendre les droits de propriété intellectuelle des universités australiennes est également recommandée.
Enfin la recherche inter- et transdisciplinaire est un enjeu important du secteur numérique et devrait être valorisée et soutenue financièrement. Les collaborations avec l’industrie et les retombées économiques et sociales des projets devraient être pris en compte dans leur évaluation.
Le rapport fait ensuite une étude des forces de recherche australiennes dans le domaine du numérique pour mettre en avant 7 domaines dans lesquels le pays a de fortes compétences :
- systèmes et ordinateurs quantiques ;
- traitement et analyse de données et visualisation ;
- senseurs et objets connectés ;
- modélisation, simulation et optimisation ;
- communication sans fil et mobile ;
- robotique et systèmes autonomes embarqués ;
- Intelligence artificielle et apprentissage machine.
Le pays doit cependant faire face à un certain nombre de difficultés dont le manque d’attractivité de la filière TIC, le manque de diversité de sa main d’œuvre, ou des formations uni-disciplinaires difficiles à adapter à la grande variété des secteurs économiques en transition vers le numérique…
Le Data61, centre national de recherche en innovation numérique de l’Australie, s’est en particulier penché sur le développement de l’Intelligence Artificielle (IA) et de ses applications dans de nombreux domaines (santé, sécurité, environnement, énergie, infrastructures, transport, éducation, bien-être, etc.).
Le rapport du Data61 sur le domaine particulier de l’IA inclue des recommandations pour renforcer la main d’œuvre technique du secteur, accompagner les travailleurs sur un marché du travail en transition, assurer une gestion éthique des données nécessaires au développement de l’AI, assurer l’acceptation de ses technologies par la société, et pour renforcer les infrastructures nécessaires au développement du secteur.
Trois domaines de spécialisation australienne ont été identifiés : la santé, l’aide aux personnes âgées et handicapées (prévention et traitement assistés par IA, soutien en cas de handicap) ; les zones urbaines et les infrastructures (conception et design urbains assistés par IA, senseurs, robotisation) ; et les ressources naturelles et l’environnement (robots agricoles et miniers, agriculture de précision, suivi de l’environnement…). Ces domaines spécifiques ne doivent pas limiter, et le cas échéant doivent soutenir le développement d’une recherche fondamentale en IA dans tous les segments de l’écosystème d’innovation du pays.